La vérité cartésienne, entre travail méthodique et intuition géniale
Doxographies, Philosophie 17 mai 2005, 11:46
D’un côté, Descartes nous dit que la vérité, la connaissance, n’est qu’affaire de méthode. Mais de l’autre, il nous dit que l’intuition (avec la déduction) est un des outils privilégiés pour accéder à cette même vérité. Mais qu’en revanche, cette intuition n’est finalement pas égale en tous les hommes, contrairement au bon sens. Contradiction ? Découvrir la vérité serait-il plus une question de talent, de génie qu’une question d’obéissance stricte à des règles de méthode ?
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30 avril 2013 à 16:05 Sympho[Citer] [Répondre]
Il n’y a pas de contradiction. Découvrir la vérité est à la fois une question de talent, de genie et d’obeissance stricte à des regles de methode. L’obeissance stricte aux regles de methode qui aboutissent à la vérité necessite le talent et le génie.
2 mai 2013 à 11:14 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Merci pour cette remarque ! J’avais oublié cette vieille réflexion sur Descartes. Mais le point soulevé me paraît tout de même pertinent. En effet, si on suit les Règles pour la direction de l’esprit, on a presque l’impression que ce qui est visé, c’est l’idéal d’un automate artificiel qui arriverait à raisonner de lui-même d’une façon toute mécanique. La méthode, même celle du Discours, vise dans l’absolu comme un algorithme qu’il suffirait de dérouler soigneusement pour que tout un chacun parvienne à trouver le vrai. C’est même ce à quoi invite les Méditations : refaire nous-même de notre côté le chemin qu’à fait Descartes, pour enfin rejoindre la certitude. L’animal-machine, s’il était possible de lui donner les instructions de la méthode, serait capable de raisonner tout aussi bien que nous. Mais d’un autre côté, il y a tous ces passages dans lesquels Descartes dépeint la vérité sous les signes de l’évidence, de l’éclair, de la fulguration, du génie. La méthode ne suffit pas. Pas évident de trouver la juste part des choses. En tout cas, il m’est avis qu’il serait possible d’interpréter les choses à l’aide du concept d’idéologie du don de Bourdieu…
2 mai 2013 à 19:54 Luccio[Citer] [Répondre]
Dans la règle 12, il dit qu’une déduction n’est valable que si elle est accompagnée d’une intuition. L’intuition doit valider les idées, et leur liaison. Ainsi une démonstration est une intuition continuée (ou une suite d’intuition continuée).
Il te faut habiter ta méthode. Et je ne sais pas comment Descartes aurait expliqué Pascal inventant la calculatrice, sans doute aurait-il dit qu’au moment de l’invention il faut une intuition qui valide le schmilblick. Il aurait peut-être complété par le génie.
Pour ce qui est de la machine qui applique le truc tout seul, qui déroule le raisonnement : l’ordinateur, il faudrait davantage aller chercher du côté de Leibniz, qui parle peut-être quelque part du grand ordinateur (à moins que je ne confonde avec Francis Lalanne).