Surentraînement. Voici la notion clef. On veut nous faire croire que lors d’une compétition, le vainqueur est celui qui s’est plus entraîné que les autres. Mais non. Le corps, chaque corps à ses limites. Un homme ne peut s’entraîner plus qui ne le peut. Au delà d’une certaine dose, l’entraînement subi a un effet négatif. C’est donc une erreur que de dire que si le deuxième est deuxième, c’est parce qu’il ne s’est pas assez entraîné. Probablement s’est-il entraîné le plus qu’il le pouvait. Aujourd’hui, l’entraînement est tellement scientifique que l’on peut être pratiquement sûr que chaque sportif s’entraîne à 100% de ses possibilités. Le temps où un Zatopek ou un Finlandais était capable de prendre de vitesse les autres parce qu’il avait découvert une nouvelle formule d’entraînement (interval training, fractionné) est révolu. Aujourd’hui, chacun est, du point de vue de l’entraînement, à armes égales.
Articles de l'année 2006
On veut nous faire croire qu’un champion parvient à son potentiel par le seul fruit de sa volonté. La volonté est ce qui est exalté par la morale du sport communément admise. C’est parce que le champion veut, parce qu’il travaille ardemment, parce qu’il est assidu, parce qu’il part s’entraîner tous les jours ou même plusieurs fois par jour, quelque soit le temps, quelque soit les éléments, qu’il est champion. En somme, c’est parce qu’il le veut.
Le politique peut-il faire l’économie d’une référence au théologique ?
Politique, Philosophie Pas de commentaire »Dans son Dictionnaire des idées reçues, Flaubert écrit à l’article « Religion » : « Encore une des bases de la Société. Est nécessaire pour le peuple. Pas trop n’en faut. ». De ces deux premières phrases, on en déduit que la religion aurait une utilité, serait un outil. La société en aurait besoin pour se construire dessus, tout comme le peuple. Cela dit, la troisième phrase nous dit qu’il faut tout de même nous en méfier et n’en introduire que le nécessaire. Il y aurait ainsi un juste milieu dans la dose de religion à prescrire au peuple et à introduire dans la société. Mais il ne faudrait pas oublier que pour Flaubert, il s’agit là d’idées reçues. C’est avec ironie qu’il nous présente cette conception. Certainement est-il plus proche de penser le contraire, ce qui, a contrario, serait l’idée non-reçue, l’idée vraie. Mais l’on peut s’interroger sur cette opinion. Le politique peut-il faire l’économie d’une référence au théologique?
René Descartes, Méditations métaphysiques, Méditation quatrième
Philosophie, Doxographies 4 commentaires »Le texte étudié ici est extrait de la quatrième méditation des Méditations métaphysiques écrites par Descartes (1596 – 1650) en 1640. Mécontent de l’incertitude qu’il a rencontré dans les sciences, comme il le raconte dans la première partie du Discours de la méthode, Descartes se mit à la recherche d’un moyen lui permettant de construire une connaissance cette fois-ci certaine et indubitable, « si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques ne soient pas capables de l’ébranler » (Ibid., Quatrième partie). La méthode cartésienne est bien connue. Elle consiste justement à user de ces suppositions sceptiques comme d’un outil pour tout révoquer en doute « afin de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle » (Ibid., Troisième partie). En somme, c’est à une tâche fondatrice que s’attelle Descartes. Faire tabula rasa de toutes ces connaissances si branlantes car bâties « sur du sable et de la boue » (Ibid., Première partie), puis tout reconstruire à partir du fameux point d’Archimède. C’est à cet ambitieux projet que sont vouées les Médiations. La quatrième de ces six méditations occupe un rôle essentiel dans ce projet de refonte du savoir, puisqu’elle traite justement « Du vrai et du faux », comme son sous-titre l’indique. Le texte des Méditations est comme un mouvement où chaque instant est essentiel, nécessaire. C’est pourquoi il nous faut tenter de reprendre ce que Descartes à découvert à ce stade de sa réflexion. Le premier jour (car Descartes nous dit que chaque méditation peut correspondre à un jour), Descartes usa de son doute dans des proportions « hyperboliques », au point de ne plus pouvoir rien affirmer du monde tel un Pyrrhon. Le deuxième jour, il montra que seul le célèbre cogito était capable de nous sortir de ce scepticisme (qui n’est bien entendu que purement méthodologique), et qu’il était, pour user de la non moins célèbre comparaison avec l’arbre cartésien du savoir (Lettre-préface), la première racine de l’arbre de la philosophie; de là, il se pencha sur l’étude de ce qui était immédiatement le plus facilement connaissable, c’est-à-dire l’âme. Le troisième jour, Descartes ajouta une autre racine à son arbre qui n’est autre que Dieu, un « Dieu tout parfait » qui jouera un rôle essentiel dans son système.
