DécathlonI – INTRODUCTION

L’organisation industrielle définit les relations que l’entreprise entretient avec ses différents partenaires, en principe les fournisseurs, mais aussi avec ses clients, surtout si l’activité de l’entreprise est la sous-traitance. Plusieurs modèles d’organisations peuvent être appliqués par les entreprises. Chacun possède ses avantages et ses inconvénients, et comme bien souvent, tout n’est qu’affaire de compromis.

Ainsi, pour définir sa stratégie, l’entreprise doit effectuer un choix fondamental : est-il préférable de faire ou de faire-faire ? Et c’est à partir de là que toute l’organisation industrielle va se construire.

Le choix de faire-faire permet d’extérioriser les activités et de pouvoir profiter des bénéfices supposés de la concurrence : meilleurs services, économies d’échelles. Mais l’entreprise doit en revanche prendre garde car certains inconvénients sont bien évidemment inévitables, comme par exemple le risque de perdre un peu de contrôle sur la production.

Si l’entreprise choisit de faire, alors elle se place dans une situation d’intégration. En internalisant les activités, l’entreprise s’assure un meilleur contrôle, ce qui lui permet de rationaliser son organisation, de réduire les coûts et ainsi de gagner en sécurité.

Nous avons décider d’étudier la stratégie d’organisation industrielle que DECATHLON a choisi car celle-ci offre un exemple intéressant puisque DECATHLON est passé de distributeur d’articles de sport à producteur, et même concepteur de produits. Nous nous intéresserons aux causes de cette mutation radicale, et de ses conséquences sur l’entreprise.

 

II – DECATHLON

1 – De simple distributeur à concepteur spécialisé

L’entreprise DECATHLON fut fondée en 1976 par Michel Leclerc. À l’époque, DECATHLON était précurseur et constituait l’unique grande surface d’articles de sport. L’objectif était d’offrir des équipements pour les sportifs à un prix le plus concurrentiel possible. Décathlon n’était alors qu’un simple distributeur.

Puis, l’internationalisation et l’élargissement du marché à l’échelle européenne a poussé DECATHLON à innover pour rester concurrentiel. C’est pourquoi, en 1986, DECATHLON décida de créer ses propres produits, au travers de la filiale DECATHLON PRODUCTION créée dans ce but. Aujourd’hui, les produits DECATHLON représentent 50% du chiffre d’affaire des magasins. Néanmoins, DECATHLON n’en oublie pas son métier premier de distributeur en continuant de distribuer des produits extérieurs comme NIKE ou ADIDAS.

En 1996, DECATHLON se lance dans ce qu’ils appellent les marques Passion qui sont des marques satellites. DECATHLON se spécialise ainsi de plus en plus et on dénombre aujourd’hui 7 marques Passion : TRIBORD (sports d’eau), KIPSTA (sports collectifs), QUECHUA (montagne), INESIS (tennis et golf), GEOLOGIC (nature), DOMYOS (fitness), DECATHLON CYCLE (cyclisme). D’abord destinées à permettre à DECATHLON de garder leur stratégie qui était d’offrir des produits de qualité bon marché, les marques Passion sont aujourd’hui de plus en plus spécialisées. Ainsi, DECATHLON CYCLE équipe les équipes cyclistes professionnelles AG2R et COFIDIS de leurs propres cycles, ce qui prouve bien que DECATHLON a dû apprendre un nouveau métier.

 

2 – Le choix de la stratégie d’organisation industrielle de Décathlon

a\ L’organisation industrielle de DECATHLON

La réalisation d’un produit DECATHLON pour les marques Passions peut être décomposée en 3 étapes, toutes réalisées par DECATHLON PRODUCTION : la conception, la fabrication et la distribution.

Pour la distribution, DECATHLON est spécialiste car il s’agit de son activité originale. C’est pour la conception et la fabrication que DECATHLON a réalisé une intégration verticale.

La fabrication reste pour l’instant une des seules activités encore sous-traitée par DECATHLON. DECATHLON sous-traitait principalement cette activité à des PMI et PME de la région du Nord de la France, puis tente aujourd’hui de délocaliser au maximum dans des pays du monde à bas coût de main d’œuvre et à créé pour cela DECATHLON PRODUCTION INTERNATIONAL. Actuellement, DECATHLON ne produit plus que 48% en France.

La conception est elle 100% DECATHLON et est confiée aux ingénieurs de son siège se trouvant à Villeneuve d’Ascq. La conception se déroule suivant 6 étapes (cf. annexe) se décomposant dans l’étude du besoin client, la naissance de l’idée produit, la réalisation des premières esquisses, la validation du projet, les test et la réalisation de prototypes, puis ensuite la production, souvent sous-traitée, et la distribution, assurée par les chaînes des magasins DECATHLON.

