Max HardcoreLe producteur, acteur et réalisateur de films pornographiques Paul F. Little a été condamné à 48 mois de prison le mois dernier par la justice américaine. L’information fut peu relayée par les médias français alors trop affairés aux élections présidentielles. Pourtant, cette condamnation crée un lourd précédent pour « l’industrie », comme on la désigne usuellement.

Plus connu sous le nom de Max Hardcore, Little était nationalement, voire internationalement connu auprès du public intéressé pour ses pratiques particulièrement extrêmes et violentes au regard desquelles Rocco Siffredi continuerait de paraître l’enfant de cœur qu’il fut jadis. La presque centaine de ses films gravitait autour d’une structure presque à chaque fois identique.

Toujours seul homme à se mettre en scène, vêtu d’un costume type safari, Little, né en 1956, paraissait pouvoir être le père, voire le grand père de ses partenaires qui, bien que toutes majeures, étaient grimées pour paraître n’être qu’adolescentes. Celles-ci, maquillées maladroitement, portant parfois des appareils dentaires, se présentaient dans des costumes d’écolières et croyaient naïvement le stratagème usuel de « Max » leur promettant argent et célébrité. S’en suivait quelques dizaines de minutes où Little enchaînait des actes dépassant les canons habituels du genre pour lesquels la sodomie et l’éjaculation faciale représentaient alors généralement l’acmé. Le fist- et foot-fucking , l’urophilie et autres pratiques dépassant les imaginations même les plus libérées furent les gammes sur lesquelles composait Little, avec comme point d’orgue le vomissement répétitif pendant la fellation.

Ce qui officiellement gêna dans ces productions, c’est qu’elles tentaient de faire passer pour mineures des actrices qui ne l’étaient pas, et, en somme, de simuler la pédophilie. Little fut déjà poursuivi à ce propos en 1998 pour une scène où une actrice majeure affirmait en fait n’avoir que 12 ans. Mais le jury d’alors n’avait pu s’accorder sur sa culpabilité et il repartit libre en 2002, criant à la sortie du tribunal que « c’était un gaspillage d’argent public » – la Cour Suprême plaçant, qui plus est, la pornographie sous le couvert du Premier Amendement défendant la liberté d’expression.

Cependant, en 2005, sous la pression des lobbies conservateurs auxquels elle dut sa réélection, l’administration Bush créa la Obscenity Prosecution Task Force (OPTF) chargée d’enquêter et de poursuivre le cas échéant les producteurs et distributeurs d’œuvres pornographiques jugées obscènes selon les critères définis par la Cour Suprême des États-Unis.

Il s’agit essentiellement du test de Miller datant de 1973, établissant l’obscénité d’une chose si et seulement si :

  • Une personne moyenne avec les préjugés de son temps trouve l’œuvre, prise comme un tout, « prurient », c’est-à-dire lubrique, maladive, morbide, disgracieuse.
  • L’œuvre, dans une intention patente d’offenser, met en scène des conduites sexuelles ou scatologiques (« excretory functions »).
  • Est absent de l’œuvre toute prétention littéraire, artistique, politique ou scientifique

C’est pour avoir été jugé coupable sur ces trois points que Little fut condamné. Sous couvert de protection de l’enfance et de lutte contre la pédophilie, c’est donc bien, officieusement, la réhabilitation du délit d’obscénité contre lequel des auteurs comme D.H. Lawrence s’étaient déjà battus, qui, dans le cas Little, est le but latent, ouvrant ainsi encore plus la porte néoconservatrice d’une définition politique de la normalité et d’une mise en dehors de la société de ceux que la bienséance juge déviants.

Le diable de Pornoland maintenant déchu, il est à prévoir que désormais la censure n’avancera plus masquée derrières ces précautions d’usage. Il y a quelques mois déjà, Ira Isaacs fut attaqué par l’OPTF cette fois-ci au seul motif de scatologie et bestialité. Demain, chacun sera sommé de cacher ce sein que l’Amérique ne saurait voir.

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