Comment déjouer les conspirations ?
Le conspirationnisme est cette tendance qu’ont certains esprits à voir des complots partout. Sans cesse, de manière compulsive, le conspirationniste [1] se pose la question policière : « mais à qui profite le crime ? » Car tout événement profite nécessairement à quelqu’un ou à quelque chose. Si une chose va mal, c’est qu’il y a un intérêt pour quelqu’un ou pour quelque chose à ce que ça le soit.
« Rien n’arrive jamais sans cause », énonce Leibniz dans sa formulation du principe de raison suffisante. Pour le conspirationniste, cette cause est toujours une cause intentionnelle : il y a une causalité finale qui fait que l’on peut attribuer la raison de nombreux faits à la responsabilité d’un actant. Cela conduit le conspirationniste à formuler une théorie du complot, bien souvent différente de ce qu’énonce l’histoire officielle, toujours subversive et sulfureuse.
Le 11 septembre
On a déjà donné ailleurs des exemples de théories du complot. Citons simplement à titre d’illustration l’une des plus célèbres et des plus actuelles, celle de Thierry Meyssan au sujet du 11 septembre. La version officielle de ce jour funeste ? Rien d’autre qu’une effroyable imposture, comme le titrait péremptoirement son ouvrage. L’attentat ne fut en rien commis par des kamikazes étrangers, mais était en fait une stratégie du false flag, dans laquelle les services militaro-espionno-industrio-secrets américano-sionistes [2] se firent passer pour l’ennemi afin de manipuler l’opinion mondiale et permettre qu’elle acquiesce à la politique étrangère que les hauts dirigeants étasuniens [3] voulaient conduire au Proche et au Moyen-Orient.
Tout ceci part de très loin : un plan pour une croisade contre l’islam s’inscrivant dans la théorie huntingtonienne du choc des civilisations, dans lequel le 11 septembre permet d’une part de légitimer la première attaque en Afghanistan, d’autre part d’instaurer plus facilement un état d’urgence aux États-Unis et même dans tout l’occident par l’adoption de lois liberticides où le caractère fondamentalement fascistoïde étasunien se dévoile enfin. L’ennemi Ben Laden n’est alors en fait qu’un ami, un pur produit made in CIA, comme le prouve telle une évidence qui crève les yeux les nombreuses connivences affairistes et financières avec la famille Bush.
Existent des variantes de cette théorie, ainsi que des petits « points de détail de l’histoire ». Comment expliquer que les tours jumelles étaient vides de Juifs le jour de l’attentat, si ce n’est parce que les gens de ce peuple ayant l’orgueil de se prétendre élu avaient été prévenus par le Mossad ? Comment expliquer que l’on ait pas retrouvé les débris de cet avion s’étant soi-disant écrasé sur le Pentagon, si ce n’est parce qu’il n’y avait là qu’une mise en scène par le pouvoir étasunien, qui utilisa bien plutôt un missile pour provoquer ces dégâts ? Comment expliquer que les tours se soient effondrées si verticalement, d’une façon trop belle pour être vraie, si ce n’est parce qu’elles avaient été minées en leur fondation préalablement ?
La neutralisation récente de Ben Laden, qui s’est soldée par sa mort, ravive ces thèses conspirationnistes et donne de nouveaux arguments aux partisans du Réseau Voltaire et apparentés, ghetto numérique où trouve refuge la liberté d’expression que la pensée mainstream veut indûment ôter à tous les conspirationnistes. Pourquoi a-t-on tué Ben Laden ? Ne pouvait-on pas le capturer vivant ? C’est sans doute que mieux vaut un Ben Laden mort que vivant ; vivant, il pourrait trop parler. Mais a-t-il été seulement tué ? A-t-il même seulement exister ? Qu’ont les Américains à cacher ?
Premier argument : l’infalsifiabilité des théories du complot
Un premier argument permettant de déjouer les conspirations − entendons par-là les théories élaborées par les obnubilés du complot − est donné par Karl Popper, qui tient tout entier à sa théorie de la connaissance, d’après laquelle les faits empiriques ne permettent jamais de prouver indubitablement une théorie. Cependant, chose décisive et importante, les faits empiriques pourront, ou au moins pourraient réfuter une théorie. Observer un cygne blanc supplémentaire n’ajoute rien à la force d’une théorie qui dirait que « tous les cygnes sont blancs ». Mais l’observation d’un seul et unique cygne noir a en revanche la force de détruire cette même théorie. On ne prouve ainsi jamais rien irréfutablement. Au contraire, on ne fait en fait jamais que réfuter des théories, et en proposer ensuite des meilleures, capables de rendre compte des faits qui avaient infirmé la théorie précédente.
Conséquence majeure pour toute théorie : celle-ci doit admettre, au moins virtuellement, la réfutation. Une théorie qui refuserait de se montrer fausse, qui n’admettrait pas son propre caractère conjectural, ne peut prétendre à la scientificité : elle relèverait alors davantage du mythe, du dogme, de l’idéologie. La plupart des théories du complot sont de ce tonneau. Elles sont proprement irréfutables. D’une part parce qu’elles traitent souvent de détails litigieux qui échappent à toute vérification empirique, et donc à toute réfutation empirique. D’autre part parce que, quand bien même on arriverait à leur opposer un fait allant à leur encontre, les théories du complot parviennent, à l’aide de subtiles hypothèses ad hoc, a ne pas s’effondrer en proposant une nouvelle explication parfaitement plausible (selon eux) rendant compte du nouvel élément, et qui agit alors paradoxalement non pas comme une réfutation, mais comme un preuve supplémentaire de la théorie initiale.
Impossible en effet de réfuter un conspirationniste. Opposez-lui n’importe quel fait, n’importe quel argument, il parviendra toujours à s’en servir comme point d’accroche et à le réutiliser à votre encontre, tout comme un judoka se sert de votre propre poids pour vous faire tomber. Preuve, ou sinon indice de la pseudo-scientificité du propos. Argument pour que l’on ne prenne pas au sérieux ses hypothèses dissidentes. Que les théories du conspirationniste parviennent à rendre compte même des faits parvenant à la contredire est, d’un point de vue épistémologique, tout simplement trop beau pour être vrai − le signe d’une inconsistance logique : on peut déduire à la fois a et non a de la théorie.
Deuxième argument : les conséquences involontaires des actions
Dans La société ouverte et ses ennemis, le même Karl Popper proposait un autre argument, fondé sur le fait que les actions que nous entreprenons ont toujours des conséquences inattendues que l’on ne contrôle pas. Tout plan prémédité longtemps à l’avance par d’hypothétiques hommes de l’ombre, même soigneusement calculé, même très réfléchi, à toutes les chances de manquer sa cible. Sa réalisation pratique dans le réel fait dévier le tir émis par les supposés conspirationnistes de sa trajectoire décidée préalablement, et cela pour des raisons simplement logiques.
