Le sanglot du grand masturbateur
Qui se perd par hasard ou par vice sur l’un ou l’autre site pornographique découvre vite des invariants dans les descriptions du matériel excitatoire proposé. La plupart du temps, il s’agit d’une mise en exergue du plaisir féminin. Des variations sur la phrase type : « cette/ces fille(s) prend(nent) plaisir à faire ceci et/ou cela » − ce qui autorise un nombre de combinaisons impressionnant, et ouvre par là même un espace de liberté très propice à la créativité littéraire : dans pornographie, il y a graphie.
Servir authentiquement la science impose comme un impératif au chercheur consciencieux d’épouser au plus près l’objet étudié, au point de risquer de souiller son âme de façon indélébile et de perdre toute innocence dans un geste faustien, lorsqu’il s’attaque à des sujets ténébreux. Ne fuyant pas devant cet impérieux devoir, nous avons hélas ! dû pécher en pêchant [1] quelques exemples pour illustrer notre propos.
Lecteur, si tu es toujours mineur, il est peut-être temps pour toi de détourner ton regard de cette page, et de ne découvrir la suite que lorsque tu auras soufflé le nombre suffisant de bougies − la tension provoquée par l’attente n’en procurera un plaisir que plus grand, et tu nous remercieras.
Quelques exemples, donc, de teasers :
« Idem pour une double vaginale, la garce ne recule devant rien, elle fait tout, elle aime la bite, et avoir les trous bien dilatés, c’est son plus grand kiffe ! »
« La salope prend son pied avec la double pénétration ! Son trou de balle est bien dilaté et les gars défilent dans son anus chacun leur tour afin de rassasier cette pétasse. »
« La garce aime tellement la bite, qu’une seule ne lui suffit plus ! »
« Son rodéo est formidable et elle prend vraiment son pied ! La pétasse en prend plein la chatte et crie de joie ! »
« Que ce soit dans la bouche ou dans la chatte, la bite n’a plus de secrets pour elle ! Cette pétasse adore baiser, ça se voit ! »
« Deux chanceux débarquent pour rassasier cette cochonne, qui n’hésite pas à les sucer en profondeur ! Cette pipeuse affamée en prend plein la bouche pour son plus grand plaisir ! […] Une bite n’est plus suffisante pour cette garce et elle entame très rapidement la double pénétration ! Cette fille aime le hard, ça se voit ! »
« Gia n’a droit à aucun répit et goûte très vite au plaisir de la double pénétration ! Elle hurle de joie quand ses deux trous sont comblés ! »
En revanche, dans ces juteuses descriptions, jamais, ou rarement, il n’est question du plaisir masculin. Au mieux, on explique que la/les fille(s) fait(ont) ceci et/ou cela parce que cela va donner du plaisir à l’homme. Mais la référence au plaisir de l’homme est, la plupart du temps, muette, non dite.
Or, à l’évidence, la scène filmée est censée donner du plaisir à celui qui va la regarder, et qui est usuellement un homme : c’est une vérité statistique difficilement contestable que le porno mainstream s’adresse en grande majorité aux hommes. Le plaisir masculin devrait donc au contraire s’afficher très clairement. Au lieu de quoi les stigmates du plaisir sont presque invisibles sur l’homme : elles se limitent la plupart du temps aux dernières secondes consacrées à la décharge finale, lorsque l’étalon est à l’acmé de ce que lui permet son idiosyncrasie physiologique.
Du reste, on ne voit que très rarement l’homme en son entier. Dans le porno, l’homme n’est qu’une bitte : son corps en est réduit à son phallus. A contrario, le corps de la femme accède à une dignité plus grande : hors les plans gynécologiques, il arrive que l’on s’attarde sur elle en son entier. Preuve de cette disparité : dans ces films, hormis quelques vieilles gloires roccosiffrediennes, l’acteur reste la plupart du temps anonyme, alors que les actrices parviennent plus facilement à la renommée. L’homme n’est qu’un figurant, au mieux un second rôle, un faire-valoir, pendant que les projecteurs sont braquées sur la femme dont le plaisir tient le rôle principal.
Mais quel est en fait ce plaisir pris par ces femmes dans ces films que ces descriptions nous promettent ? Les actrices en manifestent tous les signes, notamment par ces cris effrayants à en rendre un ours timide, devant montrer, voire démontrer l’orgasme. Plaisir bien souvent simulé − et en ce sens, les pornostars méritent parfaitement le titre d’actrices −, qui donc est en grande partie artificiel. Le plaisir féminin est par conséquent bien un impératif : s’il ne résulte pas naturellement des acrobaties périlleuses, on le forcera à exister.
