Le colonel Washington (1754 – 1758)
Avant d’être président des États-Unis, Woodrow Wilson fut avant tout un professeur d’histoire spécialisé dans l’étude du droit politique et de la constitution américaine. L’ouvrage qu’il nous signe ici fut publié bien avant le destin qu’il devait avoir. Cet ouvrage n’est pas a proprement parler un livre d’histoire, du moins dans le sens scientifique. En effet, Wilson ne cite presque jamais ses sources, ne donnent pas beaucoup d’informations sur les dates, etc. C’est avant tout une biographie visant à faire pénétrer au lecteur le caractère exceptionnel de ce grand homme d’Etat que fut George Washington. L’ouvrage est préfacé par Charles Cestre, professeur à la Sorbonne, et est annoté par Georges Roth. Wilson structura son essai en 10 chapitres, dont voici ici une synthèse des 5 premiers.
- La Virginie au temps de Washington
- Éducation et jeunesse de Washington (1732 – 1753)
- Le colonel Washington (1754 – 1758)
- À Mont-Vernon (1759 – 1763)
- La mêlée politique (1761 – septembre 1774)
Mais dès le 1er novembre 1753, Dinwiddie avait fait voter à la Chambre des Bourgeois, en même temps qu’une discussion sur l’abolition d’une taxe sur les nouveaux droits, la mobilisation de 200 miliciens pour venir en aide à Washington. Le rapport sur les forces françaises fait par celui-ci lors de son retour début 1754 permit à l’opinion de prendre conscience du danger imminent que leur inaction les faisait courir. C’est pourquoi des volontaires et des crédits affluèrent à Washington.
En février, on décida d’élaguer les fourches de l’Ohio. Mais hélas ! l’entreprise ne fut pas menée avec une diligence suffisante puisque ce n’est seulement qu’à partir du 2 avril qu’elle fut menée, et le 17 avril, plus de 500 Français stoppèrent ces 40 Anglais dans leur élan. Le renfort le plus proche, fort de 150 hommes menés par Washington, n’ayant « pas encore atteint le sommet des Alleghanys (p. 55)», ils durent rebrousser chemin.
Des votes de crédits supplémentaires permirent à Dinwiddie d’envoyer d’autres hommes en éclaireurs pour élaguer, mais il était malheureusement trop tard, puisqu’au printemps, « 500 à 1400 hommes (p. 55) » Français furent stationnés aux fourches de l’Ohio, aujourd’hui où est bâtie la ville de Pittsburg, et élevèrent Fort Duquesne, un avant poste.
Washington prit donc le parti de rebrousser chemin jusqu’aux « Grandes Plaines » (Great Meadows) et d’y attendre le colonel Fry, autre homme talentueux dépêché par Dinwiddie. Le renfort arriva, certes, mais sans le colonel Fry, malheureusement décédé en route. Cependant, l’effectif de l’armée s’élevait maintenant à près de 3000 hommes.
Le 26 mai 1754, Washington, accompagné d’une quarantaine d’hommes, surprit 30 Français menés par Coulon de Villiers de Jumonville dans les bois à l’orée du camp. Par la force des baïonnettes, il les contraint à se rendre en moins d’un quart d’heure, bien que ceux-ci les assurèrent que leur mission était pacifique. Mais en ce cas, pourquoi ceux-ci étaient-ils si nombreux et pourquoi se ruèrent-ils à cette vitesse vers leurs armes lors de la rencontre avec les Anglais ? Il ne faisait désormais nul doute que la guerre avait bien commencé et que « désormais, il n’y aurait en Amérique soit des Français, soit des Anglais, mais non plus les deux à la fois. (p. 57) ».
Le 3 juillet, les Français tentèrent d’attaquer Fort Necessity qui abritait Washington, mais ceux-ci n’essayèrent qu’une fois après l’accueil qui leur fut donné. Villiers se replia dans les bois et c’est alors un combat de neuf heures qui dura, jusqu’à ce que vers vingt heures, les Français proposèrent un armistice.
Cependant, les Français pouvaient recevoir à tout moment du renfort. C’est pourquoi Washington, acceptant l’armistice, jugea plus sage de se replier. Ce fut une dure défaite pour Washington, mais celui-ci l’encaissa comme doit l’encaisser une homme de sa classe. De retour à Williamsburg, Dinwiddie voulait derechef renvoyer Washington à l’assaut de Fort Duquesne, mais cela se montrait hélas ! impossible.