Comme action ayant des conséquences contraires aux intentions d’un acteur, Popper prend l’exemple du marché immobilier. Quelqu’un souhaitant vendre sa maison au meilleur prix attendra le moment où les prix sont le plus hauts pour mettre la sienne en vente. Mais à peine entrera-t-il sur le marché en proposant sa maison que les prix baisseront puisque l’offre aura augmenté − ce qui manifestement est contraire au projet initial du vendeur.
Toute action a ainsi des conséquences involontaires, et parfois radicalement contraires aux intentions initiales. Non pas même parce que notre connaissance serait bornée et nous empêcherait de distinguer clairement les conséquences de nos actions, mais parce qu’avant cela, certaines actions engendrent des conséquences contraires aux buts qui étaient fixés tout d’abord. On est ainsi toujours obligé de corriger en cours de route, et jamais nous n’obtenons exactement ce que l’on avait décidé.
Il existe − et c’est éclairant − une thèse opposée [à celle posant que les sciences sociales doivent expliquer en faisant l’économie du psychologisme], que j’appellerai la thèse du complot [4], selon laquelle il suffirait, pour expliquer un phénomène social, de découvrir ceux qui ont intérêt à ce qu’il se produise. Elle part de l’idée erronée que tout ce qui se passe dans une société, guerre, chômage, pénurie, pauvreté, etc., résulte directement des desseins d’individus ou de groupes puissants. […] Je ne nie évidemment pas l’existence de complots. Ceux-ci se multiplient même chaque fois que des gens croyant à leur efficacité accèdent au pouvoir. Cependant, il est rare que ces complots réussissent à atteindre leur but recherché, car la vie sociale n’est pas une simple épreuve de force entre groupes opposés, mais une action qui se déroule dans le cadre plus ou moins rigide d’institutions et de coutumes, et qui produits maintes réactions inattendues. Le rôle principale des sciences sociales est, à mon avis, d’analyser ces réactions et de les prévoir dans toute la mesure du possible.
Karl Popper, La société ouverte et ses ennemis, t.2 Hegel et Marx, p. 67-68.
Il y a dans la vie sociale ce que Popper appelle une « logique de la situation » qui impose une déviation aux faits que l’on constate, et qui empêche de pouvoir inférer depuis ceux-ci à un motif psychologique intentionnel. Par exemple, si demain pour un produit A se manifestent un grand nombre d’acheteurs, les prix de A pourraient baisser.
Il est possible que, par un accroissement de leurs achats, les consommateurs contribuent à la baisse du prix de certains objets, en rendant plus profitable leur production en série. Or, selon la théorie de la conspiration, tout ce qui arrive a été voulu par ceux à qui cela profite.
Si l’on s’interroge sur le pourquoi de cette baisse des prix, dirons-nous que les acheteurs ont acheté intentionnellement dans ce but de les faire baisser ? Il est dans leur intérêt que les prix soient bas, mais cet accord entre leurs intérêts et cet état de chose n’est que fortuit, accidentel. Ce n’est pas parce que les choses sont dans un état tel qu’elles sont conformes à l’intérêt d’un sujet que ce sujet en est intentionnellement responsable. La prise en compte de la logique de la situation interdit de pouvoir remonter aux intentions ayant supposément animé l’un ou l’autre acteur.
Troisième argument : l’attribution d’un caractère intentionnel quant aux conséquences néfastes d’une action
Concernant précisément le caractère accidentel, contingent de certaines de nos actions, Josuha Knobe, père de la « philosophie expérimentale », a montré qu’il semble exister en l’homme une tendance à considérer comme intentionnelles et volontaires les conséquences collatérales d’une action lorsque celle-ci sont néfastes, et inintentionnelles et involontaires lorsqu’elles sont bénéfiques.
Pour démontrer ceci, Joshua Knobe présenta à des sujets l’histoire suivante :
Le vice-président d’une compagnie va trouver le président du conseil d’administration et dit : « nous songeons à débuter un nouveau programme. Il nous aidera à augmenter nos profits, mais, en même temps, il détériorera l’environnement. »
Le président répond : « Détériorer l’environnement m’est totalement égal. Je veux juste faire autant de profit que possible. Lancez le nouveau programme. »
Ils lancent le nouveau programme. Et, comme on pouvait s’y attendre, l’environnement est détérioré.
La plupart des gens répondent dans ce cas que le président a intentionnellement endommagé l’environnement. Mais si on modifie un peu l’histoire et que l’on remplace le mot « détériorer » par « préserver », de telle sorte que le scénario devient le suivant :
Le vice-président d’une compagnie va trouver le président du conseil d’administration et dit : « nous songeons à débuter un nouveau programme. Il nous aidera à augmenter nos profits, et il préservera également l’environnement. »
Le président répond : « Préserver l’environnement m’est totalement égal. Je veux juste faire autant de profit que possible. Lancez le nouveau programme. »
Ils lancent le nouveau programme. Et, comme on pouvait s’y attendre, l’environnement est préservé.
Et bien dans ce cas là, il n’y a personne, ou presque, pour dire que c’est intentionnellement que le président a préservé l’environnement. Des considérations morales entreraient ainsi en compte lorsque nous jugeons de l’intentionnalité d’une action. Lorsque tout va bien, on ne cherche pas de responsable ; le bonheur n’est que fortuit. En revanche, lorsque quelque chose va mal, il nous faut un coupable, un responsable, quelqu’un à qui faire porter le chapeau : le malheur ne peut pas être accidentel, il est forcément voulu par quelqu’un, et ce quelqu’un y a sans doute intérêt.
Y a-t-il des guerres, du sang, des larmes, du chômage de la pauvreté ? C’est que quelqu’un le veut sans aucun doute. Est-on en paix ? Vit-on dans la prospérité ? Est-on heureux ? On ne cherchera en aucun cas un responsable. Ainsi, les théories du complot pourraient bien n’être que l’émanation de cette propension anthropologique à chercher un responsable lorsque les choses ne vont pas bien.
Quatrième argument : « que les relations de pouvoir sont à la fois intentionnelles et non subjectives »
En plus de se légitimer à partir d’une épistémologie dogmatique, en plus de se fonder sur une conception erronée de l’action ne prenant pas en compte ses effets accidentels, en plus d’imputer trop rapidement ces effets accidentels à une intention, les théories du complot semble présupposer une conception du pouvoir qui font en manquer sa spécificité.
