Où l’on risque les foudres de l’animalus cinephilo-technophilis en exécutant une apologie d’Interstellar
Il nous faut de l’exercice. Or un objet exerce en attendant de réfléchir au nécessaire, et entretient les disputes comme si l’affaire était d’importance. Cet objet, occasion d’une lutte sans merci entres les esprits nus, c’est l’art. Les cons s’y fâchent, les Latins s’y amusent, les Allemands s’y éduquaient. Tout me va. Voilà pourquoi, par pur plaisir de la dispute (davantage que par volonté de vous révéler les beautés cachées du monde et de l’esprit humain)[1], je vous invite à causer un peu d’Intersellar, de Christopher Nolan.
I Deux petites difficultés pour causer cinéma : les contemplatifs et les cinéphiles
Tout d’abord les contemplatifs ; leur spécialité consiste à oublier l’auteur. Ils s’émerveilleraient d’une montre en se demandant si sa présence parmi nous est l’effet du hasard ou celui des causes finales, divines ou naturelles. Ensuite ils nous livreraient leurs analyses expertes. Imaginer un horloger au moins aussi malin qu’eux-mêmes leur déplairait. C’est l’inverse de la Nouvelle Vague louant un Lubitsch à peine conscient, paraît-il, d’être un artiste. Les jeunes cinéastes cherchaient de grands aînés, les contemplatifs évoquent la complexité des chaînes de production, le producteur, le réalisateur ou le scénariste. Peut-être invoquent-ils parfois la-mort-de-l’auteur. [2]
A rebours de la contemplation, le curieux cherche à retrouver le propos du réalisateur, s’imaginant que le sens d’un film puisse ne pas être tout à faire invisible à son producteur-réalisateur-scénariste. Pourquoi parler alors ? D’une part pour expliquer, car tout le monde ne voit pas tout – parfois l’auteur non plus, par un manque de recul propre à ceux qui préfèrent les idées esthétiques aux discours scolaires. D’autre part pour le plaisir, de jouer à retrouver le propos, et la façon dont l’auteur réussit à passer d’une idée (vague et générale) à sa réalisation sensible. Les deux démarches ne s’excluent pas vraiment, mais je préfère la seconde, notamment pour les films plutôt réfléchis de Christopher Nolan.
C’est alors que surgissent les cinéphiles : le cinéma doit être du cinéma ! Ni roman à thèse, ni tableau. Un montage trop lourd est une faute, un personnage qui commente est une erreur (même quand les temps fourmillent de commentateurs). Pourtant Aristote (Poétique) et moi-même apprécions le scénario, et le plaisir pris aux intrigues et à leur mise en scène. Plus on nous explique, plus nous comprenons, plus nous sommes contents (et plus nous expliquons). C’est pourquoi nous n’avons aucun problème avec le cinéma que certains nomment pompeusement le « théâtre filmé ».
Il est évitent que la beauté plaît, que les images comptent, pour elle-même, comme pour le sens qu’elle apporte à l’intrigue (qui peut ne pas aimer Barry Lyndon ?), mais pourquoi en faire un impératif ? L’esthétique n’est pas la morale. Bref, on dirait du snobisme, voire du fascisme. Voilà, la cinéphilie, c’est le nazisme.
Toutefois le cinéphile s’avère souvent un historien amateur et observateur un peu fin ; si bien que le terreau de ses excès pourrait être celui de quelques qualités, et la paille dans son œil m’indiquer les poutres dans le mien. La cinéphilie est peut- être une tournure d’esprit, et je regrette même de l’avoir traitée de fasciste. N’empêche, j’attends le jour où l’un deux m’assènera, le plus sérieusement du monde, que M’enfin, le cinéma ce n’est pas de la bédé en mouvement, qu’il n’y a rien de plus sot qu’un montage sans musique. Ce sera rigolo.
II Appréciation d’Interstellar en quatre temps (réservée à qui a vu le film)
Christopher Nolan pourrait être un nouveau Rabelais. Pour l’un comme pour l’autre, la science seule ne suffit pas ; il faut la guider, et lui adjoindre d’autres principes. Car la science ne sait ni aimer l’homme, ni s’aimer elle-même. [3] Les Humanistes mettaient en avant l’éducation et la religion ; Nolan met en scène la gravité et l’amour. Remplacez l’incommensurable Pantagruel et son compagnon Panurge par l’espace et les robots, transformez Gargantua en un trou noir, et la parenté est faite ![4]
« Mais par ce que selon le sage Salomon, Sapience nentre point en ame malivole, et science sans conscience nest que ruyne de lame. Il te convient servir, aymer, et craindre dieu et en luy mettre toutes tes pensees, et tout ton espoir : et par foy formee de charitee estre a luy adioinct, en sorte que iamais nen soys desempare par peche, ayes suspectz les abuz du monde et ne metz point ton cueur a vanite : car ceste vie est transitoire : mais la parolle de Dieu demeure eternelle. Soys serviable a tous tes prochains, et les ayme comme toymesmes. » [5 ]
François Rabelais, projet de scénario
1. La science sans âme et sans amour
Cette science sans amour est le méchant de l’histoire. Elle compte deux avatars, les personnages campés par Michael Caine et Matt Damon (j’utilise dorénavant uniquement les noms des acteurs, et en appelle à André Bazin), deux scientifiques persuadés que la science est la clef de toute choses, et qu’elle se limite à la physique et la biologie. Ils développent alors une morale idoine, pseudo-morale centrée sur l’égoïsme mal compris, et quelques connaissances scientifiques. Il s’agit d’un excès contemporain auquel se livrent des esprits brillants, bâtisseurs de fabuleux palais de cohérence, abusant de concepts comme celui de gène égoïste. Ils sont partout, et ici même Oscar Gnouros s’est déjà laissé tenter (à propos des gros seins). Tel est le danger, tel sont les imposteurs.
