NezC’était les soldes. Je partais en ville pour acheter quelque chose. Quelqu’un, je ne sais comment, est monté dans ma voiture. Il m’a demandé de m’arrêter près d’une Caisse d’Epargne car il souhaitait la braquer ; cela tombait bien car je souhaitais retirer également de l’argent. Nous entrions dans l’établissement, puis, alors qu’il était au guichet, j’attendais précautionneusement derrière lui mon tour pour retirer de l’argent. C’est alors que j’ai eu une illumination : il me fallait partir, car on me croira certainement complice de son forfait ; la coïncidence de ma présence exactement contemporaine pouvant sembler curieuse. Je me précipitais vers la sortie, mais trop tard, le mal était fait, ou était entrain de se faire ; le truand avait sorti son arme et demandait à tout le monde de se plaquer au sol ; je parvins quand même à sortir, et essayais d’appeler la police avec mon portable.

Mais le truand était déjà sorti, et voulait ma mort, car je l’avais vu ; à moins qu’il ne souhaitait que l’on reparte ensemble dans ma voiture, la Safrane de mon père, qui attendait avec ses feux de détresse. Une course poursuite pédestre s’engageait.

Je ne sais comment, mais il s’est trouvé que nous nous retrouvâmes à la Part Dieu, et que j’avais perdu mon nez. Ou tout du moins était-ce la peau qui le recouvrait qui était partie, mais que je continuais à conserver tantôt dans mes mains, tantôt pincée entre les dents de ma bouche, tantôt tenue avec mes doigts sur ce qui me restait de nez ; tout cela était difficile, et je souhaitais savoir si je pouvais me débarrasser de ce résidu encombrant. Je touchais mon nez, et il m’était difficile de comprendre si ce que je tenais entre mes mains était la totalité de mon organe, ou bien seulement un décorum inutile. J’allais dans les toilettes du métro, et n’arrivais certes pas dans des toilettes, mais dans une salle de jeux comparable à celle que l’on trouve dans l’avant-garde des salles de cinéma du CGR de Brignais. Je me dirigeais dans les toilettes et je vis que mon nez, ou ce qu’il en restait, était toujours là ; je jetais donc la peau, me disant au fond de moi qu’elle finirait bien par repousser ; en revanche, si mon nez n’avait plus été là, je projetais de courir chez mes parents pour trouver une aide auxiliaire afin qu’ils me conduisent quelque part pour me le remettre.

Rassuré, je remontais dans la salle de jeux. Il y avait une sorte de buvette, et je commençais à discuter de mes mésaventures avec le (ou la ?) serveur et le gérant. Ils semblaient me croire, mais je soupçonnais qu’ils me prennent pour un demeuré, et c’est pourquoi je me jetais aux bras du gérant pour lui montrer mon nez et lui demander ce qu’il voyait, ce qu’il en pensait. Il me dit qu’en effet, il y avait comme un problème. Mais il ne fut pas horrifié, ce qui me convenait. Je me rappelais en effet difficilement, bien que m’ayant entre-aperçu dans le miroir des toilettes de la salle de jeux, mon apparence physique.

Une fois de plus rassuré, je décidais de boire un Coca. La serveuse n’étant pas présente, je me servais moi-même et regardais d’un oeil inquiété si quelqu’un m’observait en croyant que je voulais dérober ce bien. Ce n’était pour moi évidemment pas le cas, et dès que le gérant se dirigeait vers moi, j’ouvrais aussitôt mon porte-monnaie pour montrer ma bonne intention. Toutes mes pièces sont tombées par terre, probablement parce que je devais le tenir à l’envers. Je commençais à les ramasser et à les mettre sur le comptoir. Mais il y en avait tellement, et il était si haut, qu’il me fallait plusieurs voyages, et qu’à chaque aller vers le sol, je ne pouvais pas voir ce qu’il se passait au comptoir ; je craignais que l’on ne m’entourloupe, que l’on ne me prenne quelque pièce, d’autant plus qu’un individu louche se tenait à la droite du bar, me regardant mais ne m’aidant nullement. Ce faisant, je me risquais à demander le prix de ma consommation. On m’annonça précisément le montant de 5,20 EUR, somme que je trouvais exorbitante pour le peu que l’on m’offrait ; je ne manquais pas de le faire remarquer. Puis, je me réveillais.