Pourquoi cette obsession du plaisir féminin manifesté ? Est-ce une façon pour l’homme de se rassurer en se disant que la femme prend du plaisir à l’exercice ? Est-ce parce que l’homme veut faire jouir plutôt que jouir ? Parce que pour lui, le jouir passe par un faire-jouir sur le mode de l’empathie : sentir comme si on était « à la place de » ?
Avant tout, il y a ceci : l’idée de la salope. Ces pornos mettent en scène la plupart du temps des rapports de domination par le jeu de situations humiliantes et dégradantes à l’endroit du « sexe faible » qui, pour le coup, l’est vraiment : voir par ailleurs le cas de l’ami Max Hardcore. Le spectateur homme qui éprouve du plaisir à contempler ce genre de spectacle, où la femme est viandifiée, répugnerait à coup sûr qu’on le traite lui-même de la sorte. Ce qui est en scène est donc une situation où l’on ne devrait pas prendre de plaisir, mais où, paradoxalement, la femme exhibée en est inondée, au point d’en déborder littéralement.
La thèse latente de tout cela ? Le rapport sexuel est dégradant ; il ne faut pas éprouver de plaisir durant l’acte sexuel ; l’homme n’en éprouve pas ; seule la femme peut et doit en éprouver ; celle qui en éprouve est une salope ; plus elle en éprouve et plus elle l’est.
Dans cet entêtement de l’homme à ne pas vouloir reconnaître qu’il a du plaisir durant l’acte, il y a donc comme un refus de la jouissance. Comme un fond de vieille culpabilité ; un vieux fond de culpabilité peut-être même chrétienne : c’est sale, il ne faut pas aimer cela, seule la femme aime, et elle doit pour cela être suppliciée pour ne pas être restée vierge. Conséquence de sa luxure, le supplice devient même cause de celle-ci, tant la femme est perverse. Le porno rend coupable la femme, coupable, à nouveau coupable après avoir croqué la pomme en ces temps ancestraux. Elle est une salope, elle ne veut que jouir ; parce qu’elle veut du plaisir, l’homme, finalement, cède. Si elle n’était pas une salope, jamais l’homme ne jouirait. Le scénario de tout ce type de de pornos (il faudrait évidemment nuancer) n’est ainsi rien d’autre que celui du péché originel.
Le porno se pensait l’apogée de la libération des mœurs : enfin le plaisir sexuel peut-il être filmé et la femme jouir sans entraves ! En fait, il n’est qu’une version sécularisée de la genèse, en ce qu’il met en scène un plaisir coupable dont il rejette la responsabilité sur Ève pendant qu’Adam fuit la sienne, sous le regard d’un spectateur en position de Dieu jugeur, qui inconsciemment sanglote d’éprouver tant de plaisir à regarder, avec sa main posée là où l’on devine.
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[1] L’accent circonflexe fait toute la différence entre le piscare et le peccare, que l’on confond parfois trop hasardeusement en raison de leur homophonie en langue française.
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20 novembre 2011 à 1:00 Andreas[Citer] [Répondre]
La conclusion de ton article est, à mon sens, totalement absurde : il n’y a pas de culpabilité du plaisir masculin ou de relecture du péché originel dans la pornographie. La nature de ton analyse filmique conduit à ces différents contre-sens.
A ce titre, tu commences par dire des choses on ne peut plus vraies. En gros, tu fais l’étude de l’économie du montage et du cadrage dans les films pornos. Ce qui te permet d’évoquer le corps morcelé, quasiment nié, de l’homme et le corps de la « salope », entièrement placé sous le signe de la jouissance. C’est précisément ce constat qui te permet de dérouler ta critique de la pornographie.
Or, ton argumentation part d’une analyse incomplète : à aucun moment l’expérience ou la participation active du spectateur masculin ne sont mentionnées. Si le spectateur prend plaisir aux images pornographiques c’est qu’il se masturbe tout en s’identifiant à l’acteur entrain de copuler. Sans le morcellement du corps de l’acteur, cette identification ne saurait fonctionner. L’amateur de pornographie doit avoir l’impression que son sexe trouve son prolongement à l’écran. Par ailleurs, la « salope » est un personnage tout à fait indiqué pour le branleur : elle est consentante et en extase face aux prouesses fantasmées de son corps. Ce ne sont que des représentations extérieures à la pornographie (religieuses, morales, esthétiques) qui font de la « salope » une personne coupable. Sinon, elle est simplement un personnage idéal pour le branleur.