Il n’est plus possible de dénoncer l’arrogance de ces tristes personnages en la faisant contraster avec leur état débile ou leurs habits trop négligés, comme Erasme s’y amuse dans l’Eloge de la folie. Au contraire, ces contemporains maîtrisent apparence et séduction ; leur orgueil a changé, et Nolan de nous les montrer : intelligents mais égoïstes, étroits mais grandiloquents.
Ainsi Matt Damon justifie-t-il ses actions par une darwinisme devenu un outil de pseudo-morale, prétexte à légitimer ses divagations. Le voici en train d’expliquer l’égoïsme et l’altruisme : une affaire d’individu et d’espèce. L’égoïste est égocentrique, l’altruiste est spéciste. Voilà. En passant, l’individu et l’espèce sont réduits au patrimoine génétique ; et la génétique de porter secours à la légitimation de tout comportement. Ainsi, tout homme, une fois coupé de l’humanité (isolé dans la solitude), est égoïste et prêt à sacrifier tout le monde ; puis, une fois réintégré au sein de l’espèce, se révèle à nouveau capable d’altruisme. Peut-être est-ce ainsi que les hommes font ; mais est-ce ainsi qu’ils doivent faire ? Justifiant ses lâchetés par une nature inexorable, Matt Damon représente une nouvelle figure du salaud.
C’est une belle idiosyncrasie que nous offre ici Nolan. Ce salaud ultime, occupés à tuer le héros, joue même le consolateur : « Vos derniers instants vont être supers, votre cerveau va réactiver l’image de vos enfants, etc. » La façon n’est guère plaisante, car son énonciation, loin d’être consolante, ôte tout plaisir que pourrait apporter les phénomènes qu’il décrit. Ce salaud ignore la morale, ce salaud ignore la sympathie, ce salaud ignore surtout l’amour.
Nombre de nos contemporains, enfermés dans leur désenchantement dogmatique mais pourtant persuadés d’éclairer la science ou l’humanité, risquent de se retrouver dans ce personnage et son discours limité. [6] Comme l’écrit Herder [7], leur lumière est bien pâle, et leur univers bien vide. L’interstellaire n’est que vide entre les étoiles, et Matt Damon disparaît dans un silence assourdissant.
2. Cette force qui soutient l’univers : l’Amour (avec un grand A!)
L’amour doit guider la science ; thèse classique, et pas toujours idiote. Dans Interstellar, l’amour prend sens au sein de la science elle-même, comme une force cosmique. Il est aussi fondamental que la gravité, et peut-être ne forment-ils qu’une seule et même force. Alors il serait insuffisant d’affirmer que les parties de l’univers gravitent les unes autour des autres, ou que l’univers gravite en lui-même ; car les parties s’attirent et se désirent, et l’univers s’aime. L’amour est cette force inter-stellaire qui unit les hommes et les étoiles ; apparemment l’âme et l’objet de la science.
Certes, ça paraît con. D’ailleurs le spectateur commence par y être aveugle, et certains le sont encore à la sortie du cinéma, persuadés qu’ils sont de retrouver de vieilles recettes hollywoodiennes. La collègue astronaute du héros n’est à leurs yeux qu’une conne, pas même une cassandre, lorsque, dans la navette spatiale, il s’agit de choisir, entre deux planètes, laquelle est la plus à même d’accueillir une colonie. En effet, la gourdasse prétend sortir par l’amour de l’état d’indifférence dans lequel un manque d’information plonge l’équipage : elle sait, elle sent, que la planète de son amoureux est saine. Par le pouvoir de l’amour ! … Le héros (Matthew McConaughey) la regarde de travers, motivé qu’il est par le désir de sauver sa fille et l’humanité par des biais plus logiques. Il convainc alors chacun que l’amour est un parasite du jugement, et le spectateur rétif se dit qu’il a bien raison, voire que la scène ne sert à rien. Pourtant tous ont tort, jusqu’à l’héroïne maintenant résignée. Tous sont encore trop des « Matt Damon », encore au début du voyage. Car Interstellar est un voyage initiatique, vers l’Amour !
