Articles pour le tag: Médecine

Où l’on découvre que la médecine nuit à la vieillesse

Doxographies, Société 7 commentaires »

Le devoir d’honorer la vieillesse ne se fonde pas à proprement parler sur les justes égards dont on croit les jeunes capables à l’adresse de la faiblesse des vieillards ; car ce n’est pas là une raison de la considération qui leur est due. L’âge veut donc en outre être tenu pour quelque chose de méritoire parce qu’on l’honore. La raison n’en est pas, sans doute, qu’avoir l’âge de Nestor impliquerait en même temps une sagesse acquise grâce à une expérience abondante et longue, qui soit appropriée à la direction des gens plus jeunes, mais c’est uniquement parce que, à condition que nul déshonneur ne l’ait souillé, l’homme qui s’est conservé si longtemps, c’est-à-dire qui a pu soustraire à la mortalité — la sentence la plus humiliante qui puisse être rendu sur un être raisonnable (tu es poussière et tu dois redevenir poussière) –, et a pu pour ainsi dire gagner sur l’immoralité, c’est, disais-je, parce qu’un tel homme s’est si longtemps conservé en vie et proposé comme exemple.

Kant, Conflit des facultés, IIIème section « Le conflit de la faculté de philosophie avec la faculté de médecine », « Du pouvoir de l’esprit, par simple résolution, de maîtriser ses sentiments morbides », Ak VII,99, Pléïade t.III,909

Lire la suite »

Mens sana in corpore sano

Choses dites, choses vues, Sport studies 13 commentaires »

Juvénal« mens sana in corpore sano »

Que l’on traduit généralement par « un esprit sain dans un corps sain ». Cette citation est extraite de la Dixième des seize Satires de Juvénal (90 – 127) et prend place dans un ensemble plus large qui permet d’en fixer le sens plus précisément : « Alors faut-il que les hommes ne fassent jamais de voeux ? … Ce qu’il faut alors implorer, c’est un esprit sain dans un corps sain. » (Juvénal, Satires, 10, 346-366, trad. Henri Clouard). Ce que voulait dire Juvénal, c’est qu’il faut cesser d’implorer vainement les Dieux, qui n’écoutent pas les hommes. La seule chose à leur demander, c’est la santé physique et mentale. On voit ainsi quel fut le déplacement du sens antique au sens contemporain. Désormais, ce n’est plus un voeux que l’on demande aux Dieux de bien vouloir réaliser, mais au contraire une maxime que nous, hommes, devons appliquer. La santé était jadis pendue au fil d’une puissance transcendante – d’où son lien avec la « sainteté » ; les hommes en sont maintenant pleinement responsables. Nous sommes désormais maîtres du destin de notre santé, d’où maintenant le fait que cette maxime ne soit maintenant plus qu’une injonction à entretenir notre corps tout autant que notre esprit. La marque d’équipements sportifs Asics s’est ainsi baptisée du sceau de cette référence antique à l’aide de l’acronyme correspondant : Anima Sana In Corpore Sano – anima (âme) prenant place de mens (esprit) pour rendre le nom davantage prononçable.

Lire la suite »