Articles pour le tag: Réforme

Qu’est-ce que l’humanisme ?

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Michel FoucaultJ’entends par humanisme l’ensemble des discours par lesquels on a dit à l’homme occidental : « Quand bien même tu n’exerces pas le pouvoir, tu peux tout de même être souverain. Bien mieux : plus tu renonceras à exercer le pouvoir et mieux tu seras soumis à celui qui t’est imposé, plus tu seras souverain. » L’humanisme, c’est ce qui a inventé tour à tour ces souverainetés assujetties que sont l’âme (souveraine sur le corps, soumise à Dieu), la conscience (souveraine dans l’ordre du jugement ; soumise à l’ordre de la vérité), l’individu (souverain titulaire de ses droits, soumis aux lois de la nature ou aux règles de la société), la liberté fondamentale (intérieurement souveraine, extérieurement consentante et accordée à son destin). Bref, l’humanisme est tout ce par quoi en Occident on a barré le désir du pouvoir – interdit de vouloir le pouvoir, exclu la possibilité de le prendre. Au cœur de l’humanisme, la théorie du sujet (avec le double sens du mot). C’est pourquoi l’Occident rejette avec tant d’acharnement tout ce qui peut faire sauter ce verrou. Et ce verrou peut être attaqué de deux manières. Soit par un « désassujettissement » de la volonté du pouvoir (c’est-à-dire par la lutte politique prise comme lutte de classe), soit par une entreprise de destruction du sujet comme pseudo-souverain (c’est-à-dire par l’attaque culturelle : suppression des tabous, des limitations et des partages sexuels ; pratique de l’existence communautaire ; désinhibition à l’égard de la drogue ; rupture de tous les interdits et de toutes les fermetures par quoi se reconstitue et se reconduit l’individualité normative). Je pense là à toutes les expériences que notre civilisation a rejetées ou n’a admises que dans l’élément de la littérature.

Michel Foucault, « Par-delà le bien et le mal », novembre 1971 in Dits et écrits, I, p. 1094-1095.

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Jean-François Kahn, Où va-t-on ? Comment on y va…

Choses dites, choses vues, Doxographies, Philosophie, Politique 7 commentaires »

Jean-François Kahn« Quand Jean-François Kahn devient philosophe ». Cette annonce méritait bien la une du Point de cette semaine1. C’est aussi écrit sur la tranche du magazine pour que les lecteurs archivant leurs numéros puissent retrouver facilement cet exemplaire annonçant cette si heureuse nouvelle. Jean-François publie ces jours-ci « un vrai traité de philosophie » (sic) « malicieusement intitulé Où va-t-on ? Comment on y va… » Problématique : « L’Histoire a-t-elle un sens ? Où le « progrès » nous mène-t-il ? »

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Karl Marx, Manifeste du Parti communiste

Doxographies, Economie, Philosophie, Politique 2 commentaires »

Karl MarxMarx a-t-il justifié la violence ? C’est là une question embarrassante. Il semblerait que le jeune Marx prônant la révolution se soit assagi avec le temps et ait cru que l’on pouvait marcher vers le communisme par la réforme. Mais déjà dans le Manifeste du parti communiste, texte de 1848, donc plutôt de jeunesse, cette direction est perceptible sous certaines conditions.

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Quelle place pour le service public ?

Economie, Politique Pas de commentaire »

Alain MadelinINTRODUCTION

La question de la place du service public est aujourd’hui plus que jamais d’actualité. En effet, le gouvernement Raffarin est actuellement en train de plancher sur le problème des retraites, et les différences sociales entre le régime de cotisation des salariés du privé et des salariés du public sont aujourd’hui dévoilées au grand jour. Alors que l’ensemble de la droite française serait pour un alignement du public sur le privé, la gauche souhaiterait l’inverse, c’est-à-dire l’alignement du privé sur le public, en ce qui concerne les acquis sociaux.

Mais ce débat révèle en fait une question de fond beaucoup plus polémique : quelle est la place du service public ? Un des grands désaccords gauche – droite repose sur ce problème. Vaut-il mieux se placer dans une optique plutôt socialiste, qui prône un contrôle de l’état dans les entreprises, ou au contraire plutôt libérale, qui défend quant à elle l’initiative individuelle et un désengagement de l’état ? Une autre question s’ensuit : qu’entend-t-on vraiment par service public : serait-ce se limiter simplement au tâches régaliennes, ou bien doit-on s’étendre à d’autre activités telles que la production d’énergie, la télécommunication ou les transports ?

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