L’intégrisme (j’entends par intégrisme le courant qui prône une lecture littérale, intègre du texte – et par fondamentalisme le courant cherchant à ramener une religion dans l’état où elle était à ses fondements, à son origine) est problématique : je ne suis pas sûr qu’il puisse exister une lecture plus authentique, plus pure, moins chargée d’interprétation qu’une autre. « Les faits scientifiques sont chargés de théorie » disait Popper : ils sont comme des choses-en-soi qui se phénoménalisent dans le cadre théorique qu’on leur fixe, et qui pourraient sans doute apparaître tout autre avec un autre cadre (en disant cela, je fais cependant moins du Popper que du Foucault, mais ça, ça n’intéresse que les coupeurs de cheveux en quatre, les enculeurs de mouches, et autres pinailleurs). Les textes aussi, les faits historiques également. Le Coran, donc, et la vie de Mahomet de même.
Articles de l'année 2009
Comment lire dans les coupes de cheveux comme on lit dans les lignes de la main
Modes d'emploi 2 commentaires »La civilisation veut que l’on se coiffe, que l’on se débarrasse de l’excédent capillaire, pour des raisons certainement similaires à celles qui faisaient supposer à Schopenhauer qu’on se rase. Or, les enfants ne sont pas en mesure de se couper les cheveux eux-mêmes, surtout depuis que le politiquement correct et Françoise Dolto ont interdit qu’on les laisse jouer avec des ciseaux, des allumettes et des revolvers. Il revient souvent à un tiers de s’occuper de cette tâche.
Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, cours du 17 janvier 1979
Doxographies Pas de commentaire »Le libéralisme poursuit ainsi la raison d’état. Il n’entre pas en rupture sur les fins, mais sur les moyens. C’est la raison du moindre état à l’intérieur de la raison d’état. C’est le gouvernement frugal. Il s’agit d’un nouvel art de gouverner inédit : on aboutit à l’idée que pour gouverner le mieux possible, il faut gouverner le moins possible. Ceci est possible par le branchement de l’art de gouverner, de la raison d’état sur l’économie politique.
Il y a cinq ans, lors de mon précédent voyage, ground zero était visible depuis la rue. Il y avait une stèle commémorative devant laquelle les gens aimaient se photographier en faisant de grands sourires, sans éprouver le moindre sentiment d’indécence.
Aujourd’hui, c’est en chantier et l’on ne voit rien. Les gens vont photographier et sourire dans un local ouvert spécialement à côté, un mémorial où toute la tragédie est racontée, où certaines reliques sont exposées, où une maquette du futur de ground zero est exhibée fièrement en attendant que des tours s’élèvent à nouveau dans le ciel – ce qui n’est pas pour demain compte tenu du manque de crédits -, où des produits dérivés sont vendus – avec toutefois une mention assurant que tous les bénéfices sont versés à une fondation.
Où l’on découvre une croix gammée dans les toilettes du Radio City Music Hall
Pausanias le Périégète Pas de commentaire »Où l’on découvre dans le musée d’histoire naturelle des signes d’un dessein intelligent, ainsi que les chaînons manquants de l’évolution
Pausanias le Périégète 5 commentaires »Le musée d’histoire naturelle regorge de trésors. À une Amérique dont une partie est censée être fondamentaliste, évangéliste, créationniste, rétive à la science et à l’évolutionnisme, le AMNH expose des faits quant aux origines du cosmos, de la vie, de l’homme. Avec quelques ratés parfois, comme cette analogie pédagogique où la vielle thèse de l’intelligent design – chainon manquant entre la superstition et la raison – se glisse sournoisement (cf. photo), proposant les deux prémisses d’un syllogisme que le visiteur conclura de lui-même : il y a un architecte de l’univers. Cela ne doit très certainement choquer que très peu ce monde dans lequel les billets de banque partagent des symboles hérités de la franc-maçonnerie, sur lesquels on lit « In God We Trust. »
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De plus en plus apparaissent dans les grandes villes des dispositifs très subtils destinés à prohiber aux SDF l’accès à certains lieux. Le fil barbelé interdit aux vaches d’aller plus loin, les filets posés sur les monuments défend au pigeons de les salir, de même que ces longs pics posés aux alentours des toits. À qui est imperméable au droit, à qui ne comprend pas les « no loitering, no trespassing », on agit avec des moyens physiques, matériels qui interdisent non plus juridiquement une chose, mais mécaniquement. Lire la suite »
Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, cours du 10 janvier 1979
Doxographies Pas de commentaire »Dans ce premier cours, Foucault revient essentiellement sur les résultats acquis lors de l’année précédente (le cours Sécurité, territoire, population de 1978). Il y rappelle brièvement une partie de sa méthode d’étude déjà exposée dans L’archéologie du savoir, à savoir celle d’un nominalisme méthodologique consistant à supposer que les grands universaux tels que l’auteur, le livre ou même le libéralisme – car plus que la biopolitique, le libéralisme sera l’objet du cours – n’existent pas en tant que tels, en tant qu’essences achevées et définies une fois pour toutes.
Où l’on constate l’indéterminisme américain (en particulier celui des transports en commun)
Pausanias le Périégète 2 commentaires »La rectitude des rues de NY, sa rationalisation terrestre n’a d’égal que son anarchisme sous-terrain où le métro est incapable de suivre une ligne droite. Les voies sont également superposées suivant l’axe des y comme les étages des buildings. Le modèle en couches, qui fonde la ville en 3D, semble être américain, au point que même leurs pizzas le suivent à en croire Sylvie Sanchez dans Pizza connexion (thèse de doctorat il me semble, selon laquelle il existe deux grands modèles de pizzas : l’italien qui distribue les ingrédients vers la périphérie, et l’américain qui les superpose – cependant, ce séjour m’a fait douté de cette taxinomie).