Il en résulte que les problèmes de la pornographie sont très différents de ceux que tu décris. Par le jeu de l’identification avec l’acteur, le spectateur sera peut-être amené au désir d’une imitation : il veut avoir ce gros sexe, ce corps imberbe et musclé qui, manifestement, excitent la « salope » au plus haut point. Production donc d’un désir extrêmement codifié, à savoir celui d’un corps idéal pour le plaisir féminin. D’autre part, la « salope » est une actrice. Elle peut mimer le plaisir dans n’importe quel genre de situation, même des situations imaginaires. Résultat : l’industrie du porno peut inventer des désirs féminins tout à fait artificiels (la fameuse « éjaculation faciale » est peut-être à ranger dans une catégorie) mais qui vont, peu à peu, se « naturaliser ». Car, si l’on reste dans le cadre théorique d’un désir mimétique, le spectateur masculin sera amené à être stimulé par ces nouveaux désirs de « salopes » – et la femme devra, progressivement, se montrer réceptive et excitée par les fantasmes naissants de son partenaire. D’où un second problème relatif au porno : la production de désirs orientant les pratiques et la représentation de la sexualité. C’est à ces différents niveaux que l’autonomie des désirs masculins et féminins est sérieusement mise à mal par la pornographie.
20 novembre 2011 à 2:11 Andreas[Citer] [Répondre]
erratum : non pas « à ranger dans une catégorie » mais « à ranger dans cette catégorie ».
20 novembre 2011 à 11:41 Luccio[Citer] [Répondre]
Je pense aussi qu’il faut davantage prendre en compte le regard du spectateur (ah ah, on dirait un commentaire de bulletin scolaire).
Un bon morbleu qui, grâce à ce rebond d’Andreas, devient un excellent morbleu, du blog qui s’amuse à conceptualiser.
21 novembre 2011 à 11:26 Gnouros[Citer] [Répondre]
Effectivement, j’élude peut-être trop rapidement la question du rapport spectateur/acteur et de l’identification, pour faire simplement une analyse que je nommerais « narrative » ou « structurelle » − je ne sais pas si ces termes sont adaptés. Quoi qu’il en soit, je pense que cette analyse est tout de même légitime, à condition qu’on la précise un peu mieux.
Tout d’abord, remarquons que « porno » se dit en plusieurs sens. À l’évidence, le porno est un genre prolifique, et tous les films ne fonctionnent certainement pas sur le même modèle. La mise en scène du corps masculin morcelé qui n’est qu’une bite, et du corps féminin qui n’est que jouissance, est avant tout propre à un certain genre qui se nomme de lui-même le « Point of view pornography », où il s’agit, comme tu le dis, de « se mettre à la place de », un peu de la même manière que les jeux vidéo FPS type Call of Duty font se mettre à la place du tireur.
Or, il est un type de porno où la femme-salope est présentée, d’une part, comme une (h)ardente et insatiable demandeuse de sexe, mais qui, d’autre part, est condamnée pour ce même fait. D’une part, donc, il y a plaisir et désir sexuel, mais d’autre part, ce même plaisir et désir est désapprouvé par la mise en scène et les descriptions accompagnant la marchandise. L’hédonisme de la femme n’est donc pas libre de s’accomplir, mais est au contraire montré du doigt : il est un hédonisme délictueux qui ne devrait pas être. Une telle femme est justement une « salope », et celle qui ne l’est pas ne se livre pas à ce genre de choses : idéalement, sur ces implicites, la femme doit demeurer vierge, telle Marie.
Pendant ce temps, toute référence quant au désir de l’homme est effacée : cela est patent dans les descriptions qui jamais ne l’évoquent. L’homme est pur, et sa prestation sexuelle n’est jamais qu’une réponse à la demande de la femme-salope, dont la perversion crée l’offre : sans demande féminine, pas d’érection masculine pour ce scénario. Ce type de porno pose comme implicite que le désir et le plaisir sexuel sont coupables, et que l’homme ne s’y livre que du fait de la seule initiative de la femme, qui doit même être punie par ce même acte sexuel qu’elle demande : « Tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive » (Matthieu, XXVI, 52), et celles qui prennent la bite périront par celle-ci.
D’où une analogie avec une certaine lecture des événements antédiluviens. Je pense que ce niveau d’analyse reste valide pour un certain type de porno. Mais effectivement, c’est au prix de la mise entre parenthèse d’une analyse que tu as fait parfaitement, et qui investirait le fonctionnement du porno dans ces rapports avec le spectateur.
21 novembre 2011 à 15:18 Andreas[Citer] [Répondre]
C’est vraiment rare que je sois tellement en désaccord avec ton argumentation. Je pense qu’il faut préciser :
1) Qu’une analyse « structurelle » ou « narrative » d’un film ne fait aucun sens. Au cinéma, le simple fait du montage mobilise déjà la participation psychologique et l’expérience du spectateur. C’est ce qu’a démontré Koulechov (ses expériences sur le montage sont assez bien décrites dans la page wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lev_Koulechov)). D’une manière différente, il en est évidemment ainsi de la vue subjective, fréquemment utilisée dans la pornographie.
