Articles pour la catégorie : 'Société'

Petite contribution à la reprise en main de la politique de la Nation

Politique, Société Pas de commentaire »

La société du spectacle, nommant les choses précisément par ce qu’elles ne sont plus, ne cesse d’invoquer les « discours » là où personne ne parle à personne, là où règne la loi du buzz. Au mieux, lorsqu’un personnage public propose enfin un discours, la société du spectacle le qualifie-t-elle comme un « discours de vérité ». Ultime hommage d’une société obsédée par une vérité qu’elle ne sait plus chercher, à un discours qu’elle ne sait plus entendre. Mais l’espace public est-il condamné à se voir privé de tout discours ?

Cher amis, tentons d’aller au-delà de ces mauvais mots, véritable vent mauvais, mais « que du vent ».

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Du combat pour l’émancipation féminine en grammaire et dans les clips

Choses dites, choses vues, Société 11 commentaires »

Richelieu, créateur d’instituts paresseux et rétrogrades.

Contexte : depuis quelques temps, Oscar Gnouros me fait lire de drôles d’articles, comme celui- ou celui-ci. Des articles où la considération intéressante côtoie le dogmatisme le plus furibard. Nul doute que le créateur et auteur principal de Morbleu s’amuse à réfléchir à embêter son principal collaborateur. Savez-vous qu’il écrit des trucs du genre « Cher-e-s tout-e-s » ? Voilà pourquoi je m’autorise à publier ici cette petite chose, pour me calmer un peu. La guerre du neutre n’aura pas lieu.

Que regarder les clips s’avère plus efficace qu’on ne le croit !
Un girls band « Give it to me, I worth it ». J’étais trop occupé à contempler les filles, jusqu’à voir débarquer le rappeur, exhibant d’affreux chicots et filmé de trois quarts, nous révélant combien il est animal et ghetto, pauvre et ambitieux (ces deux derniers adjectifs sont sans doute déjà trop doux et très faux). Il portait une casquette, et quand j’étais petit c’était un bandana rouge. Une demi-seconde lui suffit pour me sortir de ma léthargie de désir, enfin semi-léthargie, car naturellement je comparais les filles, me disant qu’il doit y avoir des styles pour séduire le populo américain, et notamment celui de la petite latino américaine qui continue de m’échapper. NRJ Hits annonçait une soirée « Teen Pop » en lien avec ce clip, et je doutais sérieusement que ces jeunes femmes furent encore des teens, et espère encore qu’elles n’en sont pas. Et là, plus fort que des jeunes femmes servies comme modèles à des ados, sommet dégoûtant d’une décadence qui jusque-là m’agréait plutôt : le rappeur ! que précédait un plan pseudo-subliminal « feminism is sexy ».
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Où l’on rappelle qu’ils sont fous ces Romains

Politique, Société 9 commentaires »

Un jour fut découvert un nouveau transcendantal (moyen de construction de l’objectivité) : le langage. S’y dessinait notre rapport au monde, et il était possible que certains dominants s’en servent mieux que les dominés. Puis vint une solution : mettons tout le monde au niveau, afin que chacun puisse s’en saisir. Certes la paix et l’égalité n’étaient pas installées, mais l’art devenait accessible, et l’autonomie certaine.
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Où l’on propose une propagande anti-cigarette à la fin du repas

Philosophie, Société 3 commentaires »

Avez-vous déjà eu un désir vraiment original ? Avez-vous trouvé le Rock’N’Roll cool sans voir un type cool en écouter ? Peut-être, ça arrive. Mais n’estimez-vous pas davantage les conseils de ceux que vous admirez, au point que cela puisse gouverner votre goût ? Ecoutez-vous ces derniers parce qu’ils savent repérer ce qui est bon, ou parce qu’est bon ce que ces derniers repèrent ?

Jouons le jeu d’une anthropologie du désir, et suivons Spinoza. Nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est bonne, mais c’est parce qu’elle est bonne que nous la désirons, dit-il approximativement dans son Ethique [1]. Présentons la chose en deux temps, l’appétit et le choix du plat [2].
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Pierre Bourdieu pour les nuls

Société 13 commentaires »

Pierre BourdieuL’an passé, la sociologie française commémorait les 20 ans 10 ans [1] de la disparition de Pierre Bourdieu. Comme sur Morbleu !, on est parfois un peu à la bourre, ce n’est que cette année que nous prenons la peine de regarder derrière [2]. Mais de quelle façon ! Voici un petit catéchisme bourdieusien faisant le tour de quelques concepts, qui, espérons-le, sera suffisamment clair à qui veut s’initier à la pensée du sociologue béarnais. Avec, en bonus, une petite critique de Pierre Bourdieu par Bernard Lahire. Oui. Ça clashe.
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Que le mariage a toujours été homosexuel

Politique, Sexus Empiricus, Société 6 commentaires »

Voici plusieurs jours que le débat autour de la loi sur le « mariage pour tous » a débuté à l’Assemblée Nationale. Voilà plusieurs jours que nos vaillants députés s’écharpent et s’invectivent, qu’ils n’ont toujours pas mangé ni dormi. Les bons et mauvais mots fusent aussi sûrement que les bons et les mauvais arguments.