 

b\ L’intégration verticale : les raisons du choix

On le voit, avec la création des marques Passion, DECATHLON a fait le choix de l’intégration verticale. Ce choix fut motivé par plusieurs raisons :

  1. Tout d’abord, fabriquer soit même les produits plutôt que de les acheter permet de récupérer les marges des filières et ainsi de réaliser des économies permettant de continuer à offrir des produits de bonne qualité à bas prix.

  1. Proposer d’autres produits et sa propre marque permet aussi de limiter la pression que pourraient imposer des fournisseurs placés en position de force (monopole, oligopole), comme c’est le cas par exemple pour les chaussures de sport (NIKE, ADIDAS).

  1. Proposer d’autres marques permet aussi à DECATHLON de se démarquer par rapport à ses autres concurrents distributeurs (GO SPORT, INTERSPORT …).

 

3 – L’intégration verticale

Outre les aspects non négligeables exposés plus haut que propose l’intégration verticale – à savoir réaliser des économies, limiter la pression des fournisseurs et affirmer sa compétitivité – cette stratégie d’organisation industrielle permet à DECATHLON de réaliser d’autres objectifs.

  • vers l’amont, l’intégration verticale permet à DECATHLON d’obtenir un bien meilleur contrôle sur les approvisionnement : stocks, coûts, qualité …

  • vers l’aval, cela permet d’augmenter la rentabilité globale de l’entreprise en englobant justement l’ensemble des profits réalisés aux différentes étapes de l’achèvement d’un produit, mais également de contrôler de manière plus efficace l’ensemble du circuit de distribution.

Comme la distribution était le métier originel de DECATHLON, l’intégration verticale vers l’aval ne nécessite pas un effort considérable, et c’est pourquoi DECATHLON privilégie d’avantage une intégration vers l’amont, tendant à contrôler d’avantage la conception et la fabrication des produits.

L’intégration verticale a également permis à DECATHLON de réduire les coûts en raison du rapprochement des outils de production et de distribution : en effet, près de 50% de la production de DECATHLON PRODUCTION est réalisée en France, ce qui permet de réduire de manière très significative les coûts de transports, même si DECATHLON semble vouloir de plus en plus délocaliser dans des pays à faible coût de main d’œuvre.

Pour la production, DECATHLON la confiait d’abord aux PME-PMI de la région du Nord de la France, puis a commencé à missionner des responsables de sous-traitance par pays où DECATHLON sous-traite, chargés du suivi. Le responsable de sous-traitance contrôle l’intégralité des étapes de production, de l’arrivée des matières premières, jusqu’aux contrôles qualité des produits. Aujourd’hui, DECATHLON tente de réaliser son intégration en croissance externe, en tentant d’acquérir des unités de production dont l’entreprise serait entièrement responsable.

La conception des produits est elle, comme dit plus haut, 100% DECATHLON PRODUCTION et est confiée aux ingénieurs et designers du bureau d’étude de Villeuneuve d’Ascq, travaillant main dans la main avec les responsables du bureau marketing chargés quant à eux de détecter les nouveaux besoins des consommateurs.

La distribution, on s’en doute, est réalisée uniquement par DECATHLON dans toutes les grandes surfaces spécialisées franchisées, mais également depuis quelques années, par le portail www.decathlon.com, ce qui montre que la logique de DECATHLON est également de miser également dans le B2C (Business To Consumers).

 

III – CONCLUSION

Même si on ne peut affirmer avec certitude que l’intégration verticale peut être un bon choix pour les distributeurs spécialisés, il n’en reste pas moins que cette stratégie d’organisation industrielle a déjà fait ses preuves, dans par exemple, la grande distribution : CARREFOUR ou AUCHAN réalisent également eux-mêmes leurs propres produits, et cela, depuis bien plus longtemps que DECATHLON.

L’histoire, si l’on peut dire, nous le dira. Mais il s’avère que cette stratégie d’organisation industrielle semble s’avérer pour l’instant très payante si on en juge par les seuls résultats de l’entreprise. En effet, DECATHLON est leader dans son domaine sur le marché français en termes de chiffre d’affaire et semble également très bien parti en ce qui concerne le marché européen, et même le marché mondial, puisque DECATHLON ouvre des magasins même outre-Atlantique.

Bien que l’on ne puisse affirmer que le choix de l’intégration verticale soit le seul responsable de ce succès, il semble que cette stratégie soit très bien adapté au marché ciblé par DECATHLON, et l’entreprise ne devrait pas être inquiète sur son avenir car le marché du sport est en pleine expansion.

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