TCLC’est maintenant devenu une sorte de tradition, à Lyon. Chaque année, les TCL font grève. C’est comme le sapin à l’approche de Noël : on le ressort (même si les grèves des TCL ont parfois lieu plusieurs fois par an). Et ce n’est pas parce que l’on a un mauvais bulletin que l’on a pas le droit aux cadeaux …
Le bulletin, le voici (source Lyon Figaro du vendredi 21 novembre 2002). C’est alarmant :

  • Le déficit d’exploitation a atteint 50% en 7 ans ce qui représente maintenant 151,8 millions d’€
  • La dette atteint 1,280 milliard d’€
  • Productivité en baisse de 19%

En même temps, il faut savoir que le nombre de conducteurs a augmenté de 23%. C’est incroyable, surtout lorsque l’on sait que les masses salariales représentent 65% des charges. Même notre maire Gerard Collomb le reconnaît : « La baisse de productivité est ahurissante, cela ne peut aller très loin ». Et ne parlons pas de Bernard Rivalta, président du Sytral, l’organisation gestionnaire du service, qui « vois[t] mal comment on pourra s’en sortir dans le prochain mandat ».
Et oui, la situation est vraiment catastrophique. Une entreprise privée aurait déjà déposé le bilan depuis des lustres.
Mais on plonge encore plus loin dans la dramaturgie lorsque l’on regarde le financement des TCL. Sur le budget de 123 millions d’€, 107 sont financés directement par la COURLY, donc directement par nos impôts. Tant pis pour ceux qui ne prennent jamais le bus, il faut payer quand même.
Alors quelle solution pour trouver des financements ? Les TCL pourraient tirer profit de leur position de monopole pour augmenter encore le prix du ticket, qui est déjà l’un des plus chers de France (et sûrement même d’Europe), rappelons-le. Mais cela n’aura qu’un seul effet : augmenter la fraude qui est en constante augmentation et atteint maintenant 20% des voyageurs.
Des licenciements ? Ne rêvons pas… Bien que nous aurions pu penser que la mise en place du système Tecely pour 45 millions d’€ permettrait de réduire les effectifs des contrôleurs, on constate que celui-ci a stagné (et peut-être même augmenté ?). Pour information, le système Tecely consiste à donner un badge à chaque titulaire d’un abonnement TCL à la place de son traditionnel titre. L’abonné est maintenant obligé de badger à chaque montée dans le bus-métro-tram, supprimant l’avantage de l’abonnement qui était de ne pas avoir à réaliser cette opération. Et même si vous avez payé votre abonnement, mais que vous ne pointez pas, vous êtes en infraction et passible d’une amende de 5€. Problématique quand on sait que 1 borne de « badgage » sur 4 ne fonctionne pas. Au passage, ce système permet aussi de savoir, en plus des multiples cameras se trouvant dans les véhicules, où vous êtes dans Lyon. « Big Brother is watching you ». Mais ce n’est pas le sujet.
Bref. La seule solution pour renflouer les TCL serait donc de soutirer un peu plus à ceux qui ne prennent pas le bus, c’est-à-dire aux contribuables. Allez! Augmentons les impôts! À Villeurbanne, on a un autre record en plus de celui du prix du ticket, c’est celui de la plus grosse augmentation des impôts locaux de France : 17%!

Mais bon, ce n’est pas une raison pour ne pas faire grève. Motif officiel des syndicats trotskistes cette année : l’insécurité grandissante pour les chauffeurs de nos TCL. D’un coté les troskistes accusent Sarkozy de faire trop de répression, de l’autre ils aimeraient bien ne pas se faire agresser durant leur travail.
Non, le motif réel est toujours le même : la conservation et l’augmentation des avantages, ou plutôt devrais-je dire, des privilèges.
Diable! Moi qui pensais que ceux-ci avait été abolis en 1789! Les TCL sont en fait une machine à remonter 200 ans en arrière.
Mais trêve de plaisanterie, il est grand temps de faire le point. Voici les chiffres parus dans Lyon Mag n°103 en mai 2001. Un chauffeur, c’est :

  • Nombre de jours de travail par an : 220
  • Congés payés par an : 11 semaines dont 6 de récupération
  • Salaire mensuel d’un conducteur : avec 13ième mois (brut)
  • A l’embauche : 11 512 F
  • Salaire moyen : 14 000 F
  • Primes : 10% du salaire pour les dimanches, les samedis, les nuits.
  • Intéressement aux résultats : 900 F pour l’année 2000.
  • Avantages : TCL gratuit pour le couple et 50% de réduction aux enfants.

Si vous êtes intéressé, sachez que les TCL recrutent toujours (surtout ne pas baisser les effectifs), on peut postuler en ligne sur le site http://www.tcl.fr/. Je suis persuadé que des millions de nos chômeurs seraient prêts à devenir chauffeur, même avec 5 semaines de congés, et 6.83€ de l’heure, bref, à des conditions normales.

À l’heure où le projet de la ligne de l’Est est en étude (une extension du Tramway jusqu’à l’aéroport Saint Exupery), la légitimité d’un tel système se pose plus que jamais.
Les TCL ne peuvent plus profiter, comme tout les autres services publiques français, de leur situation de monopole et faire ce que bon leur semble. En faisant la grève, ces syndicats soit-disant social empêchent des gens d’aller travailler. Des gens payés au SMIC, qui ne peuvent pas se payer une voiture et qui sont obligés de prendre les transports en commun. Ils empêchent des étudiants d’aller étudier (22 jours l’an dernier à l’approche des examens) et compromettent leurs chances de réussites. Ils narguent toutes les personnes qui travaillent durement en exhibant leur privilèges et en en réclamant d’autres! Ils élargissent le fossé entre public et privé, divisant ainsi la France et favorisant la montée des extrémismes de toutes sortes.
Il est grand temps de libéraliser les transports en commun. De faire place à la concurrence. De briser ce monopole, monopole inévitable pour 50% d’entre nous.

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