En octobre, le gouverneur obtenut de nouveaux crédits et voulut dépêcher des hommes en imposant toutefois que nul officier ne devait dépasser le grade de Capitaine, disposition visant à aplanir « toute discussion de caractère hiérarchique (p. 59) ». Mais Washington ne l’entendait pas de cette oreille, ne voulant d’une part pas être réduit au standing de simple Capitaine, ni être commandé par le moindre « blanc-bec » lui montrant son brevet royal. Il se retira donc dans la « ferme flottante » de sa mère, située sur le Rappahanoc, à Mont-Vernon.
Au printemps 1755, 18 navires de guerre français amenèrent au Canada six bataillons ainsi qu’un nouveau gouverneur. Il en fut de même en ce qui concernait l’Angleterre. Washington ayant démissionné de l’ordre de Dinwiddie suite à l’affront que celui-ci lui avait asséné, il accepta de rentrer sous les ordres du tout nouveau général Braddock, venu expressément d’Angleterre.
Au milieu d’avril 1755, cinq gouverneurs coloniaux, à savoir William Shirley du Massachusetts, James de Lancey du New York, Horatio Sharpe du Maryland, Robert Hunter Morris de Pennsylvanie et Robert Dinwiddie de la Virginie décidèrent de lancer une attaque sur Niagara, sur Crown-Point, en Acadie, et sur Fort-Duquesne (p. 62-63). C’est le général Braddock qui était chargé de cette dernière attaque.
Il fut décidé de partir avec son armée de Virginie et de passer par le chemin que Washington avait déjà frayé jusqu’aux Grandes Plaines, opération comportant un gros risque que Franklin ne manqua pas de signaler (p. 63). Toutefois, le 19 mai fut atteint Fort-Cumberland où se trouvaient maintenant 2200 hommes.
Le 10 juin, les hommes partirent de l’avant. Le 9 juillet vers midi, ils arrivèrent à un point situé à quelques 8 miles de Fort-Duquesne : la Monongahela. Ils y furent surpris par un officier français. C’est alors que l’attaque fut lancée sur l’ordre de Braddock, alors que Washington s’y montrait fermement opposé. Ce dernier sommait Braddock de disperser les hommes pour combattre dans les bois, mais « le général ne voulait rien entendre(p. 65) ». Les Français étaient en effet cachés dans les bois, et les Anglais se faisaient tuer aussi bien par eux que par eux-mêmes, ne sachant où aller. Braddock traitait de lâches et menaçait de l’épée les soldats tentés d’aller au corps à corps avec les Français.
« Il y avait là près de 1000 Français et plus de 600 Indiens. (…) Ce fut un carnage pitoyable (p. 65) ». Washington se jeta toutefois à corps perdu dans la bataille. « Il parut être invulnérable et comme protégé par un charme. Deux chevaux furent tués sous lui, quatre balles trouèrent ses vêtements.(p. 65) ». Lui seul possédait encore autorité sur les hommes. Décimée, l’armée dut battre en retraite. Braddock fut blessé. Ils ne repartirent même pas jusqu’à Fort-Cumberland, ils poussèrent jusqu’à Philadelphie.
À Niagara, Shirley dut abandonner l’opération puisque les Français en avaient eu vent par les carnets que Braddock perdit. En Acadie, Beauséjour se montra impuissant face aux Anglais. Au Lac George, Jonhson fut attaqué par les Français le 8 septembre 1755 mais réussit néanmoins à les battre et à faire prisonnier Dieskaw. Satisfait de son exploit, il n’alla donc pas jusqu’à Crown-Point.
Cette opération marqua le début de « trois longues années (p. 67) » où les Français semblaient marcher vers la victoire. En 1756, Oswego fut capturé et en 1757 ce fut le tour du fort William Henry, un avant poste situé sur le lac George.
« Un seul coin reste lumineux dans ce sombre et triste tableau. (p. 68) ». George Washington rencontra au début de 1756 Miss Mary Philipse à New York dont il tomba amoureux. Mais il devait malheureusement continuer à défendre les frontières virginiennes.
1758, William Pitt devint Premier Ministre d’Angleterre. En juillet de cette même année, le général Amherst s’empara de Louisbourg. Wolf prit Québec le 13 septembre 1759. Le général Forbes fut envoyé en Virginie pour renouveler l’attaque contre Fort-Duquesne. L’attaque fut lente, très lente, et lorsqu’ils arrivèrent, avec Washington, durant l’hiver, Fort-Duquesne était désert, les français étant partis. Ils se contentèrent donc de rebaptiser la place Fort-Pitt, qui devint le 25 novembre 1758 la ville de Pittsburg. Washington revint ensuite après cette épisode à Mont-Vernon.
[amtap book:isbn=2228901547]