Articles de l'année 2009

Les Socrate de Montaigne

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SocrateAinsi, il y a dans les Essais non pas un, mais des Socrate. Est-on alors condamnés à envisager le socratisme de Montaigne comme un concept vague et mal formé, sans cesse changeant ? Socrate est-il héraclitéen ? Ou est-il au contraire possible de discerner dans le texte montaignien des figures socratiques bien marquées et définies ? Pour le dire avec le vocabulaire wébérien, est-il possible de dessiner des « idéal-types » des Socrate qui jouent dans les Essais ? Il serait alors possible de définir le socratisme de Montaigne comme à la croisée de toutes ces figures.
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Comment expliquer que l’on apprécie tant les gros seins ?

Modes d'emploi, Sexus Empiricus 12 commentaires »

Pamela Anderson

Le corps de la femme connaît une érotisation qu’on ne retrouve chez aucune autre espèce, avec trois caractéristiques uniques : le camouflage de l’ovulation, une attractivité constante et une réceptivité sexuelle quasi permanente. Par ailleurs, si la fesse est le propre de l’homme et la conséquence évidente de son passage à la marche bipède, elle est aussi un puissant signal d’excitation, qu’on retrouve également dans la poitrine féminine. Avec le redressement de la stature et le coït plus habituellement pratiqué face à face, il semble que l’évolution a sélectionné peu à peu des femmes ayant une poitrine développée, c’est-à-dire une rotondité ressemblant au signal excitateur des fesses. Le caractère globuleux de la poitrine féminine n’a qu’une fonction-si l’on excepte la fonction nutritive qui ne dure que quelques mois dans la vie d’une femme-, l’excitation des mâles pour entretenir l’activité érotique.

Pascal Picq, « Sexe : la compétition homme-singe », Le Point, 18 juin 2009, N°1918

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Introduction. Socrate et Montaigne, philosophes aux mille visages

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MontaigneIl devient banal de souligner la multiplicité de Montaigne. Il n’y a en effet pas un, mais une infinité de Montaigne dans les Essais. Un passe-temps favori de l’auteur est de s’émerveiller dès qu’il le peut de cette différence, de souligner qu’il est comme un flux héraclitéen qui sans cesse change. « Distinguo est le plus universel membre de ma logique » nous dit-il, maxime qu’il s’efforce d’appliquer à chaque sujet, trouvant, dans ce qui semble a priori le plus simple et le plus convenu, la complexité la plus inattendue. De son dessein de se peindre « tout entier et tout nu », il en ressort le tableau d’un homme qui est différent à chaque page, car à chaque fois envisagé selon un autre point de vue. Montaigne use en effet souvent de ce verbe « peindre ». Comme le remarque Philippe Desan [1], il est un inventeur de l’impressionnisme avant l’heure, se plaisant à ne donner du réel que ce que sa conscience en remarque sur l’instant, pouvant dresser ainsi des images presque opposées d’un même objet à quelques moments d’intervalle, tout comme Monet rendait vingt toiles de la cathédrale de Rouen en une seule journée. Ainsi les commentateurs se perdent-ils dans les chemins ouverts par Montaigne : certains le disent athée, d’autres fidéiste ; certains le dépeignent hédoniste, d’autres ascète ; certains le catapultent réformateur, voire révolutionnaire, d’autres conservateur.

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L’Eternel Retour

Philosophie 15 commentaires »

Gilles DeleuzeDeleuze a donné une interprétation de l’Eternel Retour de Nietzsche si pertinente qu’on la prend volontiers pour la thèse que Nietzsche défendait lui-même, tout en ignorant bien souvent que cette conception est en fait de Deleuze. Laissons de côté, pour l’instant, ce que Nietzsche disait lui-même à ce sujet, pour nous concentrer sur ce que Deleuze entendait.

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Fichte, Sur le concept de la Doctrine de la Science ou de ce que l’on appelle philosophie

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Johann Gottlieb FichteFichte, qui se qualifie lui-même d’admirateur de Kant, a toutefois pour ambition de dépasser certaines antinomies du kantisme. La Critique de la raison pure laissa en effet à l’état d’aporie trois problèmes fondamentaux : la question du fondement, l’exigence de systématicité, et le statut de la chose en soi. La lecture de la Critique de la faculté de juger laissa penser à Fichte qu’il pourrait y avoir une voie permettant de réconcilier, notamment, raison théorique et raison pratique, mais il jugea que Kant n’avait fait qu’effleurer cette solution dans cet écrit. Tout le travail de la Doctrine de la Science consistera à montrer en quoi il peut y avoir unité, totalisation absolue du savoir. L’extrait ici étudié cherchera à répondre aux questions suivantes, posées par Fichte lui-même : « Dans quelle mesure la Doctrine de la Science peut-elle être certaine d’avoir épuisé le savoir humain en général ? Quelle est la limite qui sépare la Doctrine générale de la Science et la science particulière qui est fondée par elle ? Comment la Doctrine générale de la Science se rapporte-t-elle en particulier à la logique ? Comment la Doctrine de la Science se rapporte-t-elle, en tant que science, à son objet ? » Lire la suite »