Les relations de pouvoir sont à la fois intentionnelles et non subjectives. Si, de fait, elles sont intelligibles, ce n’est pas parce qu’elles seraient l’effet, en terme de causalité, d’une instance autre, qui les « expliquerait », mais, c’est qu’elles sont, de part en part, traversées par un calcul : pas de pouvoir qui s’exerce sans une série de visées et d’objectifs. Mais cela ne veut pas dire qu’il résulte du choix ou de la décision d’un sujet individuel ; ne cherchons pas l’état-major qui préside à sa rationalité ; ni la caste qui gouverne, ni les groupes qui contrôlent les appareils de l’État, ni ceux qui prennent les décisions économiques les plus importantes ne gèrent l’ensemble du réseau du pouvoir qui fonctionne dans une société (et la fait fonctionner) ; la rationalité du pouvoir, c’est celle de tactiques souvent fort explicites au niveau limité où elles s’inscrivent − cynisme local du pouvoir − qui, s’enchaînant les unes aux autres, s’appelant et se propageant, trouvant ailleurs leur appui et leur condition, dessinent finalement des dispositifs d’ensemble : là, la logique est encore parfaitement claire, les visées déchiffrables, et pourtant, il arrive qu’il n’y ait plus personne pour les avoir conçues et bien peu pour les formuler : caractère implicite des grandes stratégies anonymes, presque muettes, qui coordonnent des tactiques loquaces dont les « inventeurs » ou les responsables sont souvent sans hypocrisie.
Michel Foucault, Histoire de la sexualité I, La volonté de savoir, p. 125.
Le pouvoir n’est pas quelque chose qui se trouverait dans les mains d’un seul individu ou d’un seul groupe ; il n’émane pas d’un obscur cabinet noir où toutes les décisions seraient prises en secret et qui s’appliqueraient ensuite mécaniquement et très exactement depuis ce point jusque dans le réel. Le pouvoir est au contraire diffus et passe autant par les dominés que les dominants ; il est au moins autant horizontal que vertical, et partout où il y a pouvoir, il y a résistance ; résistance rendant difficile l’exercice de ce pouvoir. Au mieux y a-t-il intention lorsque le pouvoir s’exerce à un niveau local, par exemple d’un individu sur un autre ; à une échelle plus globale en revanche, les complots que l’on croit pouvoir discerner ne sont en fait que des agrégats accidentels de pouvoirs locaux s’étant coagulés les uns aux autres de façon presque contingente.
Le groupe B est-il asservi au seul bénéfice du groupe A ? Peut-être que tout se passe en effet « comme si » ; mais dans les faits, rien ne permet de dire qu’il existe un plan secret élaboré dans l’ombre par le groupe A afin d’établir son empire sur le groupe B. Quand bien même tout se passerait « comme si », cela n’est pas une raison suffisante pour le prouver ; au contraire, il y a toute les chances pour que l’ensemble des tactiques permettant de maintenir le joug sur B, bien qu’ayant émergé peut-être localement de façon intentionnelle, se soient au final réunies en un dispositif d’assujettissement d’une manière qui ne soit que fortuite ; on aurait peine à chercher un responsable, à trouver celui ayant soigneusement mis au point ce dispositif.
Sans doute le plan du panoptique donné par Bentham − cette fameuse prison où l’on est surveillé sans voir ni savoir si on l’est vraiment − est comme le paradigme de toutes les institutions disciplinaires décrites par Foucault dans Surveiller et Punir. Mais y avait-il besoin de Bentham pour que la société prenne ce chemin ? En fait, le « panoptisme » n’est en aucun cas le fruit des seuls efforts de Bentham. D’une certaine manière, il lui préexiste même. Les institutions disciplinaires n’ont pas été pensées et réfléchies par un cabinet noir à partir des plans du panoptique ; en fait, elles ont davantage leur origine dans des procédés locaux. La disciplinarisation de la société n’a pas été pensée d’en haut puis imposée vers le bas, mais au contraire : c’est sur ces procédés disciplinaires locaux qu’elle s’est échafaudée. Rétrospectivement, « tout se passe comme si » cela avait été décidé froidement a priori ; en fait, il n’en est rien.
Cinquième argument : le conspirationnisme comme principe constitutif
Parfois en effet, « tout se passe comme si ». Que tout se passe comme s’il y avait un complot ne signifie pas qu’il y en a un. On pourrait faire à l’idée de conspiration les mêmes remarques que le vieux Kant avait fait en son temps à l’égard des grandes Idées de la raison pure : Dieu, le monde, l’âme. Du point de vue spéculatif, ces Idées n’enrichissent en rien la connaissance que l’on a du monde. L’esprit est conduit naturellement par sa constitution à les produire, et en lui existe une tendance difficilement réprimable à vouloir leur conférer une réalité objective. On en vient à poser ces Idées du fait d’un besoin irrépressible de la raison à vouloir toujours et encore plus unifier les causes explicatives, jusqu’à n’en disposer que d’une seule.
C’est là un principe qui peut avoir une certaine validité heuristique ; on pourrait le rapprocher du rasoir d’Ockham, posant qu’il ne faut pas multiplier les entités plus que nécessaire. Mais il ne faut pas confondre le plan ontique et épistémique ; s’il peut être plus séduisant d’en réduire le nombre sur le second plan, rien n’indique qu’il en soit de même sur le premier : la carte n’est pas le territoire. Poser le complot comme cause unifiante de théories disparates est un principe heuristique que l’on peut peut-être utiliser (Toni Negri milite pour cela), à l’instar du finalisme pour Kant d’une manière réflexive ; le risque, le danger, l’erreur est d’en faire un principe constitutif. Le complot a au mieux une fonction régulatrice dans l’ordre de la connaissance.
Reste à savoir s’il peut exister un usage pratique du complot de la même manière que Kant en réservait un pour les grandes idées. À voir l’usage que les partisans du complot en font, il est permis de douter de toute pertinence de ces théories.
_________________________
[1] Par conspirationniste, on entend ici le partisan des théories du complot, et non celui conspirant. Mais peut-être y a-t-il une conspiration des conspirationnistes ? Ce serait l’être que de poser cette question.
[2] Et même strauss-khaniens pour certains.
[3] Étasuniens et pas américains. L’antiaméricanisme de certains parvient, dans un profond sanglot de l’homme blanc, à se nicher jusque dans une suspicion quant au lexique usuel et donc une réticence à employer ses adjectifs et ses noms.
[4] Il semble que ce soit Karl Popper qui invente l’expression : « théorie du complot ».
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11 mai 2011 à 15:55 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
En ce moment, je n’arrive pas à faire court. Tristesse.
11 mai 2011 à 22:18 Luccio[Citer] [Répondre]
Alors que moi j’essaye… Comme quoi ça se compense peut-être. De même, où sont passées ces subtiles mots en gras et en italique ?
Sinon, cet « étasunien », on est d’accord, tu le mets pour te manquer d’une légère préciosité (quoique ta note 3 semble plus précise) ? Mais il parait que ça se dit de plus en plus chez les géographes (sans qu’ils soient du genre à situer le Japon dans l’hémisphère sud).
Je rirais sans doute encore longtemps de cet adjectif « strauss-kahnien » (note 2).
Ah… Knobe, il me semble qu’on en parle sur Philotropes et dans la revue REPHA.