2) A ce titre tu parles d’un sous-genre précis et relativement récent : le « Point of view » (P.O.V). Or, il n’est pas besoin de pousser la mise en scène jusqu’à une telle extrémité pour que l’identification s’opère. Même dans un porno franchouillard classique (voir la filmographie de Yannick Perrin, Christian Lavil ou autres), le corps masculin est morcelé à l’opposé du corps « jouisseur » de la « salope ».
3) Par ailleurs, ce terme de « salope » me dérange un peu. Je suis persuadé que ce qualificatif est vraiment extérieur à la pornographie. L’expérience en témoigne : pour de nombreux hommes (et de nombreuses femmes) la « salope » est surtout celle qui s’habille vulgairement et « allume » les mecs en boîte de nuit. Autrement dit, la « salope » appartient surtout aux codes esthétiques et moraux (affligeants) de la vie quotidienne.
4) La culpabilité est ainsi un concept extérieur que l’on projette fréquemment sur la pornographie. Je ne comprends pas très bien comment on peut déduire la culpabilité de la femme de la structure ou de la narration des films pornos. En premier lieu, si la femme est demandeuse de sexe, je ne vois pas le problème. Pourquoi serait-elle coupable ? De toute façon, il faut bien que quelqu’un prenne l’initiative. La position passive de la femme serait-elle plus glorieuse ? Par ailleurs, tu parles de « narration ». Or, tu sembles oublier un scénario qui est désormais devenu un lieu-commun de la pornographie : l’entretient d’embauche où la future secrétaire sera obligée de donner de sa personne. Dans ce cas, c’est l’homme qui prend l’initiative. Et les deux partenaires copulent, de toute façon, dans un climat de corruption généralisé. C’est à peu près le même scénario lorsque le médecin pervers invite une jeune demoiselle dans son cabinet ou lorsque le mécanicien bouscule la bourgeoise un peu prude. En tout cas, les contre-exemples ne sont vraiment pas en manque…
21 novembre 2011 à 16:41 Ma'[Citer] [Répondre]
Je m’appelle Marie mais je donne malgré tout mon avis.
Ce qui est drôle, c’est que je suis à la fois d’accord avec les auteurs du billet, et avec leurs contradicteurs.
Clairement il y a quelque chose qui tient de la recréation du péché originel, pourquoi ? parce que comme le dit si bien Baudrillard dans l’érotisme, sans ce sentiment de pêcher, de frauder, de dépasser la limite, il n’y a nulle jouissance possible (c’est pourquoi d’ailleurs les hommes fantasment en général plus sur des filles « classes » genre le fameux type de la secrétaire ou de la bourgeoise à dépraver, que sur les « salopes » comme vous dîtes).
Néanmoins, là où je ne suis pas d’accord avec les auteurs du billet, et plutôt du côté d’Andreas, c’est qu’il n’est nullement question du plaisir réel de la femme, ou alors c’est une femme clairement masochiste (et non une salope qui se rassasie). Souvent en effet la mise en scène est celle d’une domination violente de l’homme sur la femme, qui a trait au fantasme du viol (là encore, on est dans le domaine de la transgression des interdits). Pourquoi pas des salopes ? parce que si souvent elles acceptent, ce ne sont jamais elles qui choisissent. L’instrumentalisation est telle, justement, que la femme entière est prise pour un jouet, des cheveux aux pieds, alors que l’homme lui reste intact : il n’est qu’une bite, son image ne se trouve pas dégradée.
Ce qui me gêne dans tout cela, c’est moins ce que cela peut représenter d’un pdv intellectuel ou culturel (remise en scène du péché originel etc.), que l’image du sexe qui est véhiculée et qui emplit notre société et finit par entraîner un mécanisme tel chez ceertains, persuadés qu’il faut agir comme dans les pornos, qu’ils ne savent même plus faire l’amour, juste fantasmer sur des vidéos visionnées qui donnent à voir les fantasmes les plus primaires, et qui tue le désir tel qu’il est : une insatiable faim qui se nourrit d’elle-même et de nouvelles faims, comme dirait Lévinas, tant le schéma de ces films reste similaire, unilatéral, et surtout … mécanique.
Mais vous me direz certainement que ce n’est que le point de vue d’une « Marie », haha.