Mohamed Sifaoui est éclairant sur deux faits. À propos des caricatures : on reprochait à un des dessins d’assimiler terrorisme et islam, violence et islam (celui avec le Prophète avec une bombe comme turban). Déjà, Onfray avait dit que ce n’était pas une caricature puisque Mahomet avait bien été un chef de guerre. Sifaoui dit lui que si l’on attaque cette caricature car elle amalgame (comme ce mot « amalgame » s’est répandu depuis le 11 septembre qui permet de couper court à toute critique) islam et violence, il faut alors attaquer bien d’autres symboles qui amalgament tout autant, comme, par exemple, le drapeau de l’Arabie saoudite qui assimile l’épée et le verset du Coran (ainsi que les drapeaux du Hezbollah, des Frères musulmans, etc ; la liste est beaucoup plus longue, car, à la réflexion, on peut y ajouter même les noms de groupes : Groupes Islamiques Armés, Armée Islamique du Salut, etc). Or, cela n’est pas fait. On fera de nous-mêmes les déductions qui s’en suivent.
Nous avions montré il y a quelques temps que la morale reposait toujours sur un dogme ou quelque chose comme cela en raison des trilemmes de Fries ou de Münchausen ; la morale, comme le remarque Sartre avec l’élève qui était venu le chercher, tombe dans des conflits des devoirs et autres antinomies. Si bien que l’on se retrouve toujours tel l’âne de Buridan, non pas qu’on soit incapable de faire choix, mais incapable de choisir en raison la morale qui nous permettrait de faire ce choix.
Le Gorgias est-il encore socratique, comme semblait le penser Popper ? Pourtant, Socrate y blâme Périclés. Il souhaite ne pas répondre aux besoins des Athéniens mais plutôt aller à leur encontre en les rendant plus justes : c’est la porte ouverte à la tyrannie de la République. Soit ce dialogue est platonicien et on peut y voir là l’empreinte de Platon. Soit il est socratique et cela signifie que Socrate avait aussi certains penchants totalitaires.
Le déterminisme n’est pas une fatalité – si on ose ce mot. Il n’est fatal qu’en raison d’une conception épistémologique particulière, réaliste. Une première tentative pour s’en détacher fut celle de Kant, mais il n’est pas allé assez loin. Si le monde nouménal échappait au déterminisme – entendons aux catégories de l’entendement, au principe de causalité – le monde phénoménal restait lui soumis au déterminisme, aux lois. Il faudra attendre l’épistémologie du XXè pour que le détachement soit complet avec des auteurs comme Popper , Wittgenstein ou Poincaré, ou des philosophes comme Bergson. Ce dernier dit par exemple que la représentation du temps que nous avons, qui le géométrise, n’est pas le temps, que se le représenter en tant qu’étendue, c’est le dénaturer. Pour Popper, une loi devant par définition être réfutable, on sait par conséquent qu’elle ne dit pas le réel, qu’elle est plus une construction qu’un reflet fidèle du réel. Ainsi, notre connaissance du monde est nécessairement imparfaite.
Ce conte a tout d’un conte de Grimm. Fortement improbable (« – comment ? Mais vous habitiez next door ? Et dire que je vous ai cherché jusqu’en Russie alors que vous étiez juste à coté ! Si en plus vous m’aviez dit que vous étiez Sarah Crewe lorsque je vous ai donné c’est 6 penies, on aurait économisé bien de la peine ! ») ; l’action est longue, dure des années, sans qu’il n’y ait pourtant une description fine des événements grâce à l’ellipse ; et surtout, la structure narrative, qui plonge une personne d’un rang social élevé dans la misère, qui va y faire pénitence, et qui va revenir à ce rend social.