Louis XIV On peut considérer qu’il faille remonter à une cause première des pouvoirs. Comme tout pouvoir dépend d’un autre pouvoir, l’être ou le non-être de tous ces pouvoirs dépendra en grande partie du premier pouvoir, de cette première cause des pouvoirs. Ce pouvoir est le plus puissant, puisqu’il a à lui seul le pouvoir de néantiser toute une série de pouvoirs. Remarquons que cette cause première n’est pas a priori la même pour tous les pouvoirs. On peut très bien concevoir autant de causes premières de pouvoirs qu’il y a de pouvoirs. Qu’une cause soit cause de plusieurs enchaînements de pouvoir est possible, mais reste contingent.

Le premier à avoir vu ce problème de la causalité, et à avoir trouver la nécessité de l’arrêter fut Aristote. Il ne se plaçait pas comme nous sur le plan de l’enchaînement des pouvoirs, mais sur celui du premier moteur imprimant l’élan du monde du Devenir. Il fallait nécessairement un moteur immobile pour que cela puisse être concevable. Ce premier moteur était Dieu, et cette démonstration constitue la preuve (ou argument pour parler comme Kant) cosmologique de l’existence de Dieu. De même, on peut dire qu’il faut une cause première du pouvoir qui soit sa propre cause, ou dans un autre langage, qui ne soit soumise à aucun pouvoir. Pour le pouvoir politique par exemple, on plaça pendant longtemps Dieu à l’extrémité. Ainsi, le Roi tirait son pouvoir du fait que c’était Dieu qui le lui avait donné. Puis, le Roi donnait certains pouvoirs à d’autres, qui eux-même faisaient naître d’autres enchaînement de pouvoirs. Le plus grand actionnaire de pouvoir était donc Dieu, ou plutôt le Roi, puisque c’est lui qui se trouvait être la première manifestation sensible du pouvoir. De lui dépendait l’existence de bon nombre de pouvoirs, même si tous les pouvoirs ne dépendaient pas nécessairement de cette cause première.

Cela dit, cette recherche du premier possesseur est fragile. D’une part, pour reprendre l’exemple du pouvoir politique, depuis les Lumières, il repose sur une autre base que le divin. Cela prouve que déterminer cette cause première n’est pas aisée, puisqu’on peut l’attribuer tantôt à une chose, tantôt à une autre : cela n’est pas réellement probant. De plus, si l’on admet que l’on ait vraiment trouvé la cause première, cela n’implique absolument pas que ce soit plus à cette cause qu’à une autre qu’il faudrait attribuer le pouvoir. En effet, la cause première est capable de décider de l’être ou du non-être du pouvoir. Mais elle n’est pas la seule à pouvoir décider de faire exister ou non un pouvoir. Dieu, par l’intermédiaire du Roi, a certes un pouvoir sur le peuple, mais si le peuple ne reconnaît pas le pouvoir du Roi, Dieu n’a plus aucun pouvoir. On ne peut donc pas dire que le pouvoir qu’a le Roi appartient plus à Dieu qu’au peuple. Le peuple autant que Dieu participent au pouvoir qu’à le Roi.

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