21 novembre 2011 à 17:59 Andreas[Citer] [Répondre]
Chère Marie,
Ma réponse va te paraître triviale : visiblement, comme beaucoup d’intellectuels, tu parles de quelque chose que tu ne connais pas. Je te cite :
« C’est pourquoi d’ailleurs les hommes fantasment en général plus sur des filles « classes » genre le fameux type de la secrétaire ou de la bourgeoise à dépraver, que sur les « salopes » comme vous dîtes »
Certes, la bourgeoise et la secrétaire peuvent être des clichés pornos. De là à parler de filles classes (même avec les guillemets), c’est autre chose. J’ignore si la fermière blonde aux gros nibards ou la fille en bikini qui lave une voiture « tunnig » peuvent être qualifiées de classe. Enfin, mes critères esthétiques sont peut être trop subjectifs… Et puis, la « transgression » (tu parles de Baudrillard mais on pourrait également citer Georges Bataille ou même Freud) ne s’opère pas que sur l’arrière plan d’une lutte des classes. On transgresse surtout des normes – exemples pornographiques de la bisexualité et de la copulation dans des lieux incongrus. Par ailleurs, contrairement à Oscar, je n’utilise absolument pas le concept de « salope » qui, comme je l’ai indiqué, appartient surtout à des jugements de valeur esthétiques et moraux extérieurs à la pornographie. Mais, venons-en à ta seconde remarque :
« Souvent en effet la mise en scène est celle d’une domination violente de l’homme sur la femme, qui a trait au fantasme du viol (là encore, on est dans le domaine de la transgression des interdits). »
Je te l’accorde : ça existe. Néanmoins, la plupart des films pornos français de ces dernières années ont un esprit très bon enfant. Ces productions possèdent surtout un ton humoristique (ce sont souvent des parodies de films populaires) et, à l’occasion, les scénaristes se moquent ouvertement de ces « gros dégueulasses » qui ne respectent pas les femmes. Bref, nous sommes vraiment très loin du Marquis de Sade. La « transgression » dont tu parles demeure très douce.
Alors, c’est bien gentil d’évoquer Levinas à la fin mais il faut également s’intéresser au matériel empirique. Mais c’est peut-être beaucoup trop bas pour toi. Auquel cas, ton point de vue ne serait effectivement que celui d’une « Marie ».
21 novembre 2011 à 18:01 Andreas[Citer] [Répondre]
HA HA
21 novembre 2011 à 18:07 Andreas[Citer] [Répondre]
P.S : cela étant, j’apprécie la dimension comique de ta phrase : »alors que l’homme lui reste intact : il n’est qu’une bite, son image ne se trouve pas dégradée. ». Chapeau l’artiste!
21 novembre 2011 à 18:10 Andreas[Citer] [Répondre]
A l’attention d’Oscar : Sandra me dit aussi dans l’oreillette qu’il est un peu normal de mettre l’accent sur le plaisir féminin dans les pornos. L’homme éjacule alors que le plaisir féminin est un peu plus du domaine de l’invisible. Logique, non?
22 novembre 2011 à 0:23 Ma'[Citer] [Répondre]
Ma phrase sur l’homme qui reste intact n’était pas comique : ne voyant pas son visage, son image de ce fait ne peut se trouver dégradée puisqu’il n’est pas visualisé en tant que personne. Ensuite, j’avoue que je suis très peu sujette aux pornos, je ne sais pas si cela vient de mon prénom, ou si je préfère vivre les choses en réalité, ou peut-être suis-je une vierge effarouchée si cela t’arrange.
Je constate que tu n’as pas compris ma réponse ; je dois bien mal m’exprimer et j’en suis désolée.
Néanmoins ayant fait une partie de mes études de recherche sur le corps, l’obscénité et le désir, j’ai dû un peu réfléchir sur le sujet et je ne pense pas être si décalée de la réalité.
Enfin, pour avoir connu quelqu’un adepte à ce genre de choses, je crois néanmoins savoir de quoi je parle. Il ne sait rien du désir féminin, du désir tout court, et de ce que c’est que faire l’amour : à force de regarder des pornos, il fait simplement l’acteur porno. Il y a aussi la dimension d’une drogue là-dedans, une banalisation qui n’a pas lieu d’être, mais bon, je suis sûrement trop éthérée pour comprendre de quoi vous voulez parler 😉 Ou alors on n’est pas tombé sur les mêmes pornos, simplement…
Après, tout est question de goût.
22 novembre 2011 à 16:40 Andreas[Citer] [Répondre]
Ma’,
J’admets que mon commentaire sur ta phrase de l’homme qui reste intact n’était pas très fair play. Il suffit de légèrement modifier la formulation pour constater mon erreur : « alors que la femme elle reste intacte : elle n’est qu’une chatte, son image ne se trouve pas dégradée. » Quand je lis cette phrase, je me dis que c’est vraiment dommage que Simone de Beauvoir ne soit plus de ce monde pour constater les immenses progrès du féminisme.