Le télétravail, stade suprême du capitalisme

Economie 3 commentaires »

Frédéric Lefebvre

Dans un congé maladie, vous pouvez parfaitement être handicapé et maintenu à votre domicile sans pour autant avoir perdu ni vos facultés intellectuelles, ni votre énergie. (…) Plutôt que d’être éloigné très longtemps de votre travail et si vous souhaitez continuer de travailler et ne pas prendre le risque qu’à votre retour, les choses aient été bouleversées dans l’entreprise, cela peut vous donner une sécurité.

Frédéric Lefebvre, à propos de la proposition d’amendement sur le télétravail

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Ma France à moi, c’est rue des Bergères

Art, Société 12 commentaires »

Diam'sDiam’s chante Ma France à moi, et comme elle pourrait le dire, j’ai la haine ; je me sens visé. Je ne comprenais pas comment cette chanson pouvait prétendre être la chanson de l’année aux Victoires de la Musique, n’ont-ils pas lu le texte ? (Texte ou pas, ils veulent vendre)

Pourtant, Diam’s chante Ma France à moi et je trouve ça impressionnant. Ce n’est pas l’impressionnant devant la nullité, je ne suis pas confondu, j’admire, je trouve ça juste, simple, efficace.

Suis-je schizophrène ? Diam’s l’est-elle ? le sommes nous ensemble ? Je ne pense pas. Le monde est-il compliqué et surprenant ? Je crois que c’est le cas. Je crois aussi que Diam’s l’oublie ; mais aussi que ce monde est surprenant à cause de Diam’s. Hegel observait Napoléon et écrivait la Phénoménologie de l’Esprit, je n’observe que Diam’s et j’écris un billet. En outre, je ne suis pas Hegel, et tant mieux, ça va vous permettre, ainsi qu’à moi-même, de comprendre ce que je vais dire.

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« Sauvons l’Europe » ?

Choses dites, choses vues, Politique, Société 3 commentaires »

drapeau-europeenLe Scepticisme est-il un vilain défaut ?

Tout porterait à le croire, tout au moins dans l’engagement politique. Marcel Conche (Pyrrhon ou l’Apparence) nous apprend que si Pyrrhon d’Elis était prêtre, c’était sans doute par ironie. Etre sceptique, c’est peut-être empêcher la véritable action. Alors il n’y a pas lieu de s’étonner de voir le groupe Facebook du collectif « Sauvons l’Europe » écrire ceci :

« L’association Sauvons l’Europe s’est donnée pour ambition de lutter contre l’euroscepticisme rampant au sein de la société française, notamment parmi l’électorat de gauche, en prolongeant le débat démocratique né au cours de la campagne référendaire sur le sens du projet européen ». http://www.facebook.com/home.php?ref=home#/group.php?gid=23381327545&ref=mf

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Postmodernité, communautarisme et multiculturalisme

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Jean-François LyotardSi on suit Lyotard, la postmodernité peut-être définie comme le temps où les grands récits de légitimation tels que l’émancipation de l’homme, le progrès, ou le sujet transcendantal n’ont plus de crédit. Aucun discours ou métarécit ne peut plus être jugé plus recevable qu’un autre pour légitimer la société. Au contraire voit-on se multiplier des micro-récits entrant en concurrence les uns les autres sans qu’aucun ne puisse légitimement revendiquer une quelconque supériorité sur les autres.

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Le tiers exclu (IV): prolégomènes à une critique de la raison socio-politique

Société 2 commentaires »
Texte 4 sur 5 de Le tiers exclu

DiogeneLuccio se désespère que son dernier texte sur l’euthanasie ne suscite pas les réactions qu’un tel sujet, et surtout une telle réflexion, mériterait. Il propose en effet quelque chose de neuf, qui – je cite son commentaire – « interroge les conditions de possibilité d’un débat, avançant que celles qu’on suppose acquises risquent de varier », déduisant ce qui pourrait advenir d’une procédure d’euthanasie institutionnalisée en prenant la méthode du catastrophisme éclairé, et constatant que l’égoïsme envisagé comme principe moral conduirait contre toute attente à se prononcer contre. Mais cette nouveauté dans l’argument laisse le public froid, ce même public qui fut plus disert sur une réflexion condescendante sur l’antisionisme, ou sur une autre parodique.

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