Texte 1 sur 2 de Les mythes pour les nuls

Merveilles, mystères et soupçons composent les mythes. Qu’en dire ? Qu’en faire ? Rien d’absolument nouveau, un peu de clarté j’espère. Un soupçon de magie, une pointe de merveilleux, une pincée de mystères… et peut-être un peu de méthode.

Ce que mythifier veut dire ? Émerveiller, expliquer, interpréter, créer ; fédérer, éduquer, moraliser ; exprimer l’essence cachée du monde, guérir, jouer des symboles ? Les mythes nous rendraient fols, faut-il les déconstruire bientôt ?

  1. La merveillitude des choses
  2. La fable et la superstition

MarylinLorsque j’étais petit, je valorisai deux fois les mythes. Enfant je m’attachai au merveilleux (combien je lisais ce dictionnaire de mythologie, et plus tard Dragon Ball ou Batman).

Ado, je pris les civilisations antiques pour des ados – pour des êtres préoccupés de vérité sans en être maîtres, et se racontant des histoires en attendant de savoir. Les ados se racontent mythes et légendes à propos des filles parce qu’ils ne savent pas (mais sait-on jamais ? veut-on savoir ?) ; les civilisations passées se racontaient mythes et légendes en guise d’hypothèses, et en attentant une science qu’elles n’avaient pas.

J’étais – Tadam ! – le disciple inconscient de Pascal, Comte, Weber ou Gauchet. [1] Chères lectrices, chers lecteurs, Toi aussi.

Tel est le mythe proposé aux enfants sages : aux confins de l’hypothèse et du merveilleux. Tel est-il, par exemple, dans les musées plein d’animations (du type C’est pas sorcier). A Lyon, au milieu des expositions du Musée des Confluences consacrées à l’histoire des hommes et de la vie, vous trouverez les fauteuils-œufs-écrans de la salle 21. Y sont mis en récit et images des mythes issus des quatre coins de notre petite et grande planète. Les dessins sont bien faits, c’est très plaisant. Côté pédagogie, un historien explique comment les mythes posent des questions éternelles (« D’où venons-nous ? », « Que doivent faire les hommes ? ») mais reculent à mesure que la science avance (Le tonnerre n’est plus de Zeus).

On navigue entre l’inexplicable et l’inexpliqué, d’où la présence des déesses et dieux sages pour nous guider (et parfois nous perdre). [2]

Depuis – ai-je régressé, ai-je grandi ? – je sais que, même adulte, nous ne sortons pas du merveilleux, car le récit et le drame en disent encore davantage que l’exactitude des sciences. En témoigne le succès des belles histoires. Si l’amour s’explique par les phéromones, il se raconte dans Roméo et Juliette, Cyrano (le balcon !) ou Clair de femme (livre sobrement extraordinaire de Romain Gary). L’ado historien en moi n’avait peut-être pas tout a fait tort : les anciens aimaient le merveilleux… mais nous aussi. [3]

Amis, sortir du merveilleux, c’est vous aventurer sur des terres où le Père Noël n’existe pas. N’y allez pas. Chérissez les mythes passés, enivrez-vous du présent, mais émerveillez-vous. Il ne s’agit pas de rester dans l’enfance, mais de ne pas singer l’adulte, de ne pas se priver du merveilleux pour jouer l’adulte.

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[1] Aucune excuse véritable à ce name dropping, si ce n’est qu’autrefois je fis pire : des gros pâtés d’explications. Aujourd’hui je propose de répondre à vos rares questions, mes (plus rares encore ? mais très) chères lectrices et lecteurs.
[2] Petite énigme : dans ce film Kirk Douglas repart de chez Polyphème, le cyclope, en se vantant : « Dis bien que c’est Ulysse ». Pourtant, dans l’Odyssée, Ulysse ruse et dit s’appeler Outis, c’est-à-dire Personne. Aussi Polyphème pu annoncer à ses frère que, celui qui lui creva l’œil, et ben c’est Personne. Et oui. Alors, pourquoi changer de version ?
[3] Tu vois maintenant pourquoi « merveillitude » est dans le titre. C’est aussi à cause de ce film…