Tu es donc « peu sujette aux pornos » – ce qui, visiblement, ne t’empêche pas d’en parler. Etant donné que je ne suis pas psychanalyste, je préfère ne pas spéculer sur ta vie intime. C’est plutôt ton argumentation qui m’intéresse :
« Néanmoins ayant fait une partie de mes études de recherche sur le corps, l’obscénité et le désir, j’ai dû un peu réfléchir sur le sujet et je ne pense pas être si décalée de la réalité. »
Gall a travaillé durant des années sur le cerveau humain. A présent, tous les neurologues considèrent qu’il était « à côté de la plaque ». Mais, soyons honnêtes, il y a des contre-exemples : les recherches de Joseph Mengele sont une référence pour tout étudiant en médecine qui se respecte ! En tout cas, je ne suis qu’un banal caissier. Ce qui ne m’empêche pas de souligner que l’auteur de l’Erotisme n’est pas Baudrillard mais Georges Bataille. Le concept de « transgression » développé dans l’ouvrage sert, par ailleurs, à décrire des contextes historiques marqués par une distinction très nette du profane et du sacré. L’utilisation de cette notion n’était certainement pas nécessaire dans ton commentaire, d’autant plus que tu parles avant tout de rapports de domination. Mais je constate volontiers que nous n’appartenons pas au même milieu. « L’homme lui reste intact : il n’est qu’une bite » : mes notions d’anatomie du CE2 m’indiquent qu’il s’agit d’une violente abstraction du corps masculin. Or, c’est faux car, dans les hautes sphères intellectuelles, cette phrase possède manifestement un sens et une cohérence qui m’échappent. Et puis la philosophe a également ses arguments empiriques :
« Enfin, pour avoir connu quelqu’un adepte à ce genre de choses, je crois néanmoins savoir de quoi je parle. Il ne sait rien du désir féminin, du désir tout court, et de ce que c’est que faire l’amour : à force de regarder des pornos, il fait simplement l’acteur porno. »
C’est curieux parce que ça m’évoque un épisode de mon enfance. A l’époque, je consignais mes réflexions dans un petit cahier. Je te cite le passage en question : « Cher Journal. J’ai peur. Maman et Papa ne veulent pas me croire mais je sais que mon ami Emeric se prend pour Batman. Il martyrise les clowns qui sont tous, selon lui, les hommes de main du Joker. Et lorsque la lune apparaît, il croit voir le signal de Gotham City. » Quoiqu’il en soit, je prends note de la méthode scientifique « façon Ma’ » : restreindre l’étude d’un phénomène de grande ampleur à une seule de ses expériences privées. Mais venons-en à mon passage préféré, la conclusion de ton texte :
« Il y a aussi la dimension d’une drogue là-dedans, une banalisation qui n’a pas lieu d’être, mais bon, je suis sûrement trop éthérée pour comprendre de quoi vous voulez parler Ou alors on n’est pas tombé sur les mêmes pornos, simplement…
Après, tout est question de goût. »
Alors j’applaudis, juste au passage, l’art du sarcasme. On le dit trop rarement : Oscar Wilde, grand maître en la matière, ponctuait régulièrement ses aphorismes de smileys (parfois même, il ne se privait pas d’un petit « Et toc ! »). La fin de ton texte parle visiblement d’addiction. Or, étant donné que tu es une grande spécialiste du corps, je ne t’apprends certainement rien en affirmant qu’il s’agit d’une notion très problématique dans les domaines de la neurologie et de la psychiatrie. Mais si tu connais une étude empirique de grande ampleur sur l’addiction à la pornographie, n’hésite pas à me faire signe. En second lieu, la question n’est pas du tout de savoir si nous regardons les mêmes pornos. Si je ne m’abuse, nous sommes entrain de parler de l’article d’Oscar qui, à aucun moment, n’évoque des scènes de viol. Dans le cas contraire, je pense que l’auteur aurait eu la décence de remplacer « salope » par « victime ». Et, connaissant le sérieux d’Oscar, je suis certain qu’il aurait davantage précisé son objet d’étude s’il s’agissait d’analyser des films « gonzo » ou des snuff movies. Je reste donc dans le sujet initial en évoquant les films pornos « soft » qui réalisent la plus grande audience (c’est d’ailleurs uniquement dans ce cadre qu’il existe une sorte de « star system »).
En résumé : argumentation faiblarde basée sur une méconnaissance de l’objet étudié, un épisode de ta vie privée et des références philosophiques inutiles. Le mot « Ethérée » me convient donc parfaitement! Mais rassure-toi : c’est justement pour toutes ces raisons que les universités françaises te réserveront un bel avenir. J’en suis certain.
Gros bisous,
Dédé
23 novembre 2011 à 1:06 Ma'[Citer] [Répondre]
Ta façon si désobligeante de me répondre me fait doublement penser au porno : 1/ même traitement de la fille qu’on prend pour un chien et qu’on dénigre, 2/ de la masturbation intellectuelle.
Sublime mise en abîme, chapeau bas.
Ne change surtout pas 😉
23 novembre 2011 à 15:15 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Allons, allons, restons calmes et courtois, chers amis.