La photo de Foucault, ça fait un moment que je me dis que c’est vraiment hamleto-science-fictionesque (froid et mécanique !). Mais, pour jouer l’avocat du diable. Depuis Foucault, avec Internet et les sciences du managements, ça se trouve on a ‘hachement progressé et on est capable de faire des complots des grande ampleur. Pense un peu à la belle marinière qui sert de maillot à l’Equipe de France.
J’aime bien (beaucoup) la partie sur Kant.
Un article sobre, drôle et conceptuel qui aborde un sujet brin sulfureux.
12 mai 2011 à 10:31 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Knobe, Repha et Philotropes sont respectivement de très bons philosophe, revue et blog. Je crois qu’une traduction de l’article de Knobe « Qu’est-ce que la philosophie expérimentale ? » est parue dans Repha. Sans doute sera-t-elle un jour disponible sur Internet. Il faudra alors qu’on en reparle.
Pour ce qui est du terme « étasunien », je trouve son émergence dans les discours depuis quelques années très curieuse. L’adoption, la défense et la promotion de ce terme est le fait la plupart du temps d’individus qui, sous leurs différentes appartenances politiques, ont souvent au moins l’antiaméricanisme en commun (j’imagine à cet instant une étude de la corrélation entre la fréquence des occurrences de ce terme et le sentiment antiaméricain ; hypothèse : on parlait peut-être plus d’étasuniens sous Bush que maintenant sous Obama). On l’emploierait pour lutter contre l’orgueil totalisant et totalitaire de ce peuple ayant l’audace universaliste et globalisante de nommer leur propre pays du nom du continent duquel il n’est en fait qu’une petite partie, cette ambition qu’a ce pays de se prendre pour un continent en faisant croire que l’Amérique ce n’est que lui, cette méchanceté qu’a ce pays de faire oublier que l’Amérique, ce sont aussi les autres, tous ces pays présents sur ce même continent qu’il essaye par cette stratégie lexicale de faire oublier, mais dont il se souvient fort bien lorsqu’il s’agit de les exploiter, de les asservir, de les décimer, d’y asseoir des dictatures ; il n’y a pas une Amérique mais des Amériques. Pour ma part, sur cette question, je pense tout comme Zweig dans son Amerigo : « L’Amérique ne doit pas avoir honte de son nom de baptême. Le nom d’un homme ordinaire est mieux adapté à un pays démocratique »
En tout cas, il est vrai que la marinière des Bleus relativise radicalement tous les doutes que l’on pourrait émettre à l’encontre des théories conspirationnistes.
12 mai 2011 à 19:06 Philon Junior[Citer] [Répondre]
Super article! Il reste à parler du succès de ces théories. Et là je vais un peu parler du complot des théories du complot! Leur utilité politique me semble claire : rien de mieux que de dénoncer un complot pour « désigner l’ennemi » (« désigner l’ennemi », c’est l’essence de la politique selon Schmitt). Elles ont aussi un rôle de filtre idéologique. Une fois que l’on adhère à la théorie du complot, tous les discours qui ne vont pas dans son sens sont « complices ». Cela permet de se replier sur les seules opinions compatibles avec la théorie.
15 mai 2011 à 10:44 Luccio[Citer] [Répondre]
Les Strauss-Kahniens ont encore frappé, ils essayent de faire tomber le directeur du FMI.
23 mai 2011 à 3:48 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
C’est bien joli de faire de la philosophie, ou plutôt des élucubrations, mais lorsqu’on lit le livre de Thierry Meyssan, on voit qu’il fourmille d’éléments qui sont parus dans des journaux et qui ne collent pas avec la version officielle.
Déjà, je me demande si l’auteur du texte sait que trois tours se sont effondrées le 11 septembre 2001 à New York, toutes trois à la vitesse de la chute libre, verticalement sur leurs fondations, la troisième (WTC7) n’ayant été percutée par aucun avion. Le spécialiste en démolition contrôlée Danny Jowenko, en en découvrant les images, ne doute pas qu’il s’agit d’une démolition contrôlée. Scott Forbes conclut que les jours précédant les attentats, les coupures de courant avec installation de nouveaux câblages dans la tour où il travaillait était en fait l’installation des explosifs.
Par contre, il n’y a pas ce genre d’éléments qui veulent faire croire qu’il n’y avait pas de Juifs dans les tours, pour discréditer les dubitatifs en les accusant d’antisémitisme.
Meyssan est parti des images du Pentagone, et pas de la question: « A qui profite le crime? »
Pour conclure en faisant de l’épistémologie, j’invoquerai Thomas Kuhn plutôt que Karl Popper: comme il y a une science normale qui évacue ce qui sort des cadres de son paradigme, il y a une pensée normale qui se refuse à remettre trop de pensées confortables et conformistes en cause, en éludant certains faits.
23 mai 2011 à 21:04 Luccio[Citer] [Répondre]
C’est vrai ça Oscar.
Alors, tu savais pas pour la tour WTC (qui abrite les fichiers de la CIA) ? Tu savais pas pour le fait que quand la tour s’écroule en une fois elle tombe en une fois (peut-être aussi parce qu’on construit pour que les choses tiennent en une fois) ? Tu savais pas que Kuhn il est plus fort que Popper ?
Bon, après y’en a aussi qui savent pas que Kuhn il dit pas que la science normale c’est mal, ou que Popper est bien au courant que des faits échappent aux théories mais que ce n’est pourtant pas la peine d’échafauder les théories les plus farfelues (ce qui peut faire le pont avec, enfin surtout contre, le 5ème argument sur le conspirationnisme heuristique).
[Ouais Lucas, ici on est un peu corporate]
24 mai 2011 à 5:40 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
Plus on accumule d’éléments, plus c’est la théorie officielle qui apparaît farfelue.
Faites le parallèle avec les attentats en Russie en 1999, pour installer le pouvoir de Poutine en désignant les Tchétchènes comme ennemi extérieur (c’est du René Girard: trouver un bouc-émissaire extérieur pour unifier le peuple derrière ses dirigeants et faire ce qu’on veut).
Il est maintenant clair pour la politologue russologue Hélène Blanc sur Radio France que c’était des attentats faits par les services secrets russes: http://www.france-info.com/monde-europe-2011-01-25-attentat-suicide-a-l-aeroport-de-moscou-domodedovo-la-piste-511239-14-15.html
Rappelez-vous l’assassinat de l’ex agent du FSB Alexandre Litvinenko, empoisonné au plutonium, qui avait écrit sur l’origine interne, d’état de ces attentats http://www.liberation.fr/monde/010114589-alexandre-litvinenko-empoisonne-par-du-polonium
24 mai 2011 à 9:22 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Vous raisonnez par analogie. Mais ce n’est pas parce que l’événement E1 est un attentat, que l’événement E1 est dû à un « complot » C1 (je ne discute même pas de savoir si ça l’est ou pas), et que si l’événement E2 est aussi un attentat, alors cet événement E2 est également dû à un complot C2. Dans un autre registre, ce n’est pas parce que toute maison demande d’avoir été conçue par un architecte, et que parce que le monde est comme une maison, qu’il y a un architecte du monde (genre un Dieu ou un démiurge). Hume avait détruit ce genre de raisonnements dans les Dialogues sur la religion naturelle.
