Max HavelaarNous ne discuterons pas ici de la question de la pertinence tant économique que éthique ou politique du commerce équitable mais d’une difficulté tenant à sa réalisation pratique. Prenons le cas d’un paréo vendu en Europe qui serait labellisé « équitable ». Le vendeur nous explique, nous assure et nous rassure que le fabriquant sud-américain fut justement rétribué pour cet ouvrage, non pas en raison d’un rapport de force entre la faible demande et la forte offre pour ce produit, mais bien en raison du salaire minimum, « raisonnable » en vigueur dans le pays de production.

Sans aucun doute est-il possible de s’assurer de ce fait. En revanche, la difficulté s’accroit si l’on cherche à obtenir un produit équitable d’une plus grande pureté. Entendons : il se peut très bien que le producteur de paréo n’utilise pas quant à lui de produit équitable. Peut-être utilise-t-il des machines, de l’outillage d’origine chinoise qui n’est pas équitable. Peut-être utilise-t-il du fil, du tissu d’origine africaine qui n’est pas équitable. Peut-être que les emballages plastiques d’origine indienne utilisés ne sont pas équitables. Peut-être que le transporteur qui achemine les paréos jusqu’à l’aéroport ne travaille pas de manière équitable. Peut-être utilise-t-il même un camion qui n’est pas équitable et dont chaque pièce n’a pas été produite équitablement. Peut-être a-t-il mangé des légumes qui ne sont pas cultivés équitablement.

En somme, sitôt que l’on cherche à s’assurer de l’entière « équitabilité » du procès de production, on entre dans une régression à l’infini au sujet de laquelle il faudra bien prendre parti. Les étiquetages Max Havelaar et autres labels équitables feraient bien d’indiquer : « équitable à 83% » ou « a été fabriqué dans un réseau social pouvant contenir des traces d’iniquité ».

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