Petite divagation
Si je connaissais la littérature, j’essaierais de mieux dresser le parallèle entre l’amour de Nolan et la charité (agapè – amour) et Dieu chez Rabelais et les Humanistes ; puis j’opérerais un rapprochement via la morale ouverte des mystiques chez Bergson. Prudemment, j’opposerais ensuite les cosmologies et métaphysiques de l’immanence et de la transcendance. Pour la transcendance, j’irai voir du côté de Métaphysique Lambda, où Aristote suppose que les parties de l’univers se meuvent par amour-désir de Dieu (le principe parfait) ; je tirerais alors du côté du déisme, car Dieu est amour. Pour l’immanence, j’irais voir ce que Anaxagore dit de l’Amour comme force fondamentale de l’univers (même s’il s’agit du couple Amour-Haine) ; et je tenterais un rapprochement entre les parties de l’univers qui s’aiment et cette phrase célèbre :
« la matière dit à l’espace comment se courber, et l’‘espace dit à la matière comment se mouvoir«
John Archibald Wheeler, à propos de la théorie de la Relativité Générale
(dans le hors-série Science et Avenir sur Einstein, 01-02/1015).
Alors je pourrais imaginer que « Dieu ou la nature » est amour, et me tournerais vers Spinoza – auteur en outre assez utile pour les paradoxes temporels. Enfin, pour plaire, pour penser, et pour déconner, je risquerais une synthèse plotino-platonicienne. Alors, enfin ! j’aurais fait œuvre de pédagogie. Mais c’est beaucoup de travail, voire inutile et incertain (car l’argument de Nolan ne semble pas si métaphysique). Mais revenons à ce grand film et à l’amour, deux qualités qui risquent d’échapper aux cinéphiles scien-tégristes.
3. Les trois actes : montage en parallèle et pseudo-paradoxe temporel
Le montage parallèle d’actions interdépendantes nous éloigne de Rabelais, et selon les plus sceptiques, nous rapproche de Hollywood. C’est surtout un des joujoux de Nolan, bien différent du gigantisme de Rabelais et de Pantagruel tirant la langue en guise de parapluie géant pour son armée en marche. Nolan le monteur devient ici nolanesque, et plus joueur que dans Inception, puisqu’il propose trois actes d’amour, dont chacun suppose et rend possible la réussite des deux autres. C’est pas un imbécile le bonhomme (ni ses co-scénaristes).
Nous pourrions tout d’abord nous torturer avec cette histoire d’humains du futur qui se créent eux-mêmes dans le passé. J’aime bien ça, et d’autres ont dû le faire. Mais peut-être la physique et la logique ne sont-elles encore que des modèles pour comprendre l’univers [8], et l’essentiel de la mise en intrigue ailleurs. C’est pourquoi, une fois les paradoxes temporels analysés sous le biais des effets rétroactifs, il faut leur appliquer un autre principe herméneutique, qu’on nommera le principe du Docteur. Ce principe anime bien des épisodes de la série Doctor Who (notamment Les Anges pleureurs) et m’a servi ici-même pour construire une analyse du film Looper. Selon le principe du docteur : l’essentiel n’est jamais dans la cohérence temporelle, mais dans sa solution affichée. Ici, l’amour, qui doit guider nos jugements et nos recherches.
3.1 Le père aime sa fille
C’est le centre de l’histoire, car McConaughey apprend petit à petit à aimer sa fille. Le héros accomplit son roman d’apprentissage, pour aimer sa fille plus que ses rêves personnels, plus que comme sa simple descendance. Il finit par l’aimer comme un individu, une personne qu’il aime pour ses aspirations, pour ses actions, mais aussi pour son amour. Ceci est bien visible lorsqu’il la découvre vieille et mourante : il accepte de ne pas l’avoir vue grandir, et se désintéresse de la famille présente à l’hôpital, bien loin de tout soucis à propos de sa descendance ou de son patrimoine génétique. L’amour est altruiste, tourné vers l’autre en tant qu’autre. D’ailleurs le héros, à l’invitation de sa fille, se troune vers quelqu’un d’autre à aimer, et sans trahir personne. Cependant il n’est pas facilé d’opérer une telle prouesse, pour cela il a dû procéder par étape, et notamment se débarrasser de son mauvais côté Matt Damon.
3.2 La fille aime son père
Ma fille n’arrive pas à sauver l’humanité lorsqu’elle ne se contente de l’aimer à travers des projets un peu abstraits, mais lorsqu’elle se met à aimer son père (et son neveu). Elle s’oppose alors à son frère, un genre de Scarlett O’Hara du futur, attaché aux autres à travers sa terre, et incapable d’aller au-delà de cette façon de faire. C’est aussi le Heidegger de l’histoire (dans son comportement essayant d’échapper au monde de la technique par un attachement à la terre), personnage un peu plat, voire entêté, puisque son mode de vie est obsolète dès le début du film. Le film révèle que la terre ne rivalise pas avec l’amour, quoi qu’affirment les philosophies romantiques trop pressés d’aimer les nations pour véritablement aimer les hommes. [9] En réalité, on n’aime qu’à travers les gens.