24 mai 2011 à 9:50 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
Je suis d’accord avec la première partie. La seconde est sans pertinence parce que je ne parle pas de deux choses sans commune mesure (une maison et le monde), mais de deux attentats attribués à des terroristes externes, et qui ont renforcé le pouvoir exécutif en l’amenant à une guerre contre des ennemis extérieurs désignés par lui.
Je voulais dire que la réalisation implique la possibilité.
S’il y a une douzaine d’années, un des Etats les plus puissants, dont le président et le parlement sont élus par les citoyens, a pu monter des attentats en les attribuant à des rebelles (étrangers, islamistes), que la version officielle est celle qui a été le plus relayée par les médias dominants en Occident, et qu’il faut une douzaine d’années pour qu’on affirme sans contestation dans ces médias maintenant qu’il évident que l’attribution officielle des attentats était mensongère, cela montre que c’est possible, encore plus pour l’Etat le plus puissant et dont l’idéologie et les liens sont encore plus forts avec le reste de l’Occident.
24 mai 2011 à 14:55 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Certes oui : possible. Mais du possible au réel, il y a un pas qu’il n’est pas aussi simple que cela de franchir. C’est le même qui fait soi-disant passer d’une définition de l’être nécessaire en tant qu’il est ce qu’il y a de plus parfait ou de plus grand, à l’existence même de cet être – qui est le ressort caché, selon Kant, de l’argument ontologique cher à Descartes ou St Anselme. Il convient donc là encore d’être circonspect.
En passant, je suis chaque fois très frappé de constater que les arguments critiquant la théologie rationnelle ou naturelle peuvent s’appliquer tout aussi bien aux thèses conspirationnistes. Il semble en effet que ce soit formellement le même type de raisonnement qui est utilisé. Comme si la mort de Dieu faisait qu’il fallait employer cette énergie à d’autres objets. Le conspirationniste : un effet secondaire de la postmodernité.
24 mai 2011 à 16:18 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
C’est déjà un grand pas en avant, si vous estimez possible que de grands Etats au gouvernement et au parlement élus par des citoyens peuvent organiser des attentats sur leur territoire tout en accusant des comploteurs externes. Car pour de nombreuses personnes, cela reste du domaine de l’impensable…
Ensuite, pour prouver que ce n’est pas seulement possible, mais réel, ce n’est évidemment pas simple, puisque les gouvernements ont dans ce cas beaucoup de moyens pour le dissimuler, mais dans le cas où c’est réel, des éléments factuels et des témoignages filtrent.
Et c’est bien le cas pour les attentats de 1999 en Russie et de 2001 aux Etats-Unis.
Je crois que vous errez avec votre raisonnement analogique assimilant la théologie avec le conspirationnisme contemporain. Celui-ci a à voir avec le développement d’internet, et la possibilité de vérifier et d’accéder à certaines informations qui n’étaient que des rumeurs avant. Je me rappelle avoir entendu dans les années 1980 que François Mitterrand avait une fille et le cancer. Ce n’étaient que des rumeurs invérifiables et insourçables pour l’adolescent que j’étais.
A cela s’ajoute que les meneurs abusent de leur pouvoir, comme ils l’ont fait le 11 septembre 2001. D’autres événements renforcent le complotisme. La crise financière a fait découvrir à beaucoup de gens (dont moi fin 2008) que la monnaie est créée par les banques privées par le crédit et que la dette publique est une sorte d’escroquerie légalisée, et les banquiers des faux-monnayeurs légaux, comme l’a écrit l’unique Prix Nobel d’Economie français, Maurice Allais.
D’autres affaires, médicales comme celle de la grippe H1N1, ont fait que les gens ont eu accès à d’autres sources qu’a ce qui domine dans les médias relayant les messages gouvernementaux guidés par les laboratoires pharmaceutiques cupides.
24 mai 2011 à 19:12 julio[Citer] [Répondre]
Moi je propose à Lucadeparis d’aller lire Feyerabend, il est encore plus fort que Kuhn et Popper. En plus, il a plein d’arguments et d’anecdotes facilement ré-employables lorsqu’on est conspirationniste.
Par contre, selon une source non-officielle le spécialiste en démolition Danny Jowenko travaillerait en fait au rayon bricolage du Wall-Mart de Truxel Road à Sacramento.
[@Luccio, toujours pas d’article de prévu, mais j’espère que la qualité de ce commentaire te fera sentir à quel point tu avais tort de m’en demander un.]
24 mai 2011 à 19:45 Luccio[Citer] [Répondre]
Cher Julio,
1) Feyerabend il est moins fort que Kuhn et Popper, car ils sont deux contre un
2) Veuillez, je vous prie, cesser toutes ces connivences
3) Je confirme cependant votre propos : je connais par exemple un type qui croit qu’on cache les archives romaines qui prouvent que Jésus avait des frères et sœurs, un fan de Feyerabend
Ce dernier a beau être un imbécile, son commentaire morbleu est sympa ; j’attends impatiemment qu’il propose un billet.
Après il faut voir quelle est l’attente du côté d’Oscar, car on est ici chez lui.
24 mai 2011 à 19:50 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
Kuhn me plaît car il indique l’importance de l’imitation et du conformisme dans la science, comme dans tout ce qui est social.
Je suis d’accord avec Feyerabend par rapport à la science telle qu’elle est faite, c’est-à-dire que celui qui paie le flûtiste choisit l’air (who pays the piper plays the game), et les dés sont pipés par le financement.
Effectivement, des paysans ont pu avoir raison contre des scientifiques, comme dans le cas des pierres qui tombaient du ciel (météorites).
A propos de Jowenko, sa firme Jowenko Explosieve Demolitie B.V. a son site là: http://www.jowenko.com/ , et son analyse de l’effondrement de la tour WTC7 comme démolition contrôlée est ici sous-titrée en français: http://www.youtube.com/watch?v=SmdWBNA_r_4
24 mai 2011 à 20:02 naiboc[Citer] [Répondre]
Et Luccio qui perd ses écouteurs offerts par son cher frère ? Y a pas de la conspiration dans l’air là ?
ah
édito : en fait il est bordélique ^^
24 mai 2011 à 21:36 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
Ah oui, je ne parvenais pas à me remémorer un autre exemple où des observateurs avaient raison contre les scientifiques qui n’y croyaient pas: c’est le cas des vagues scélérates observées par des marins.
