Olivier Besancenot« La LCR se dissout aujourd’hui, le NPA naît demain » titre Libération. La Ligue Communiste Révolutionnaire laisse la place au Nouveau Parti Anticapitaliste.

Le communisme était ambitieux. Il proposait une réforme de la société pour les plus chastes, une révolution pour les plus virulents. Un monde juste, une société égalitaire, sans classes, était son but. Parmi ses moyens, elle utilisait la critique de son adversaire, le capitalisme, dont le Capital de Marx reste peut-être encore aujourd’hui la plus aboutie.

L’anticapitalisme peut précisément être lu comme étant cette critique. L’anticapitalisme est inclus dans le communisme, mais peut être revendiqué par d’autres qui ne sont pas nécessairement communistes. On trouve une gauche, voire une droite qui se positionnent clairement comme en dehors, et du capitalisme, et du communisme.

Ainsi, au sens strict, il n’y a pas identité entre communisme et anticapitalisme, mais seulement un rapport utilitaire, d’inféodation. Au sens strict, l’anticapitalisme est une théorie selon laquelle il serait nécessaire d’en sortir, mais qui, humblement, ne dit pas où il faudrait aller.

On se souvient du fameux débat ayant opposé Michel Foucault à Noam Chomsky. Le second reprochait au premier de n’en rester qu’à la théorie, à la critique de la société, dans le travail négatif, et de ne jamais rien proposer de positif, contrairement à lui qui voyait dans l’anarcho-syndicalisme une solution possible. Cette opposition est symptomatique d’une plus profonde qui voyait aux États-Unis les partisans de la French Theory être critiqués par les radicaux et activistes de tout bord en raison de leur inaction.

Peut-on comprendre l’opposition entre anticapitalisme et communisme dans les mêmes termes ? Il y aurait d’une part sa critique, de l’autre un usage pratique de celle-ci. Certains pourraient ainsi admettre la première, et pourquoi pas adhérer à ce nouveau parti, tout en refusant le communisme.

Car il est certain que le capitalisme a besoin d’une critique. Même, celui-ci la revendique en prétendant être le seul système social capable de se réformer, comme étant le seul compatible avec la démocratie qui a comme fondement la critique. Pourquoi alors ne pas nommer cette critique « anticapitalisme », comme certaines Lumières intitulent « islamophobie » la critique de l’islam ? L’anticapitalisme serait alors pleinement légitime.

Or, c’est moins l’abandon du projet communiste pour l’adoption d’une critique de notre société qui soit théorique et militante, mais bien plutôt la poursuite d’un même combat sous un autre nom que l’on est tentés de voir derrière ce changement formel de parti, à en croire les déclarations des futurs cadres, qui restent évidemment les mêmes. Ainsi Alain Krivine : « Jeudi, on se dissout et vendredi on renaît, ce qui prouve qu’on ne meurt jamais ».

L’unique changement est l’utilisation de ce stratagème rhétorique de baptême, capable de rassembler, selon leurs propres mots, « le meilleur de la tradition du mouvement ouvrier, trotskiste, communiste, guévariste, écologiste et féministe ». Comme l’écrit Guy Sorman, la révolution et autres vieilles lunes restent l’objectif recherché.

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