Une difficulté du commerce équitable
Nous ne discuterons pas ici de la question de la pertinence tant économique que éthique ou politique du commerce équitable mais d’une difficulté tenant à sa réalisation pratique. Prenons le cas d’un paréo vendu en Europe qui serait labellisé « équitable ». Le vendeur nous explique, nous assure et nous rassure que le fabriquant sud-américain fut justement rétribué pour cet ouvrage, non pas en raison d’un rapport de force entre la faible demande et la forte offre pour ce produit, mais bien en raison du salaire minimum, « raisonnable » en vigueur dans le pays de production.
Sans aucun doute est-il possible de s’assurer de ce fait. En revanche, la difficulté s’accroit si l’on cherche à obtenir un produit équitable d’une plus grande pureté. Entendons : il se peut très bien que le producteur de paréo n’utilise pas quant à lui de produit équitable. Peut-être utilise-t-il des machines, de l’outillage d’origine chinoise qui n’est pas équitable. Peut-être utilise-t-il du fil, du tissu d’origine africaine qui n’est pas équitable. Peut-être que les emballages plastiques d’origine indienne utilisés ne sont pas équitables. Peut-être que le transporteur qui achemine les paréos jusqu’à l’aéroport ne travaille pas de manière équitable. Peut-être utilise-t-il même un camion qui n’est pas équitable et dont chaque pièce n’a pas été produite équitablement. Peut-être a-t-il mangé des légumes qui ne sont pas cultivés équitablement.
En somme, sitôt que l’on cherche à s’assurer de l’entière « équitabilité » du procès de production, on entre dans une régression à l’infini au sujet de laquelle il faudra bien prendre parti. Les étiquetages Max Havelaar et autres labels équitables feraient bien d’indiquer : « équitable à 83% » ou « a été fabriqué dans un réseau social pouvant contenir des traces d’iniquité ».
Pour approfondir, ce produit disponible chez un libraire de proximité, éthique, responsable, durable et équitable : |
28 novembre 2008 à 13:25 Luccio[Citer] [Répondre]
Ah ben c’est fichu d’avance, puis comme c’est pas du tout en train de se développer, autant tout laisser tomber tout de suite.
29 novembre 2008 à 16:21 A ton avis?[Citer] [Répondre]
pfffff and then?
la prochaine étape est donc de convaincre le producteur de privilégier à son tour des outillages et matières premières « équitables »…
Cet article est en donc un vibrant appel à la généralisation du commerce équitable… parcequ’après tout, la seule limite de ce système évoquée ici est son application trop limitée encore
(Je veux dire ici à la direction de la publication qu’elle envoie sur les rotatives des articles trop inaboutis)…
des critiques sommaires voire simplistes lancées à la cantonade, un coude sur le zinc…
Internet marque-t-il le retour de l’écrit ou une accélération de la dégradation de l’écrit, comme si toute pensée était digne d’être calligraphiée?)
2 décembre 2008 à 16:45 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Ce post affichait clairement son ambition modeste : UNE (parmi d’autres) difficulté du commerce équitable y est analysée d’un point de vue purement conceptuel. Il est bien indiqué qu’il n’est nullement question de la pertinence ou légitimité du commerce équitable mais simplement de CETTE difficulté tenant à la nature même de la division du travail, fondement de toutes les économies et sociétés humaines.
Je ne pense pas qu’il soit inutile de souligner cette difficulté qui n’est pas futile ou inexistante. Que l’on insiste dessus semble précisément vous agacer, preuve, s’il en fallait, de sa consistance réelle.
Que l’on puisse en conclure que la conséquence nécessaire doit être la généralisation de ce type de commerce, de le mondialiser, est une déduction dont je laisse le lecteur libre. C’est une lecture possible mais certainement pas la seule. Je le répète : l’ambition était modeste, et je ne suis pas encore en mesure de proposer une théorie capable de surmonter cette tension.
Si un bienveillant lecteur le souhaite, il est tout à fait invité à nous proposer ses solutions. Cet espace de discussion est là pour cela.
13 août 2009 à 18:51 Gabriel[Citer] [Répondre]
Ce post est certes bref mais très pertinent. Il introduit des questionnements qui les sont tout autant. « Cet article est en donc un vibrant appel à la généralisation du commerce équitable »: effectivement, et prenons le comme tel.
L’ensemble de la chaîne économique dans laquelle intervient le « commerçant équitable » ne l’est pas nécessairement elle-même. Si c’était le cas nous vivrions dans un monde juste (peut-être)…
En substance l’auteur nous dit que le commerce équitable c’est bien, mais perfectible. Soit. Que l’équité commerciale se développe et s’étende.