25 mai 2011 à 0:57 julio[Citer] [Répondre]
Un autre exemple sympa de Feyerabend, c’est une supernova qui a illuminé le ciel pendant quelques années en plein Moyen Age, on en fait état dans des archives (tenues secrètes ou non c’est selon vos goûts) un peu partout dans le monde lettré sauf dans l’occident chrétien. Les scientifiques de l’époque (ou métaphysicien, là aussi selon vos goûts) ne l’ont pas vue puisque tous aristotéliciens qu’ils étaient, ils ne perdaient pas leur temps à regarder le ciel où il ne se passe rien : Aristote enseignant en effet que cette sphère est incorruptible.
Mais arrêtons-là avec les épistémologues, si ce cher Oscar en faisait bon usage en nous montrant les ressorts du conspirationnisme, il me semble que vous Lucadeparis, vous vous trompez de « niveau » d’emploi en faisant descendre dans les discussions-mêmes l’épistémologie :
par exemple.
Il ne me semble pas que ce soit une dispute scientifique ici avec des « théories » qui s’affrontent. Certes, il y a des faits dont il faut rendre compte mais je ne suis pas sûr que cela nécessite une théorie. L’approche d’Oscar était extérieure au contenu des débats. Le parallèle conspirationniste/scientifique incompris me paraît tout aussi satisfaisant que celui que vous proposiez sur les attentats.
Du coup, il me semble que là il faut chercher les élucubrations, c’est à l’intérieur du débat, chez Meyssan par exemple, qui est quand même capable d’écrire un livre sur une seule photo (vous comprendrez que je ne trouve pas que son livre « fourmille » d’éléments). Bref, un autre trait paradoxal du conspirationniste, qui l’éloigne du scientifique, c’est qu’il adore la bonne grosse évidence en même temps qu’il la refuse :
« voyez cette photo du Pentagone troué » on ne voit pas d’avion dessus, c’est donc qu’il n’y en avait pas.
Pour illustrer cette dernière idée, il suffit de jeter un coup d’œil aux vidéos sur le complot lunaire, qui expliquent pleines d’assurance que les Etats-uniens ne sont jamais allés sur la Lune parce que :
-on voit sur les photos qu’il y a plusieurs sources de lumière
-le drapeau flotte
-etc.
Il est facile de répondre point par point mais il est plus simple de retourner l’évidence ; si c’est un complot pourquoi des erreurs aussi grossières ?
25 mai 2011 à 10:48 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
Julio, vous écrivez que « L’approche d’Oscar était extérieure au contenu des débats. ». Relisez le début de l’article d’Oscar Gnouros, car il contient une caricature des thèses de Thierry Meyssan.
Vous faites une caricature comparable en affirmant que Meyssan est « capable d’écrire un livre sur une seule photo ». Vous devriez aussi le (re)lire. Il y a beaucoup de photos (de la façade avant son effondrement, de la pelouse intacte, du reste d’une turbine trop petite pour l’avion incriminé, du trou du 3e anneau du Pentagone, des poteaux), et bien d’autres éléments, évidemment, dans un livre de 200 pages, par exemple:
– Capitaine des pompiers Ed Plaugher, écartés du lieu du crash au Pentagone, p. 21-22
– Pompiers de New York contestant que les structures métalliques soit fragilisée par une chaleur énorme de la combustion du carburant, p. 34
– Pompiers ayant entendu des explosions, p. 34
– Firme Odigo, recevant des messages d’alerte avant les attentats, selon son directeur Micha Macover, dans le quotidien Ha’aretz, p. 37, 63, 95
– Niaz Naik, diplomate pakistanais, p. 136 (affirmant que la délégation états-unienne menace à la mi-juillet régler militairement le désaccord avec les Talibans), p. 138-139 (affirmant que le Pakistan, craignant une forte pression anglo-états-unienne, invite une délégation chinoise à Islamabad, lui promet une ouverture vers l’Océan Indien en échange d’un soutien militaire, ce qui incite les Anglo-États-Uniens à attaquer plus tôt)
– Transpondeurs des quatre avions officiellement détournés le 11 septembre 2001 ont cessé d’émettre, p. 168
– Lieutenant Delmart Edward Vreeland, de la Naval Intelligence, témoignant le 12 aoùt 2001 des attentats à venir, p. 171-173
A propos des hommes sur la Lune, qui est un cas qui m’a guère préoccupé car l’enjeu est faible (je trouve plus important que des astronautes comme Gordon Cooper, des missions Mercury et Geminy, et Edgar Mitchell, 6e des 12 hommes sur la Lune, aient parlé d’ovnis et de contacts humains avec des personnes extraterrestres), je vous rapporte ce que m’a dit un ami, qui a un DEA de physique à Jussieu, est pilote et haut-gradé dans la marine (l’aéronavale), ce qui lui permet un certain accès à des documents confidentiels, et fut candidat pour devenir astronaute. Il avait des doutes sur la premières des missions d’alunissage humain (Apollo 11) mais m’a dit que que les documents auxquels il a eu accès l’ont convaincu que toutes les missions ont eu lieu, mais qu’il y avait eu des photos faites en studio qui ont pu entretenir le scepticisme. Par ailleurs, ce militaire (comme beaucoup de militaires) soutient la thèse du complot non pas externe, mais interne, à propos des attentats du 11 septembre 2001.
25 mai 2011 à 14:08 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Je pense au contraire en avoir fait un bon résumé, quoi que d’une manière un peu parodique. Pour ce qui est de la thèse sur les Juifs qui prétendument n’auraient pas été là le jour de l’attentat, j’ai pris soin de dire :
Ceci afin de distinguer ce qui est proprement la thèse de Meyssan de ce que certains lui attribue.
Je tiens à rappeler que je ne nie en aucune façon le droit légitime à douter des théories officielles. Le doute et la critique sont au fondement même de la philosophie, de la science, de la démocratie, et Popper vous dirait la même chose : la marche vers la vérité, que l’on sait inaccessible, se fait par conjectures et réfutations, essais et erreurs, théories et critiques de ces mêmes théories, afin d’en proposer des meilleurs. Seulement, cette critique légitime est à distinguer de celle qui s’emploierait à saisir le moindre détail trouble pour invalider la théorie dite officielle, et saisir ce même détail trouble comme élément prouvant la théorie adverse bien souvent conspirationniste. Il s’agit là du ressort de la méthode dite hypercritique qui n’est qu’une fumisterie.
C’est une méthode semblable qui, je crois, permet à Feyerabend − mais là, je ne suis pas spécialiste et m’aventure un peu − de pouvoir mettre en doute toute théorie en physique. Si on admet qu’une théorie doit reposer sur des faits observables, il est toujours possible de nier les faits observés en refusant les théories annexes qui permettent de les objectiver, c’est-à-dire en allant critiquer toujours et encore plus. Et de fait, comme on ne peut jamais rien démontrer indubitablement, on se rend compte en dernière analyse que rien n’est jamais fondé solidement : cf. la maison sur pilotis de Popper.