3.3 L’humanité (du futur) aime l’humanité (du présent).
L’humanité s’aime elle-même, et agit par les actes d’amour du héros et de sa fille. Cette humanité inter-stellaire, sans doute davantage sensible et savante à l’amour que nous le sommes, passe par l’amour inter-personnel. Peut-être une affaire d’amour forcément inter-individuel, quitte à élargir ensuite (c’est paraît-il le contenu de l’échange des vœux lorsqu’on se marie). Si l’amour c’est prendre des risques, l’humanité risque son destin en aimant elle-même les actions du père et de la fille. Peut-être est-ce plus prosaïquement une affaire de physique : l’amour faiblissant avec la distance, comme la gravité, il faudrait à ces êtres si distants dans l’espace-temps un relais pour fignoler leur petite affaire. McConaughey est bien ainsi le héros, lui qui comprend ce rôle de l’amour-gravité.
Certes, cet amour individuel sonne un peu américain. Pourtant l’importance de l’individu (ou personne) pourrait bien définir l’amour, et l’opposer au désir, ; l’amour aimerait l’individu, et le désir ne s’intéresserait aux gens que pour des « qualités empruntées » . Selon Pascal, Dieu seul est capable d’aimer sans passer par ces qualités, car l’homme est trop occupé à comparer. Mais l’amour, s’il a jamais existé, fut là avant que l’homme pense rationnellement Dieu ; peut-être est-il encore possible et accessible aux hommes. En tout cas il est facile de faire comme si l’amour n’existait pas, de jouer le biologico-Schopenhauer ou le sociologico-Bourdieu ; et difficile de faire comme si ça existait, au risque de passer pour un candide, voire un idiot utile aux systèmes de domination en place. Pourtant il faut tenter ; Nolan propose le pari de l’amour comme d’autres celui de Dieu ou de la morale.
4. Le sens de la vie : science, amour, humour, devoir et politique
Certains ont ainsi pu juger ce film consensuel et naïf, limite niaiseux. Mais remarquez qu’il n’est pas sans humour. L’humour, état d’esprit s’essayent à donner sens à un réel qu’il ne maîtrise pas, complète l’amour qui espère en ce réel. Mais il complète surtout le devoir, qui par l’action s’efforce d’élever ce réel non maîtrisé à la hauteur de ses exigences. La créature sensible au devoir est presque condamnée à l’humour ; dans le film l’humour est pris en charge par les robots.
De même, le film est politique. Tout d’abord le contenu ressemble à de la propagande, à une profession de foi dans l’union de la science et de l’amour. Mais aussi par sa mise en scène. Car les héros sont forcés à agir, et décident alors, faute de vérité révélée, par conviction (opinion réfléchie). Nolan nous rend ici sensible à ses réflexions. Sans amour, la survie est sans valeur, et le film fait mourir les avatars du progrès, de la science ou de la terre. Cependant l’amour seul ne suffit pas, il doit guider la science, qui doit le découvrir comme elle découvre la vérité. Reste maintenant pour l’humanité à s’investir. [10]
En guise de conclusion, rappelons que la logique et la science sont compatibles avec bien des mondes, du scientisme à l’amour-gravité. L’interprétation proposée ci-dessus pourrait être fausse de long en large, et Matt Damon avoir raison sur tout ; et toute recherche de sens n’être en définitive qu’illusion. Le scientisme nous libérerait de bien des fétiches, nous encourageant au progrès ou à l’altruisme. Tout ceci me rappelle des propos que Oscar Gnouros me tenait en privé : Parce que l’humanité devra trouver des moyens d’échapper aux probables futures catastrophes stellaires, chacun se doit d’être technophile; notamment selon une démarche scientiste et sociologisante, capable de comprendre les enjeux de pouvoir et d’avancer loin des divagations pseudo-métaphysiques. Mais, mon Oscar, voudrais-tu t’échapper avec Matt Damon, ou avec Matthew McConaughey ?
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[1] Pour les fans de Morbleu, je ne parlerai pas de Bourdieu et de l’aspect social d goût. De toute façon j’attends tes critiques, Oscar Gnourosix, mon chef !
[2] Il y a peu est paru un sous-genre : le philosophe contemplateur de séries. Une universitaire française m’a ainsi donné par deux fois, à la radio, la furieuse envie de ne jamais lire son livre sur The Wire, peut-être très intelligent.
La première émission lui fournit l’occasion de proposer des commentaires inutiles à qui ne connaissait pas, et sans agrément pour qui connaissait (« Alors, dans la saison 3 on découvre les problèmes de l’école, que c’est pas facile, etc. »). Le show runner devait être un grand, mais le discours de son admiratrice tournait davantage autour d’elle-même et de ses impressions que de la série, et sonnait ainsi bien creux.
