Avant d’être président des États-Unis, Woodrow Wilson fut avant tout un professeur d’histoire spécialisé dans l’étude du droit politique et de la constitution américaine. L’ouvrage qu’il nous signe ici fut publié bien avant le destin qu’il devait avoir. Cet ouvrage n’est pas a proprement parler un livre d’histoire, du moins dans le sens scientifique. En effet, Wilson ne cite presque jamais ses sources, ne donnent pas beaucoup d’informations sur les dates, etc. C’est avant tout une biographie visant à faire pénétrer au lecteur le caractère exceptionnel de ce grand homme d’Etat que fut George Washington. L’ouvrage est préfacé par Charles Cestre, professeur à la Sorbonne, et est annoté par Georges Roth. Wilson structura son essai en 10 chapitres, dont voici ici une synthèse des 5 premiers.

  1. La Virginie au temps de Washington
  2. Éducation et jeunesse de Washington (1732 – 1753)
  3. Le colonel Washington (1754 – 1758)
  4. À Mont-Vernon (1759 – 1763)
  5. La mêlée politique (1761 – septembre 1774)

George Washington Du Nord au Sud, une envie d’indépendance commença à naître. En mai 1764, le Parlement britannique jugea nécessaire d’instaurer une imposition sur les colonies, en particulier sur le vin et le sucre. Il semblait légitime que les colonies payent des impôts puisqu’elles bénéficiaient des services publics. Le 10 mars 1764, George Grenville, qui était le Premier Ministre de l’époque proposa plusieurs impôts directs en plus des impôts indirects déjà en vigueur. Tout cela fut ressenti comme une provocation.

Une législation très contraignante en matière de commerce, qui aboutissait au final « à interdire tout échange direct avec les pays étrangers et leurs dépendances ; et en particulier par l’intermédiaire de navires non-anglais (p. 84) » sévissait, mais était constamment bafouée par les colons, et l’autorité britannique chargée de faire respecter cette loi était très laxiste, sachant pertinemment qu’il serait bon de ne pas s’attirer la foudre des habitants. Dans certains ports, « la pleine liberté du commerce illicite (p. 84) » était demandée.

Dès 1761, après qu’une taxe sur les exportations de rhum et de sucre fut instaurée, une résistance se forma, menée par James Otis. Lors de la session de 1765, Greenville voulut prescrire « aux Colons l’usage de papier timbré pour tous actes et contrats commerciaux, documents officiels, journaux, etc. Il proposa encore que les troupes royales stationnés sur les plantations fussent cantonnées chez l’habitant. (p. 86) »

Patrick Henry fut l’un des plus farouches opposant à cette législation contraignante. Il alla plaider à la Chambre des Bourgeois en mai 1765, peu après que la Loi sur le Timbre fut votée en mars 1765. Il avait face à lui des adversaires, tels que Peyton Randolph. Mais Patrick Henry n’en démordait pas et suggérait plutôt que « le Roi ferait bien de méditer sur le sort de César et de Charles Ier comme à de salutaires exemples. (p. 91) ». Il fut contesté par l’auditoire, mais finalement, à une faible majorité, l’Assemblée a adopté la déclaration des droits mais rejeta toutefois son idée de désobéissance. Les propositions de Patrick Henry sont désignées sous le nom de « Résolutions de la Virginie ».

Dès le lundi 7 octobre 1765, les délégués de 9 colonies se réunirent à New York pour décider de la conduite à tenir. Le 19 octobre fut publié une « Déclaration des droits et griefs coloniaux » par le Congrès de New York et furent envoyés au Roi d’Angleterre ainsi qu’au Parlement britannique. Une pétition avait également cours.

La loi fut finalement abrogée le 18 mars 1766, le cabinet anglais n’ayant pu résister à une pareille pression. Ce fait fut accueilli avec un grand soulagement et les tensions entre les différents colons s’apaisèrent. Patrick Henry devint rapidement un leader, « le premier porte-parole des Virginiens et de tous les bons citoyens (p. 95) ».

Cependant, l’Angleterre poursuivait sa politique avec les même intentions. Le credo était que « le Parlement a pouvoir de contraindre les colonies en toutes circonstances et sans nulle exception. (p. 95) ». « Le 29 juin 1767 furent votés des droits d’importation sur le verre à vitre, le papier, les matières colorantes et le thé, pour assurer aux fonctionnaires de la couronne un traitement prélevé sur les revenus coloniaux. (p. 96) ».

C’est pourquoi lors de la session suivante ayant eu lieu en 1768, la Chambre des Bourgeois établit de nouvelles remontrances à l’égard de la Couronne britannique. Les adresses ainsi que les pétitions à l’ordre du Roi ayant toutes échouées, il s’en suivit un regain d’intérêt pour l’indépendance chez de plus en plus de colons. Dans sa lettre adressée à George Mason du 5 avril 1769, George Washington écrivait : « À l’heure où nos nobles maîtres de Grande-Bretagne ne visent à rien moins qu’à supprimer la liberté en Amérique, il me paraît indispensable de tenter quelque chose pour détourner le coup et assurer cette liberté que nous ont léguée nos ancêtres… Nul ne doit avoir de scrupules, ni hésiter un seul instant à employer les armes pour la défense d’un bien aussi précieux et aussi sacré… : telle est mon opinion très nette. Les armes cependant, me permettrai-je d’ajouter, ne doivent constituer que l’ultime ressource (p. 97) ». Il s’agissait de paralyser l’économie et l’industrie britannique.

En janvier 1770, un nouveau cabinet en Angleterre s’était constitué, sous la présidence de Lord North, qui abolit toutes les taxes votées depuis 1767, mises à part celles sur le thé. « Mais ce que les colons combattaient, c’était le droit du Parlement à les taxer, bien plus que les taxes elles-mêmes. (p. 100) ». Des affrontements entre colons et militaires eurent lieu, se soldant parfois par des massacres, comme le 5 mars 1770 où le « Massacre de Boston » eut lieu au cours d’une émeute.

En 1773, la situation évolua sur une crise. En effet, le Parlement avait décidé que les mutins, et notamment ceux de l’affaire de la Gaspée devaient être jugés en Angleterre. Patrick Henry, Richard Henry Lee, Dabney Carr et Thomas Jefferson se réunirent pour y réfléchir.

En fin d’année, après que le gouvernement anglais ait décidé que les colonies devaient prendre du thé importé des Indes Orientales, des contestations éclatèrent et se soldèrent, le 16 décembre 1773, par The Boston’s tea-party où des Bostoniens jetèrent à la mer 370 caisses de ce thé.

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