Je pense qu’une grande partie du désaccord est de mon tort. Il provient du fait que l’objet dont je parle n’est pas suffisamment bien défini. Je fais dans le texte comme si je parlais du porno d’une façon générale, alors que je sais pertinemment que je ne parle que d’un petit sous-genre, voire uniquement de quelques exemples trouvés et soigneusement sélectionnés pour les besoins de mon propos. Généralisation abusive et malhonnête. Induction fallacieuse indigne d’un lecteur de Popper tel que moi. Honte. Mea culpa.
Pour clarifier, je voudrais à nouveau préciser la démarche qui a conduit à ce post. C’est en premier lieu le constat des descriptions de films que l’on trouve sur Internet pour présenter les vidéos, qui, il me semble, présentent parmi celles que j’ai sélectionnées un même schéma de la femme avide de sexe, qui fait succomber l’homme qui n’avait presque rien demandé, et qui ensuite devient comme punisseur de la femme. Voilà pour ça. Je ne dis pas que tous les pornos fonctionnent ainsi, même si je laissais implicitement la possibilité de le penser d’une façon rhétorique, afin de grossir artificiellement la portée du propos. Mais Andreas, qui visiblement est connaisseur, a tout de suite pu débusquer la supercherie. Restreignons donc la portée du propos à seulement un certain type de porno bien particulier.
Ensuite, une remarque sur la question du film. Mon analyse partait des descriptions accompagnant les films, et elle aurait tout à fait pu, et peut-être même dû, s’en arrêter là. Sans même voir le contenu des films décrits par ces phrases pourtant alléchantes, je pense que l’analyse proposée par le post reste en effet valide. Et c’est pourquoi je maintiens que ce niveau d’analyse est légitime, puisqu’il nous enseigne tout de même quelque chose, sans même qu’il y ait peut-être besoin de voir le film.
Surtout, si je me souviens bien du matériel étudié, il s’agissait de vidéos américaines du type gonzo pour la plupart. Les descriptions rédigées le sont par quelqu’un de bien étranger à la conception du film, et qui s’occupe donc simplement de trouver la meilleure formulation possible afin d’attirer du clic sur la vidéo de la part du public francophone fréquentant le site Internet. Ce serait alors moins une étude sur le porno en tant que tel, que sur la lecture de ces films par l’auteur de ces descriptions : peut-être est-ce simplement lui qui est hanté par le péché (en supposant la lecture correcte) ? peut-être est-ce le marketing qui a prouvé qu’il fallait ce type de description pour augmenter les clics (et qu’il y aurait donc quand même une pareille attente chez le public) ? C’est à voir.
Et, enfin, si l’on ose sortir de la description textuelle pour la confronter au film qu’elle prétend narrer, on se rend tout de même compte qu’elle constitue au moins l’une des interprétations possibles, et que son rédacteur était tout de même fondé à décrire les choses ainsi.
23 novembre 2011 à 20:01 Andreas[Citer] [Répondre]
Oscar,
Dans ce cas-là, il me semble que ton argumentation tient la route ! Il faut admettre que c’est toujours un peu la difficulté de ce type d’exercice : contrairement au western ou au film noir, la pornographie, de par son contenu hétérogène, ne saurait s’étudier comme un genre cinématographique à part entière.
23 novembre 2011 à 22:22 Gay[Citer] [Répondre]
Je n’aurais jamais pensé que le porno (peu importe sa forme) puisse autant créer de controverse. Moi qui justement pensais qu’il était fédérateur.
Pour réagir à tout cela, les critiques plus ou moins personnelles faites précédemment sont toutes assez cohérentes selon moi.
Je ne souhaite pas faire une réponse de normand mais quand on à aucune ou quasi aucune formation philosophique tout argumentaire parait correcte.
Enfin passons, moi je retiendrais un point cité par Andreas et celui qui me parait le plus important, c’est-à-dire l’influence que le porno a, ou semble avoir, sur notre vie privée et nos pratiques sexuelles.
En effet aujourd’hui certaines pratiques se banalisent. Pire l’homme parfois s’offusque du refus de sa partenaire face à certaine pratique.
Prenons comme exemple la fellation. L’histoire nous permet d’affirmer que l’homme en recherche de plaisir a (fait) pratiqué(er) la fellation vers 500 av JC (http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Erotic_scenes_Louvre_G13_n2.jpg)
Dans quel conditions est-ce apparu? Y a t’il eu une forme de pornographie qui s’est étendu au reste de la population?
Même si par la suite les religions ont restreint la sexualité à sa forme primaire de reproduction.
Aujourd’hui sous un prétexte de liberté sexuelle on propose (impose) une nouvelle sexualité repoussant sans cesse les limites.
Qui en profite réellement?
Je veux bien croire qu’il existe des femmes avides de plaisir sexuel sous toutes ses formes, ne refusant aucune pratique même extrême et qui jouissent de procurer autant de plaisir à leur partenaire.