La seconde émission était une table ronde, autour de laquelle siégeaient quelques crétins spécialistes, contents d’eux et persuadés de rendre enfin justice à ces diamants que sont les séries (tels Baudelaire découvrant la beauté dans les charognes que la bonne société ignore), là où ils légitimaient surtout leur mode de vie : ils regardent des séries de 40 minutes, lisent des articles de 40 minutes, et pondent des articles sur les séries de 40 minutes : leurs livres ne comportent pas des chapitres, mais des épisodes, d’ailleurs ce ne sont pas des livres, mais des saisons : enfin des chercheurs conséquents. Les enfants savent se concentrer 20 minutes, et l’intellectuel nous concentrer pendant 40. Ouf ! Bientôt la fin du gap.
Si un de leur fan passe dans le coin, forcément intégriste s’imaginant tête de file, peut-être rétroquera-t-il le blog ou le youtuber de 5 minutes, ou la saison en enfer ; mais qu’y puis-je ?
[3] On dirait Villepin dans Quai d’Orsay, quand il dit aimer les Américians plus qu’ils s’aiment eux-mêmes, car ils ne savent pas s’aimer. Au fait, vous avez lu la bédé Quai d’Orsay ? Sinon y a un film.
[4] La sagacité d’Oscar Gnouros me révèle que « Gargantua » est cité dans le film ; ce serait plutôt un « trou de verre ». Les détails m’échappent, mais je me réjouis du rapprochement nolano-rabelaisien (qui sert à me consoler que M. Gnouros, m’ait commandé ce texte, tout en n’appréciant ni le film ni sa critique ; le fourbe !)
[5] « Mais par ce que selon les dire du Sage Salomon, Sapience n’entre point en âme malveillante, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme, il te conviens servir, aimer et craindre Dieu, et en lui remettre toutes tes pensées et tout ton espoir ; et par une foi charitable, lui être fidèle, en sorte que jamais tu ne t’en écartes par péché ; car cette vie est transitoire, mais la parole de Dieu demeure éternelle. Sois serviable à tous tes prochains, et aime-les comme toi-même »
[6] Peut-être un lecteur de passage me reprochera-t-il de ne rien comprendre de l’apport de la science à la morale, ou de ne pas voir combien les vieilles lunes n’existent plus. Alors, assez pompeusement, je répondrai : « Peut-être. Mais, toi, qu’y comprends-tu ? ». Et je me rappellerai ces quelques lignes de Nietzsche, dans le Prologue de Ainsi parlait Zarathoustra :
« Voici ! Je vous montre le dernier homme. »
«Amour ? Création ? Désir ? Étoile ? Qu’est cela ? » — Ainsi demande le dernier homme et il cligne de l’œil.
La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier homme, qui rapetisse tout. Sa race est indestructible comme celle du puceron ; le dernier homme vit le plus longtemps.
[…]
« Autrefois tout le monde était fou, » — disent ceux qui sont les plus fins, et ils clignent de l’œil.
On est prudent et l’on sait tout ce qui est arrivé : c’est ainsi que l’on peut railler sans fin. On se dispute encore, mais on se réconcilie bientôt — car on ne veut pas se gâter l’estomac.
On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais on respecte la santé.
« Nous avons inventé le bonheur, » — disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil. —
Ici finit le premier discours de Zarathoustra, celui que l’on appelle aussi « le prologue« : car en cet endroit il fut interrompu par les cris et la joie de la foule. « Donne-nous ce dernier homme, ô Zarathoustra, — s’écriaient-ils — rends-nous semblables à ces derniers hommes ! Nous te tiendrons quitte du Surhumain ! » Et tout le peuple jubilait et claquait de la langue. Zarathoustra cependant devint triste et dit à son cœur :
« Ils ne me comprennent pas : je ne suis pas la bouche qu’il faut à ces oreilles […]. »Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, trad. Henri Albert
[7] Attention, finesse. Je cite un auteur romantique, avant de rappeler une défiance. C’est bien entendu pour créer le suspens.
[8] J’ai du mal à croire que je suis l’auteur de cette phrase mi-Pascal, mi-Duhem (donc 100 % Pascal ! blague de philo-geek). Veillez m’en excuser. D’ailleurs ici c’est surtout rhétorique.
[9] Ici je ne mets pas de note préventive, les heiddegero-fascistes ne sont pas si présents sur internet
[10] Ici, sans aucun gain financier, mais pour faire plaisir à un copain, un peu de pub.
4 mars 2015 à 18:46 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Il me semble que dans le film, il y a un trou noir appelé Gargantua.
4 mars 2015 à 19:42 El pibe de oro[Citer] [Répondre]
Le problème, c’est que Nolan ne sait absolument pas mettre en scène des émotions (humaines): pleurnichage et reniflage, un peu court.
En résulte un grand nombre de scènes d’une lourdeur plusbellelaviesque
5 mars 2015 à 9:18 Luccio[Citer] [Répondre]
Et le robot, il pleurniche le robot ?
