D’aucuns en doutaient, mais Alain Finkielkraut a bien un cœur. De ses yeux, des larmes peuvent même jaillir, lorsque l’émotion est justifiée. Il n’est pas cet homme froid et rationnel que l’on aurait pu penser. En cet homme, il y a de l’homme.

Je me souviens très bien de cette rencontre qui a changé ma vie. C’était en juillet 1974. J’avais passé, deux ans avant, l’agrégation de Lettres Modernes. Je lisais déjà de la philosophie avec une déférence craintive (qui ne m’a toujours pas quitté) mais sans avoir été jamais ému aux larmes par aucun philosophe. J’étais donc dans une librairie du boulevard Saint-Michel à Paris, cherchant sans très bien savoir ce que je cherchais, misant sur une apparition pour décider de ma lecture de vacances. Tout d’un coup, mon regard a été arrêté par un beau et fort volume bleu nuit : Totalité et infini d’Emmanuel Lévinas. Je n’avais jamais étudié cet auteur alors confidentiel mais je connaissais l’existence des Lectures talmudiques. J’ai donc sorti Totalité et infini de son étagère, je l’ai feuilleté et j’ai vu qu’il était question du visage. Fasciné par cette épiphanie charnelle dans un discours spéculatif, j’ai acheté l’ouvrage et je l’ai lu, en trois jours, le cœur battant.

Alain Finkielkraut (avec Peter Sloterdijk), Les battements du monde, p. 25.

Kant fut tiré de son sommeil dogmatique par Hume, et interdit de promenade par Rousseau. Finkielkraut découvrit quant à lui grâce à Lévinas sa vocation philosophique. Merci Manu.

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