Par ailleurs, je suis à chaque fois surpris par cette faculté qu’à le conspirationnisme de pouvoir agencer et articuler les faits de la manière dont il le fait. Bien souvent, lorsque quelqu’un doute de la version officielle pour un événement bien particulier, il ne se contente pas de douter, de critiquer, de rejeter uniquement celui-ci. En effet, la plupart du temps, toutes les versions dites officielles pour tous les événements depuis l’aube des temps sont remises en cause, et l’on trouve mêlés dans une même théorie-bloc à la fois les Templiers, les Illuminatis, JFK, le 11 septembre, Lincoln, la femme de chambre de DSK, Appollo 11, Roswell, Bigfoot, le Yéti, Giordano Bruno, Paracelse et les écouteurs du frère de Luccio.
25 mai 2011 à 15:24 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
Je maintiens que ce que vous écrivez sur les thèses de Meyssan est une caricature, par exemple lorsque vous écrivez « les services militaro-espionno-industrio-secrets américano-sioniste » « Et même strauss-khaniens pour certains. », ajoutez-vous en note. Vous insistez sur ce qui n’est repris par aucun des dissidents sérieux de la thèse officielle, comme dire qu' »il n’y aurait pas de juifs » dans les tours.
Vous attribuez à tous les dissidents, avec les mots de Popper, « la thèse du complot, selon laquelle il suffirait, pour expliquer un phénomène social, de découvrir ceux qui ont intérêt à ce qu’il se produise. »
Ce n’est nullement pertinent dans le cas de Meyssan, qui est parti de l’analyse d’images et de faits, qui ne collent toujours pas avec les écrits des commissions officielles. (Ce serait pertinent pour des gens qui, ces derniers jours, pensent que DSK est victime a priori d’un complot et cherchent à qui profite le crime.)
Ce ne sont pas quelques « détails troubles », mais une multitude de faits et de témoignages. Il ne s’agit pas d’hypercritique mais d’une théorie officielle (celle des commissions gouvernementales des Etats-Unis) très critiquable, et même réfutable.
Lorsque Judy Wood fait une analyse physique dans sa « Réfutation de la Théorie Officielle de l’Effondrement » des tours (http://drjudywood.com/articles/BBE/BilliardBalls.html), il ne peut pas s’agir de ce qu’on appelle dans le lien que vous donnez « une analyse suspicieuse et à charge de détails insignifiants ou connexes à un sujet ». Il s’agit au contraire du coeur. Je comprends qu’on parle d’hypercritique s’il s’agit de prétendre démonter une thèse en s’en prenant à une erreur minime, un lapsus, une imprécision. Ce n’est pas du tout le cas. Par ailleurs, la distinction est bien floue, et ce sera le plus souvent l’autorité dominante qui décidera ce qui est « pensée critique » ou « hypercritique ».
Vous finissez par une autre caricature qui montre un certain refus de la nuance, une recherche de boucs-émissaires, d’idiots de la pensée selon vous. Si on prend l’exemple de Thierry Meyssan, puisque c’est le seul dissident que vous mentionnez, il n’y a aucune « théorie-bloc » de la douzaine d’éléments plus ou moins drôlatiques que vous mentionnez.
25 mai 2011 à 19:33 Luccio[Citer] [Répondre]
Ah non Oscar, tu ne suis pas, il s’agit bien de MES écouteurs, même si c’est mon frère qui me les a offert. Ils ont d’ailleurs été retrouvés — pas comme toutes ces chaussettes qui manquent à l’appel.
Idée non-popperienne : et si on disait qu’on s’arrête tous un peu là ? Car on est au seuil d’une discussion qui pourrait s’avérer longue ET redondante. En plus ça conclurait en « laissant le dernier mot à l’adversaire », ce qui est plutôt classe.
25 mai 2011 à 19:55 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
Je suis d’accord.
En conclusion, je dirais que je peux être d’accord avec les arguments de l’article (et de Popper), mais que selon moi, ils ne s’appliquent pas au 11 septembre 2001, ni à Meyssan. S’applique plutôt pour moi cette partie de la citation de Popper:
« Je ne nie évidemment pas l’existence de complots. Ceux-ci se multiplient même chaque fois que des gens croyant à leur efficacité accèdent au pouvoir. ».
3 juin 2011 à 11:59 dd[Citer] [Répondre]
La nécessaire universalité du complot, by Jean-Jacques, qui en connaissait un rayon dans ce domaine (peut-être trop); Deuxieme promenade
» Mais cette fois j’allai plus loin. L’amas de tant de circonstances fortuites, l’élévation de tous mes plus cruels ennemis affectée pour ainsi dire par la fortune, tous ceux qui gouvernent l’Etat, tous ceux qui dirigent l’opinion publique, tous les gens en place, tous les hommes en crédit triés comme sur le volet parmi ceux qui ont contre moi quelque animosité secrète, pour concourir au commun complot, cet accord universel est trop extraordinaire pour être purement fortuit. Un seul homme qui eût refusé d’en être complice, Le seul événement qui lui eût été contraire, une seule circonstance imprévue qui lui eût fait obstacle, suffisait pour le faire échouer. Mais toutes les volontés, toutes les fatalités, la fortune et toutes les révolutions ont affermi l’oeuvre des hommes, et un concours si frappant qui tient du prodige ne peut me laisser douter que son plein succès ne soit écrit dans les décrets éternels. Des foules d’observations particulières soit dans le passé, soit dans le présent, me confirment tellement dans cette opinion que je ne puis m’empêcher de regarder désormais comme un de ces secrets du ciel impénétrables à la raison humaine la même oeuvre que je n’envisageais Jusqu’ici que comme un fruit de la méchanceté des hommes. »
3 juin 2011 à 12:45 Gnouros[Citer] [Répondre]
Le conspirationnisme, un rousseauisme : voici sans doute l’argument le plus destructeur.
3 juin 2011 à 17:38 Luccio[Citer] [Répondre]
C’est aussi une preuve (contraposée ?) que la volonté générale c’est pas pour demain.
17 avril 2013 à 19:21 Luccio[Citer] [Répondre]
Ah ah ! On dirait un dessin qui résume atrocement l’article, mais drôle quand même.
http://cereales.lapin.org/index.php?number=2779
17 avril 2013 à 21:20 Lucadeparis[Citer] [Répondre]
Je ne trouve pas que le dessin résume l’article, car il s’agit d’orgueils rivaux qui s’attribuent l’origine exclusive, la puissance de faire intentionnellement l’histoire (un « mensonge romantique », dirait René Girard), alors que lorsqu’il y a conspiration, il y a au contraire dissimulation de ses intentions et agissements.
18 avril 2013 à 8:15 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Idem, je trouve qu’il n’y a qu’un rapport très lointain entre l’idée conspirationniste d’un côté, et de l’autre la controverse historiographique de savoir si ce sont davantage les masses ou les grands hommes qui font l’histoire.
18 avril 2013 à 19:31 Luccio[Citer] [Répondre]
Je vais essayer de rendre clair mon premier sentiment (je pourrais aussi changer d’avis, mais c’est moins drôle). Mettons du clair et distinct un brin lourd dans la légèreté de mon humour.