5 mars 2015 à 10:20 Le Gros Raoul[Citer] [Répondre]
Lecteur assidu mais silencieux de Morbleu depuis quelques mois, je préférais me taire devant tant d’intelligence. Mais là, je n’en puis plus ! Ce texte est une d’une longueur assommante ! Il est aussi imbuvable que son auteur semble imbu de lui-même ! Pénible à lire et incompréhensible pour l’essentiel. Le peu lisible est d’une banalité ridicule. S’il vous plaît, ne nous obligez pas à gâcher de la bande passante avec ça ! Savez-vous que ce sont des kilowattheures consommés pour que ces lignes arrivent sur nos écrans et du réchauffement climatique inutile en plus ? Estimons-nous heureux : hier, ce sont des arbres qui auraient été assassinés pour que ces lignes encombrent l’humanité.
Rhaaa ! Il fallait que ça sorte !
Rendez-nous Gnouros, ce soixantehuitard attardé ! Au moins, ses inepties à lui sont bien ecrites !
Signé : Le Gros Raoul, avec une sincère mais intransigeante amitié.
5 mars 2015 à 20:18 Luccio[Citer] [Répondre]
Bonjour.
apparemment ce texte vous déplaît, et j’en suis désolé. J’ai pourtant travaillé ; l’ai élagué-étoffé (etc.) pour le rendre agréable et concis. Et si je crois avoir suffisamment étoffé (elle est pas sympa la citation de Wheeler ?), je continue à élaguer en relisant.
Certes il y a des banalités, mais certains sont passés à côté (rappel au §2) ; et les titres, sous-titres et mots en gras permettent une navigation rapide.
En revanche, rien n’excuse que les lecteurs les plus assidus trouvent des phrases incompréhensibles, quand je suis convaincu qu’elles ont toute un sens (moins pour celles de la « petite divagation« ). J’en suis bien désolé, et il va falloir progresser.
Je m’excuse en particulier auprès de ceux qui ont tenté de lire ce billet sans avoir vu le film ; car je n’ai absolument pas cherché à l’expliquer (jugeant qu’il vaut mieux le voir ou que les résumés sont déjà nombreux).
Gardons espoir !
Surtout quand ces quelques tâches nuisent tout au plus nuisent à la réputation du blog, mais jamais, ô grand Jamait !, à la production de notre brave Oscar ; au contraire il lui faut créer des cache-sexe, toujours de qualité.
Enfin, parfois fielleux, je m’appesantirais bien sur l’anecdotique point des arbres virtuellement assassinés. Mais ce soir je suis d’humeur badine. Première déclaration : sans doute L’Opinion tue-t-il moins d’arbres que Ikea, les livres moins que les prospectus, ou la presse que l’industrie agro-alimentaire. L’industrie du discours, c’est plutôt éco-friendly. Seconde déclaration : mes Morbleu sont davantage des discours que des sommets de littérature. Ainsi je les publie quand je le juge utile, même quand je ne suis pas content de tout ; et je ne publie pas tout. Ainsi (bis), autrefois, ces discours auraient davantage été tenus qu’imprimés, et des arbres sauvés.
(Enfin je mens, peut-être aurais-je fait imprimer une version très raccourcie de ma promotion d’une propagande farfelue contre la cigarette (16 lignes à la fin d’un truc immense), car je crois au pouvoir des hypothèses farfelues, capables, chez l’auditeur, de frayer un chemin aux propos plus sérieux).
5 mars 2015 à 20:43 Noblejoué[Citer] [Répondre]
Les arbres…
Aucun propriétaire terrien ne livre volontiers ses abres à l’industrie papetière : cela rapporte à peine.
Le reste…
Merci pour ce blog.
6 mars 2015 à 12:20 Le Gros Raoul[Citer] [Répondre]
Non mais franchement, Mr Louccio, reconnaissez le, vous parlez au début d’un petit divertissement, mais il n’est ni petit, ni divertissant : comme le film dont vous parlez, que vous rendez encore plus déprimant. En plus, des le début on comprend que ça va être dur, car pour déjà passer trois plombes a se justifier qu’on va traiter un sujet, c’est mauvais signe.
Mais allez, va ! Je vous pardonne pour cette fois. Revenez vite avec un vrai texte.
6 mars 2015 à 16:13 Luccio[Citer] [Répondre]
Si tout le monde finit content, mes aspirations bonhommes et moi sommes contents. Merci à tous deux pour les encouragements.
6 mars 2015 à 20:39 El pibe de oro[Citer] [Répondre]
Il se murmure que certains ont pris Le Gros Raoul pour un masque de El pibe de oro.
Rarement telle offense me fut faite.
Certes, Larvatus prodeo.
Mais la Mano de Dios n’aurait pu se rendre coupable d’un tel texte, avec son ton faussement badin et sa morale compassée.
6 mars 2015 à 20:50 Le Gros Raoul[Citer] [Répondre]
Comment donc, non ! Point ne suis-je autre que moi-même, Le Gros Raoul, qui jamais penserait prendre pour masque celui d’un footballeur tricheur (pléonasme). Mais visiblement, on est habitué ici à faire passer des vessies pour des lanternes.
