Woody Allen, Whatever Works
Cinéma 8 juillet 2009, 2:39pm
Quelques éparses réflexions sur le dernier film de Woody Allen, Whatever Works. Ce n’est tout de même pas pour rien qu’il y a une rubrique « cinéma » sur ce site.
- On y retrouve une obsession du réalisateur, très récurrente : l’idée que la vie ne tient qu’au hasard, que toute vie est le résultat d’une longue suite de circonstances, qu’un battement d’aile d’un papillon ici provoquera une tempête là-bas. Exemples choisis dans sa filmographie : Melinda et Melinda ou Match Point.
- Le héros est à la croisée de plusieurs personnages populaires bien connus. Son cynisme, sa misanthropie, son génie et sa jambe boiteuse font évidemment penser au Docteur House. Ses lunettes, son âge et son allure font penser à Woody Allen lui-même, et aussi un peu à Noam Chomsky. Surtout, ce qui fait penser à ce dernier personnage, ce sont ses opinions politiques très liberal, progressistes, pour ne pas dire gauchistes ou communistes qu’il tient à longueur de temps.
- La relation qui lie le héros-Pygmalion à sa muse est également une constante que l’on retrouve ici comme dans d’autres films. Quasi-incestueuse, elle renvoie à la situation du réalisateur elle-même.
- Surtout, l’histoire, par-delà celle particulière du héros, expert en théorie des cordes et quasi prix Nobel de physique, est celle d’individualités à la sexualité frustrée venues du sud de l’Amérique pour s’épanouir à New York à leur insue, ville dans laquelle leur surmoi va exploser afin de libérer leur créativité sexuelle qui cherchait depuis toujours à s’exprimer. La mère de l’héroïne, sorte de desperate housewife bigote type Bree Van der Kamp oublie son mari pour fonder un ménage à trois, et devient une artiste-photographe faisant des œuvres, pour dire vite, à caractère érotique. Le père républicain et défenseur du port d’arme, impuissant sexuel, redécouvre son homosexualité refoulée depuis qu’il ressentait du désir pour l’un des ses coéquipier de son club de football, et qu’il épousa sa femme.
- Les explications données de-ci de-là dans le film à propos du caractère des individus et des conversions sont toutes de type freudo-marxistes, reichiennes : le père était par exemple assidu aux armes à feux parce que c’était le moyen de résoudre son problème d’impuissance. En ce sens, Woody Allen n’innove pas cette fois-ci dans les explications : à côté d’un facteur « théorie du chaos », il reste fidèle à un modèle explicatif pan-psychanalytique latent dans son oeuvre au moins depuis Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander. Ceci constitue comme un recul par rapport à la schizo-analyse entreprise dans Deconstructing Harry.
Qu’on ne se méprenne pas. Le film est très bon, et tout lecteur de Morbleu ! devrait se précipiter dans sa salle de cinéma, ou sur The Pirate Bay s’il est méchant.
[amtap amazon:asin=B00005U1XT]
19 juillet 2009 à 20:53 Luccio[Citer] [Répondre]
Est-ce moi ou Oscar, dans sa grande prudence, ne fait la publicité de Pirate Bay qu’une fois que l’achat de ce site à des fins d’exploitation légale a été annoncé ?