I Les grands hommes contre les masses
Dans le dessin, l’auteur montre comment on n’explique l’histoire ni par les actions des grands hommes, ni par les actions des masses, car au fond l’histoire est le résultat d’un bordel inexplicable. Voilà pour la controverse historiographique.
D’ailleurs il faut que je précise qu’ici j’imagine que c’est l’histoire considérée autant sous un angle général (par exemple en supposant un mouvement général de type progrès) que sous un angle particulier, c’est-à-dire l’histoire de tel ou tel événement.
Les deux thèses explicatives sont en outre représentées par deux personnages qui se disputent la primauté ; un peu comme si Elisabeth II divergeait d’opinion avec un membre du PCF à propos de leurs poids respectifs dans l’histoire. Voilà pour l’orgueil.
II Le rôle du gros bordel
Mais aux deux belligérants, le dessin oppose le gros bordel (puis le sexe dans le votey, mais c’est une autre affaire).
C’est tellement un gros bordel que les schémas explicatifs, ou les types qui les revendiquent pour eux, passent pour des Nimbus.
Ainsi, le fond de l’histoire échappe à l’explication, qu’elle soit déterministe (les masses) ou intentionnelle (les grands hommes).
Résumé un peu pédant : le gros bordel ontologique détruit les prétentions de ces schémas explicatifs. Petite extrapolation : l’histoire échappe à tout schéma explicatif. Voyons-en un en particulier.
III Le schéma explicatif intentionnel
Son modèle sont les grands hommes, mais il fonctionne aussi pour les classes sociales. En effet, ces dernières sont, en gros, des masses qui agissent comme des personnes douées d’intentions (parfois parce qu’il y a effectivement des hommes qui se hissent à leur tête, mais pas toujours).
Or les conspirations, les théories du réseau, etc. sont une extension de ce schéma intentionnel. Même si les intentions sont cachées, elle jouent un rôle prépondérant, et on cherche les mobiles derrière les actions. Le mobile ou l’intérêt demeurent le fond de l’affaire.
Conclusion : ainsi le dessin oppose le gros bordel (comme facteur de l’histoire) à qui ne sait pas le voir, occupé qu’il est par son schéma explicatif des événements.
Ça ressemble quand même au deuxième argument du billet(et un peu aussi au 4, mais ça reste flou), c’est comme ça. Voilà pourquoi je l’ai mis là.
Si j’étais un brin taquin, je vous suggèrerais à l’un comme à l’autre que vous êtes resté aux premières vignettes et que vous avez vite oublier l’immensité du gros bordel. Mais je ne le suis pas, et vous prie de pardonner ma trop longue réponse.
21 avril 2013 à 13:35 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
J’avais compris l’interprétation, mais je persiste à dire qu’elle n’a un rapport que très lointain avec l’illustration. Pour faire court (j’avais écrit tout un paragraphe, mais je trouve que ça fait un commentaire un peu trop « Luccio »), il me semble que :
1) Le thème de l’illustration est l’invalidation de la revendication qu’ont certains groupes sociaux d’être à eux seuls les moteurs de l’histoire, qui est invalidée par le « gros bordel ».
2) La théorie du complot ne revendique pas être au contrôle de l’histoire, mais au contraire projette ces intentions sur d’autres groupes sociaux particuliers. Elle ne dit pas « je fais l’histoire », mais bien plutôt « je ne peux pas faire l’histoire car d’autres la font à ma place ».
3) Partant, un théoricien du complot n’aurait pas pu être représenté dans l’image sans contradiction avec les autres symboles, et être critiqué par « le gros bordel ».
4) La seule chose qui put être représentée niveau complot sans contradiction, ce fut un groupe de conspirationnistes, par exemple une étoile de David, affirmant « ce sont nous les Juifs qui faisons l’histoire ». Mais alors, ce me semble être davantage une prise de position en faveur des théories du complot, puisque cela conduit à poser qu’il y a effectivement des Sages de Sion qui pensent être les maîtres du monde.
5) Ou alors, il eut fallu que les masses disent que « ce sont les élites qui font l’histoire » et que l’élite disent que « ce sont les masses qui font l’histoire », et alors Alain Soral eut pu dire que « ce sont les américano-sionistes qui font l’histoire ».
6) D’où le fait que cette dénonciation du complot n’est qu’un enjeu lointain de l’illustration, auquel on ne peut arriver que par un long détour, presque aussi long qu’un commentaire type « Luccio ».
21 avril 2013 à 16:19 Luccio[Citer] [Répondre]
Dès le début il y a mésentente, il ne s’agit pas tant de revendications que d’épistémologie, comme tu le disais dans ton premier commentaire (avant que tu ne changes d’avis). Un petit point de vue ne suffit pas à rendre compte de tout.
Je rajoute quant à moi que c’est un point de vue intentionnel, et donc que tout ça colle très bien au texte (cela tu le saurais si, en plus d’expliquer ton désaccord et tes arguments, tu avais un peu pris la peine de lire la merde ci-dessus que je me suis forcé à écrire pour bien expliquer le rapport article-dessin et qui a déjà anticipé ton objection, parce que quand même je suis un gars honnête) ; même si ça reste une interprétation, elle n’est pas loin.
Enfin, je me hasarderais à supposer que le dessin, dessiné par un complotiste, aurait rajouté, à la place du gros bordel, un 3ème personnage qui espionne les deux premiers en train de se disputer et qui rigole sous cape(le réseau).
Ce personnage lui-même serait bien plus petit que le gros bordel.
Conclusion : un théoricien du complot aurait plutôt à trouver le gag pas drôle, simpliste, etc. (mais c’est pas non plus une espèce prédéfinie, ça peut varier).
Post-Scriptum : je me permets de signaler que dans « qui résume atrocement l’article », il fallait surtout lire « atrocement » (et que j’ai peut-être été un peu vite en mettant « résume »). Il s’agissait notamment de signaler combien sont sûrs d’eux ceux qui ont des modèles d’explication et s’y accrochent. Le plus fou me semblant être le modèle d’explication intentionnel du complotiste, qui lui permet d’en expliquer bien des choses.
La revendication, dans le dessin en lui-même, m’apparaît peu importante, et elle doit être oubliée dès que je fais le lien avec l’article (mais c’est le risque des symboles, comme le remarquait si bien Hegel, ils sont équivoques, et certains peuvent croire que le lion est le signe de la puissance parce que les hommes puissants sont poilus).
21 avril 2013 à 16:39 Luccio[Citer] [Répondre]
Ah ah, en ce qui me concerne ce dimanche n’est donc pas tant printanier que chicanier.
En tout cas si t’as raison, c’est une une nouvelle preuve que nos évidences sont construites. Car pour moi le rapprochement fut immédiat (l’interprète qui fulmine et ignore le gros bordel).