6 mars 2015 à 21:04 El pibe de oro[Citer] [Répondre]
Difficile en effet de vous voir prendre le masque du panache et de l’élégance primesautière: dépasseraient toujours vos gros sabots intransigeants.
6 mars 2015 à 23:45 Gnouros[Citer] [Répondre]
Mes amis, il y aurait un troll parmi nous, que je ne serais pas étonné.
7 mars 2015 à 13:06 Luccio[Citer] [Répondre]
Je prends la responsabilité. Un bon bouc émissaire vaut bien des choses.
Et Pibe de Oro c’est Maradonna ?
11 mars 2015 à 23:51 El pibe de oro[Citer] [Répondre]
http://jbthoret.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/11/29/inception-nul-et-ingenieux.html
La branlette Nolanienne, psychanalytico-onirique ou interstellaire, toujours de la bouillie au service de l’ego du spectateur
13 mars 2015 à 23:21 Luccio[Citer] [Répondre]
Bien joué la remarque. Déjà parce que tu recentres le débat. Merci. Mais aussi car, plutôt que d’attaquer Nolan par l’aval (où il veut nous emmener), tu l’attaques par l’amont (par où nous prend-il). Nolan en resterait à quelques sentiments mièvres,incapable de nous distraire avec un peu de grandeur, et encore moins de proposer un modèle pour les hommes de demain. Version naze : Nolan ne connaît que des Américains, malheureux, riches et veufs. Avec des effets spéciaux !
Bref, s’opère une reductio ad hollywoodum (ou RidleyScottum). Et les Rousseauistes de regretter qu’on ne nous fasse pas rêver (je me radote). Et Intestellar de n’être qu’un projet de société reposant sur une vision étroite de l’homme, autour de personnages peu intéressantes, etc.
Cette objection me plaît et m’arrange (c’est moi qui l’écris). En effet Nolan part de lourdeurs, mais elle sont réelles, et il joue avec leurs limites. Car l’anthropologie contemporaine est par certains aspects triste et lourde. Individualisme et solitude y semblent roi ; y’en a plein dans Houellebecq.
L’homme seul, chez Nolan, est veuf. Recette ou misère du mauvais dramaturge ? Et bien, au risque de passer pour un con, je mise sur l’élégance et le démocratisme. Car il faut rappeler à nos cerveaux prélavés que l’individu est seul, et le rappeler d’une façon instinctive, non explicite, esthétique. Le veuf est est cet égard bien commode. Ni célibataire associé à la win ou à la loose, ni marginal intrinsèquement incapable de faire société. C’est un personnage directement seul, en manque des autres.
Notons que l’homme seul peut aussi être multimilliardaire, orphelin, quasi-veuf, doué pour le combat, ingénieur amateurs et polyglotte. Mais oublions Batman pour aujourd’hui.
Memento mettrait en scène la solitude de l’égocentrique ; tout comme Le Prestige, qui distingue le blessé solitaire du trop secret. Inception, selon l’interprétation étrange qu’on nous a présenté il y a quelques mois, révélerait que l’on a besoin des autres pour faire face à sa solitude et aux gros chagrins (dans une version certes un peu tape-à-l’œil). Et Instellar indiquerait le bout du chemin : il y a l’amour, et une femme à retrouver. Gageons que le prochain film montrera la rencontre.
(à noter : y’a un peu ça dans le dernier Batman, mais on en reste à la rencontre d’intérêts communs, car ne se découvrent que les linéaments de la confiance).
Si Nolan filmait la rencontre, apparaîtraient aussi ces sentiments que notre Pibe del Oro espère tant. Et il reconnaîtrait à Nolan d’avoir éduqué ses spectateurs à ne pas se contenter de l’individu ; peut-être sera-ce même une comédie, le temps que le cinéaste apprenne à représenter la romance. Alors, devant toutes ces fleurs, notre bon Pibe pardonnerait le goût si amer de ce qui fut les racines, tout comme d’autres savent pardonner à l’auteur du Contrat Social ses longues pages de « franchise » et de Confessions. [Réponse indignée et légitime exigée.]
Bon, ça c’était la réponse écrite avant la lecture du lien proposé. Comme je suis fatigué, je le consulterai plus tard.
17 mars 2015 à 21:54 Luccio[Citer] [Répondre]
Bon, le lien proposé est pourri. Nolan ne flatte pas l’égo, mais propose des histoires ; et s’assure, magnanime, que tout le monde suive. C’est quelqu’un de bien.
18 mars 2015 à 0:22 El pibe de oro[Citer] [Répondre]
Voilà,
on est tous d’accord pour dire qu’il ne fait pas de cinéma;
et que ça ne mérite pas de pleines pages favorables ou non
Mais j’avais l’impression qu’avec ton post sur Interstellar, tu essayais de passer le test du « Êtes-vous intelligent? » que Nolan fait passer au spectateur et qui est bien décrit ici
18 mars 2015 à 7:49 Luccio[Citer] [Répondre]
Ordure, dur, dur ! (oui, je suis un poète).
