Dans son Dictionnaire des idées reçues, Flaubert recommande à l’article « Guerre » de « Tonner contre ». Cette idée qu’il nous présente comme reçue semble en effet tout à fait l’être dans le sens où elle est admise par le plus grand nombre comme n’étant rien de plus que ce que recommande le plus humble bon sens, car qui y a-t-il en effet de plus condamnable que la guerre, ou même que les conflits en général? Si quelque chose mérite on ne peut mieux notre indignation, ce serait bien cela, car quoi de plus raisonnable que d’appeler, justement, à « se rendre à la raison »? On est en droit de se demander pourquoi Flaubert qualifie cette idée de reçue : penserait-il que tout pacifiste ne ferait en fait qu’écrire un épisode supplémentaire de Bouvard et Pécuchet qui, cette fois-ci, seraient casques bleus? Mais peut-être y a-t-il en fait comme un accent de pessimisme devant ce que Flaubert nous présente comme une idée reçue, car on aura beau « tonner contre » la guerre, est-ce cela qui l’arrêtera? Le fait que la raison puisse mettre fin aux conflits, ou tout du moins qu’elle désire y mettre fin, semble justement aller de soi, et là est peut-être, implicitement, l’idée reçue. Ainsi, nous sommes fondés à nous interroger sur ce fait : la raison peut-elle mettre fin aux conflits?
Un des arguments principal des opposants à l’intervention militaire américaine en Irak fut de vouloir évacuer la guerre comme moyen permettant d’affirmer une décision politique, au profit de celle privilégiant la voie diplomatique, plus louable en apparence. En France, le ministre des affaires étrangères alors en place, Dominique de Villepin, et le président de la République, autrement dit le chef des armées, Jacques Chirac n’en dirent pas moins. Nous voulons ici discuter de la validité de cet argument, sans chercher à savoir si ceux qui l’ont brandi l’ont fait au nom d’une pure conviction en sa vérité, ou bien si plutôt ils l’ont fait en raison de ce qu’il permettait, à savoir, fournir un moyen fiable de compenser l’incapacité militaire en donnant la possibilité d’exister sur le plan international avec une certaine autorité morale. Car en effet, si l’on peut douter de la conviction qu’ont eu nos élites politiques, il n’en reste pas moins qu’un grand nombre de personnes eurent quant à elles une foi inébranlable dans cette affirmation, une foi quasiment religieuse, au point que l’on puisse presque interpréter les nombreuses manifestations pacifistes ayant eu lieu comme de vastes communions humaines voulant faire converger l’humanité vers un idéal de paix, annonçant un absolu paradisiaque devant prochainement s’accomplir ; or c’est justement cet argument, vieille résurgence de la pensée hippie que l’on peut résumer en « faites l’amour pas la guerre », que nous voulons critiquer pour voir ce qu’il autorise et quelles en sont les limites.
Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, l’esthétique transcendantale
Doxographies, Philosophie Aucun commentaire »L’esthétique transcendantale constitue un des premiers temps forts de la Critique de la raison pure. En peu de pages, Kant annonce que l’espace et le temps sont des formes a priori de notre sensibilité. Espace et temps existent préalablement à toute intuition d’objet extérieur. Cela signifie que je n’ai pas pu former ces concepts des suites d’expériences empiriques, mais au contraire que la condition de possibilité de toute expérience empirique, et donc de toute connaissance, est subordonnée à l’existence de ces deux concepts dont je suis en possession de manière « innée ». La démonstration de Kant est corsée. On en trouvera ci-dessous les grandes lignes et arguments.
On retrouve dans le contexte historique qui accoucha de Popper quelque chose de similaire à ce qui orienta Kant dans la rédaction de sa Critique de la raison pure. Ainsi, Kant se trouvait face aux empiriques – Hume, Locke – qui étaient sur le point, avec leur scepticisme, de détruire la raison ; mais il se trouvait aussi face aux dogmatiques – Leibniz, Wolff – qui prétendaient quant à eux posséder une certaine science et compréhension de l’univers. De même Popper définit sa philosophie contre le Cercle de Vienne dont il juge les positions trop radicales, mais aussi contre les marxistes et psychanalystes de son temps. La logique de la découverte scientifique peut-elle être vue comme un nouveau criticisme ?
Le philosophe se définit en tant que philosophe par ceci qu’il ne se juge pas encore être sophos, mais être en fait en chemin (Pythagore) vers cette Idéal, si l’on devait qualifier cet objectif avec le vocabulaire kantien. Peut-être peut-on définir, ou plutôt positionner le philosophe par rapport au sophos : celui-ci a deux dimensions et est à la fois savant et sage ; savant en tant qu’il sait ; sage en tant qu’il vit conformément au Souverain Bien, à la Justice. Ainsi, si le philosophe aspire à être sophos, c’est qu’il s’efforce chaque jour à s’approcher au plus près du Vrai mais aussi qu’il s’efforce chaque jour de vivre le plus conformément au Souverain Bien.
Comme Burke le constate, les théoriciens du contrat social ou du droit naturel partent d’une hypothèse presque métaphysique. Or, si nous devons rejeter toute métaphysique, devons-nous aussi rejeter ces théories ? Doit-on fonder l’Etat sur la tradition, juger une constitution par rapport à son épreuve du temps ? Car en effet, on peut juger que la constitution romaine était bonne, si l’on en juge par la durée de l’histoire romaine (ou tout du moins de la durée de la république). De même pour la constitution américaine : n’est-ce pas une preuve empirique de sa validité ? Mais plus largement, la question est : l’Etat peut-il faire l’économie d’une métaphysique pour se fonder ?
Après avoir lu ces recommandations, à savoir sur la neutralité de point de vue sur Wikipédia, je m’étonne que, cachée derrière une pseudo-neutralité, on ne voit pas un parti pris flagrant en faveur d’une thèse relativiste, d’après laquelle tout se vaut, que finalement, on ne peut pas savoir qui a raison, qui a tort, où est le vrai, où est le faux.
Il semble qu’aujourd’hui dans nos universités, ou du moins auprès de certains de nos professeurs, Kant ait prit la place qu’occupait jadis Aristote pour les scolastiques. St Thomas se référait toujours au « Philosophe », désignant par là Aristote, parfois même sans y faire explicitement référence ; on retrouve parfois ce mécanisme aujourd’hui. Se pose-t-on une question ? On cherche alors dans les critiques, dans les métaphysiques s’il n’y aurait pas quelque chose, quelque chose de défini ou même de définitif.
Grant Wood est un peintre américain né en 1892 à Anamosa dans l’Iowa, décédé en 1942 à Iowa City. Il suivit les cours de la Minneapolis School of Design and Handecraft en 1910, puis travailla comme designer, et posséda un atelier de travaux d’argent avec Christopher Hega à Chicago. Il se rendra à Paris en 1920, fréquentera l’Académie Julian en 1923. Il découvrira l’art de la Renaissance allemande et de la Nouvelle Objectivité lors d’un voyage en Allemagne en 1928, où il étudiera à Munich. Il retournera en Amérique et fondera la Stone City Colony and Art School en 1932 dans son Iowa natal, où il enseignera à l’Université d’Iowa de 1934 à 1941.