Mais je crois qu’elle ne sont pas légion. Et qu’en est-il de l’inverse, l’homme au service de ces dames?
Je pose beaucoup de question et apporte peu de réponse j’en suis bien conscient, mais je suis curieux aussi de voir jusqu’où l’industrie du porno va nous mener…
Bref c’est là aussi qu’un point de vue, mais je rejoins luccio c’est un excellent morbleu!
1 décembre 2011 à 23:15 julien[Citer] [Répondre]
Yo tous (et salut plus particulièrement à Luccio et Oscar),
je suis d’accord avec ta mise au point en com’ Oscar. Ton analyse marche bien pour les textes, mais pour ce qui est de l’article en lui-même et de sa pertinence quant à ce qui se passe sur l’écran je reste réservé, la faute au « matériel empirique ». Sortons donc le matos : l’émergence du « creampie » (plan gynécologique à la fin des scènes où on voit le résultat d’un coitus pas interruptus) et, moins récemment, de l’éjaculation faciale. A première vue, ça parait bien cadrer avec ton analyse, faut montrer que la femme est « salie », qu’elle est très heureuse « c’te salope » d’avoir accès à du collyre bio et éco-responsable etc. Mais ça pourrait aussi être le signe justement qu’il n’y a pas d’autre moyen de montrer le plaisir masculin ,ou du moins « plus », parce qu’avant les acteurs aller au charbon en poussant des cris qui faisaient peur au plus féroce des ours… Une association de branleurs et de victimes (une assoc’ quoi…) a dû depuis faire passer une pétition pour arrêter ça, grâce leur soit rendue. Pour le cas des éjaculations faciales, on peut y voir le contrepoint exact de ta thèse. Si c’est typiquement symbolique des rapports de domination dans le sexe, en revanche c’est une scène où il y a peu de plaisir féminin manifesté (bon ça dépend très certainement des actrices mais je pense qu’une étude statistique me donnerait raison). La scène est là pour montrer :
1- le plaisir masculin
2- la jouissance qu’éprouve la femme à se faire jouir dessus (mais pour montrer ça il faut qu’elle ait contemplée longuement l’idée de salope, et certaines ont le malheur de faire du porno tout en étant non platoniciennes).
Il me semble en plus que ce genre de scène se voient dans la grande majorité des pornos et que l’argument du fourmillement des sous-genres marche pas terrible ici.
Enfin une petite suggestion avant de partir : y’aurait moyen de faire une petite review/interview sur le dernier bouquin de Triclot ? Y’a quelques interviews qui trainent sur le net mais qui ne peuvent bien entendu pas rentrer dans le détail des thèses, du coup ça pourrait être marrant d’avoir une vraie interview philosophique avec réponse de l’auteur. Je compte le lire incessamment sous peu, si ça te botte fais-moi signe.
A+
6 décembre 2011 à 18:33 Gnouros[Citer] [Répondre]
julien, bien d’accord avec ton analyse : creampies et éjaculations faciales ont pour fonction principale de montrer ultimement la jouissance masculine. Dans Le nouveau désordre amoureux, Finkielkraut et Bruckner (très bon livre, paru en 1979) font une lecture semblable du film porno, où ils notent judicieusement que celui-ci s’achève toujours lorsque l’homme s’achève, affichant par là très clairement le signe d’une dynamique totalisante, voire totalitaire : le plaisir féminin se réduit au plaisir masculin, lequel se réduit aux sensations de sa seule verge, lesquelles se ramènent ultimement à l’érection, puis à l’éjaculation. D’après eux, le schème narratif de tout porno (de ceux des années 70) se ramène à l’histoire de la physiologie de l’éjaculation.
À la réflexion, sous le poids des objections, je suis de moins en moins convaincu par mon analyse. En définitive, comme je l’ai dit, elle ne vaut certainement que pour les descriptions textuelles vendant la marchandise. Ce qui pose tout de même une question : pourquoi un tel décalage entre la description et ce qui est décrit ? Le film devrait plutôt être présenté par des phrases du type : « Regardez comment Nick Lepieux prend son pied dans cette scène où son gourdin est tellement dur qu’il pourrait enfoncer des clous avec ou même percer du béton ! Il jouit tellement que son sexe se transforme en un véritable Kärcher, et il repeint tout son matelas avec ! Il pousse de véritables cris, et prend tellement de plaisir qu’il ferme les yeux pour mieux savourer… ». Mais en fait, de telles descriptions sont plutôt rares, laissant la place à celles suscitées.
Sinon, pour le livre de Triclot, je confirme que c’est un très bon texte, qui ne déçoit pas les attentes créées. Il me reste encore un ou deux chapitres, mais pourquoi pas en effet en discuter ! En passant, le texte est disponible en intégralité ici : http://www.editions-zones.fr/spip.php?id_article=135&page=lyberplayer