A propos de « il ne fait pas de cinéma », je me répéterais bien, mais c’est déjà signalé ci-dessus en I. Encore que toi, si je suis, tu lui reprocherais surtout de pas savoir faire de théâtre (sentiments, etc.).
Sur le test de l’intelligent, ce n’était en effet pas mon propos… si ce n’est au niveau symbolique (II 3., notamment le « principe du Docteur »).
D’ailleurs tout ça se retrouve dans les Batman, dont l’action est très déroulée et les enjeux non liés à sa compréhension. Certes il y a des effets de surprise, mais guère plus. Un peu pareil pour le Prestige.
PS : bonne chournée
18 mars 2015 à 17:57 Noblejoué[Citer] [Répondre]
Avec la nouvelle saison du Dr Who, pourquoi Luccio ou Gnouros ne nous écriraient-ils pas un papier sur le docteur et le principe du Docteur ?
Ce papier m’a mis en appétit.
Ah, tant qu’a être dans la demande… On m’a dit que déclarer ses diverses appartenances, philosophiques, catégories socio-professionnelle et autre, dans un pays dédramatiserait ses questions.
Cela ne m’a pas paru très étayé, peut-être par mauvaise volonté de ma part, qui sait ?
Mais j’aimerais bien que ce point fasse aussi l’objet d’un papier.
Pourquoi est-ce que je me permets de tant demander ? Eh bien, parce que je suis de si bonne humeur pour des choses infimes certes mais qui rendent heureux comme avoir commandé les barbares de Jacques Abeille dans une librairie alors que je croyait le livre épuisé que je me dis que si cela n’advenait pas je supporterais mieux la déception qu’en temps ordinaire.
Sinon, eh bien, je ne pourrais qu’éprouver encore plus de reconnaissance envers la vie.
19 mars 2015 à 10:33 Luccio[Citer] [Répondre]
La dernière saison de Doctor Who n’est même pas encore passée à la tv.
19 mars 2015 à 18:54 Noblejoué[Citer] [Répondre]
Que vous parliez des anciennes saisons maintenant ou plus tard de la nouvelle, tout me va !
J’essaie juste d’anticiper.
Je ne fais que solliciter de votre haute bienvaillance… Tant que j’y suis, voudriez-vous écrire sur les romans de K Dick ou sur Blade runner de Ridley Scott ?
Que ce soit oui ou non, merci pour votre blog.
7 avril 2015 à 4:05 V.D.[Citer] [Répondre]
En lisant cet article, je me rends compte de ce qui m’a vraiment posé le plus problème avec Interstellar (enfin c’est pas tout à fait vrai mais admettons) : cette vision presque chrétienne, en tout cas à coup sûr transcendantale, de l' »Amour ». C’est un amour qui n’a rien de concret, qui ne dit rien de la réalité positive de la relation entre deux subjectivités : il n’existe, entre le père et sa fille, entre la collègue de McConaughey et son amant resté seul sur la planète, ainsi qu’entre elle et son père, que sous la forme du manque. « J’ai quitté ma fille / l’homme de ma vie, la rupture de ce lien transcendant (parenté, relation conjugale) me blesse, mais la force d’attraction provoquée par notre séparation me donne accès à une foi révélée qui se révèle juste ». C’est quasiment une revisite du mythe des Androgynes, simplement déployée dans d’autres modalités que la modalité purement sexuelle, et cette espèce de puissance intrinsèque de l’Amour à croire sans questionner, ça n’a pas grand chose de différent, me semble-t-il, avec la foi chrétienne. Et j’aime pas. C’est peut-être mon côté rationaliste, mais l’amour, une fois sorti de la joie accompagnée de l’idée d’une cause extérieure, ça me parle pas.
7 avril 2015 à 15:56 Luccio[Citer] [Répondre]
Si moi j’aime bien (ce côté transcendant technophile — pour cause d’idéologie réaliste et pas trop dégueue), et en attendant d’avoir le temps de mieux répondre (la semaine prochaine ?), je dois avouer que cette remarque et le reproche au film attenant sont loin d’être idiots. Bien joué V.D.
On pourrait aussi, dans cette veine, reprocher au film d’être davantage un manifeste qu’une véritable mise en scène de sentiments (pour rebondir sur la dernière phrase cartésiano-spinoziste de bon aloi).
Merci d’avoir fait avancer ma petite analyse. Joie issue d’une cause extérieure en moi.
16 juin 2020 à
[…] comprenez mieux ce qu’est le diable, et ce qu’est l’amour. Si l’amour est la force fondamentale de l’univers, ces Visiteurs en sont une […]
30 octobre 2020 à 18:36 Luccio[Citer] [Répondre]
L’amour comme force fondamentale de l’univers, en plus d’être chrétien, ça pourrait bien être Peirce plutôt qu’Anaxagore ou Empédocle.
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01893278/document