Avant d’être président des États-Unis, Woodrow Wilson fut avant tout un professeur d’histoire spécialisé dans l’étude du droit politique et de la constitution américaine. L’ouvrage qu’il nous signe ici fut publié bien avant le destin qu’il devait avoir. Cet ouvrage n’est pas a proprement parler un livre d’histoire, du moins dans le sens scientifique. En effet, Wilson ne cite presque jamais ses sources, ne donnent pas beaucoup d’informations sur les dates, etc. C’est avant tout une biographie visant à faire pénétrer au lecteur le caractère exceptionnel de ce grand homme d’Etat que fut George Washington. L’ouvrage est préfacé par Charles Cestre, professeur à la Sorbonne, et est annoté par Georges Roth. Wilson structura son essai en 10 chapitres, dont voici ici une synthèse des 5 premiers.

  1. La Virginie au temps de Washington
  2. Éducation et jeunesse de Washington (1732 – 1753)
  3. Le colonel Washington (1754 – 1758)
  4. À Mont-Vernon (1759 – 1763)
  5. La mêlée politique (1761 – septembre 1774)

George Washington Le père de George Washington ne lésina pas sur les moyens à employer pour donner à son fils la meilleure éducation possible. Augustin Washington mourut le 12 avril 1743 à 49 ans et laissa son fils George alors âgé d’une douzaine d’années. Son père s’était marié deux fois, et son héritage fut partagé entre les deux enfants de son premier lit et entre les sept enfants de son deuxième lit, dont George était le premier. Le fils aîné, Lawrence, eut le gros de la fortune, au second, Augustin, revint la plupart des fertiles domaines du Westmoreland. Le jeune George fut confié à la tutelle de sa mère qui partagea le reste des biens avec ses quatre frères. Si Lawrence et Augustin partirent finir leurs études en Angleterre, George dut se contenter de l’instruction élémentaire que les magistères virginiens pouvaient lui prodiguer. Il alla à l’école jusqu’à l’age de seize ans et c’est à l’automne 1747 qu’il partit rejoindre son frère Lawrence qui nourrissait une grande affection pour lui, à Mont-Vernon. Il fréquenta également là-bas Lord Fairfax qui lui apprit maintes choses que le commun des virginiens ignoraient : « la scrupuleuse distinction d’un homme respectable et bien né ; l’utilité des livres pour qui s’occupe d’affaires ; la façon de rendre la force bienfaisante, et la richesse généreuse. (…) On prenait (…) une teinture du Vieux Monde. (p. 42). ».

Lorsque Faifax était en quête d’un arpenteur pour élargir ses terres, la personne de George Washington fut naturellement toute trouvée. Il sut faire ses preuves en quatre semaines. « En mars 1748, il franchit les montagnes (…) pour gagner les régions désertes où il devait opérer. Il revint moins d’un mois plus tard, muni de cartes et de tracés délimitant les terres que possédait son protecteur. (…) Lord Fairfax n’en demandait pas d’avantage. (p. 43). ». Il continua ce pénible labeur 3 années durant. Preuves étant ainsi données de sa compétence, Lord Fairfax fit rapidement une très bonne réputation à George Washington, et ce dernier put rapidement devenir fonctionnaire du Gouvernement de Sa Majesté Britannique. À temps perdu, il étudiait la tactique militaire, l’histoire de l’Angleterre, s’entraînait au sabre.

Mais un jour, son frère, Lawrence Washington, tomba gravement malade. George se sentit obligé de rester à son chevet. Il s’éteint alors durant l’été 1752 à Mont-Vernon, après avoir tenté maints remèdes pour éliminer le mal dont il était atteint. George hérita ainsi de la propriété de Mont-Vernon. Il dut donc « assurer la discipline et l’équipement de la milice de onze comtés, aider sa mère à gérer ses domaines agrandis, et assumer en toutes circonstances les devoirs et responsabilités d’un homme mûri aux affaires. Or, il n’avait que vingts ans à peine. (p. 45). ».

Parallèlement à ceci, tout indiquait que la Virginie risquait de sortir de « la paix perpétuelle » (p. 46) dans laquelle elle se trouvait plongée comme l’indiquait Beverley. Ainsi, les Français continuaient de pénétrer vers l’Ouest et le gouvernement anglais voulait renforcer son contrôle sur les colonies. Le territoire français comprenait alors 80 000 Français et les colonies anglaises étaient peuplées de près d’un million de colons. Bien que Versailles semblait se désintéresser quelque peu du Nouveau Monde, le marquis Duquesne, gouverneur de la province du Saint-Laurent, décida au printemps 1753 d’envoyer 1500 hommes construire un port à Presque-Isle, pour pouvoir ensuite envoyer des bateaux dans l’Ohio ou dans l’Alleghany. Peu après, « c’était une armée de 6 000 hommes qui se rendait sur l’Ohio pour faire déguerpir les Anglais. (p. 48). ».

Dinwiddie, gouverneur de la Virginie, fut vigilant par rapport à ces manoeuvres n’augurant rien de bon pour les colonies. Hamilton, le gouverneur de la Pennsylvanie, était lui aussi très vigilant. Si les quakers peuplant cette dernière région se refusaient à voter l’envoi de militaires, Dinwiddie fut plus prompt à réagir. D’abord il agit, puis après seulement il consulta l’assemblée. Londres l’autorisa à établir des forts sur l’Ohio si la Chambre des Bourgeois se montrait consentante vis-à-vis des crédits nécessaires. Pendant ce temps, le gouverneur devait enjoindre les Français à partir, « à se retirer à l’amiable (p. 49). ». En cet hiver, la communication était difficile en raison des conditions climatiques. Pourtant, le messager était tout trouvé, et ce fut George Washington, jeune officier de 21 ans.

L’ordre de mission et la lettre destinée au commandant français lui furent remis le 31 octobre 1753. Ils n’atteignirent en revanche leur objectif que le 11 décembre de la même année, après avoir traversé « plus de 250 lieues de forêt, (…) franchi des fleuves débordés, sous une chute quasi incessante de pluie ou de neige, sans même trouver (…) un sentier d’Indiens (p. 50). ».

Mais soixante miles avant leur arrivée à Fort LeBoeuf, le quartier général des français, ils s’étaient déjà préparés à la réponse que leur ferait les français. Ils savaient que l’inertie du système « bureaucratique » anglais entraînait une certaine lenteur dans les décisions, devenant ainsi incapables de faire échouer une entreprise française.

Alertée du refus français, la troupe menée par Washington revint alors et elle atteignit Williamsburg (capitale de la Viriginie) le 16 janvier 1754. La réputation de Washington se retrouva raffermie des suites de cette « aventure ».

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