Le débat actuel déborde évidemment du ring du parlement, pour venir intéresser la société civile et la vox populi, qui toujours a son mot à dire, comme en témoignent les différentes manifestations de ces dernières semaines. Sortent alors du maquis où sont tapis les opposants certains ambitieux prétendant disqualifier cette initiative législative en s’attaquant, ni plus ni moins, à ce qui la légitime, à savoir, l’acceptation sociale de l’homosexualité comme pratique sexuelle.
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L’insociable sociabilité des hérissons

Doxographies, Philosophie, Société 5 commentaires »

L’insociable sociabilité des hommes…

Kant, comme tous les grands auteurs, voit des choses que tout le monde devrait voir, mais que tout le monde sait oublier. Kant, comme beaucoup de philosophes allemands, veut résoudre beaucoup de problèmes, et là où certains creuseraient une observation, il la note en passant, car il a autre chose en tête. Par exemple, s’il s’intéresse à la rivalité des hommes au sein de la société, c’est lorsqu’il s’occupe de l’histoire des hommes – plus précisément dans la quatrième proposition de son Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique. Il y pense cet antagonisme comme le moteur du progrès dans les sociétés. En effet, à force d’être rivaux les hommes deviennent plus malins, puis préfèrent s’organiser des règles du jeux ; alors le Droit se développe, ça va mieux dans la Société, etc. Bref, les Lumières. L’attentif Emmanuel, même s’il a autre chose en tête, forge un concept précis et lui donne un nom qui claque : l’insociable sociabilité.
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Une parenthèse mythologique de Bourdieu : idéologie du don et métempsychose platonicienne

Doxographies, Société 12 commentaires »

Ce matin, j’ai été très dérangé par une parenthèse dans un texte de Pierre Bourdieu, au point que j’en textotais même ce bon Luccio :

« (le don, par exemple, qui, on le sait depuis le mythe d’Er de Platon, n’est pas facile à concilier avec une théorie de la liberté) »

Pierre Bourdieu, « Fieldwork in Philosophy », Choses dites, p. 25.

On ne devrait pas normalement être dérangé par une parenthèse : étymologiquement, il s’agit de quelque chose d’intercalé, d’accessoire. Mais Bourdieu est habitué à ce stratagème, qu’il partage avec Kant, en plus de son goût pour les phrases interminables à incises multiples : dissimuler des choses essentielles là où l’usage veut qu’on les identifie comme superflues.

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Mais comment être fier ? Où l’on revient à ses vieilles amours kantiennes

Société 3 commentaires »
Texte 3 sur 3 de Kant et la gay pride

Si l’on suit l’analyse du billet précédent, le mérite moral seul autoriserait à être fier. Mais même en ne l’associant qu’au mérite moral, la fierté semble galvaudée : on pourrait être fier de la moindre action tant qu’elle nous a coûté. Sitôt qu’on agit on peut être fier. Mais la fierté ne doit-elle pas rester quelque chose d’un peu exceptionnel, ou d’un moins d’un peu précieux ? Le concept de mérite moral pourrait en fait jouer contre la fierté.

Kant, par exemple, affirme
« qu’il faut que le devoir, et non le sentiment du mérite [la prétention à pouvoir intimement croire à sa propre magnanimité et au caractère noble et méritoire de sa manière de penser], ait sur l’esprit l’influence non seulement la plus déterminée [précise], mais aussi, s’il est représenté sous le vrai jour de son inviolabilité, la plus pénétrante [efficace] », in Critique de la raison pratique, « Doctrine de la raison pratique pure », Ak V,157, p.288 chez GF.

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La Fierté et le mérite moral. Où l’on tente une analyse d’inspiration gnourosienne

Société 6 commentaires »
Texte 2 sur 3 de Kant et la gay pride

Le militant d’une minorité attaquant les préjugés et les mots sans s’occuper de trouver des excuses à ceux qui les ont employés (sans doute parce que son propos n’est pas de juger et condamner mais de constater que ce n’est pas cool), pourrait bien se fourvoyer. Tentons de soulever un mauvais aspect de sa démarche. Le militant est fier sans raison, comme le chauvin. Or le chauvinisme c’est pas bien (enfin y parait). Ainsi, la fierté non justifiée, c’est ça le mal1, un mal partagé par le minoritaire et le majoritaire. Pis, ça pourrait être à la base d’une fierté d’être normal, et donc d’une tendance à jeter l’opprobre sur ceux que l’on juge différents. Le moyen, même s’il paraît nécessaire, nuirait à la fin : déclarer sa fierté d’être X, c’est illogique, contradictoire, voire contre-productif.

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