Des contes de fées
Quand une jeune fille nous dit aujourd’hui qu’elle croit aux contes de fées, il faut entendre que celle-ci est une jeune fille de la plèbe, du commun, de la populace, ou que sais-je encore, et que celle-ci s’attend un jour à ce que le prince charmant vienne et l’élève à un statut social supérieur, royal.
Or, est-ce bien cela qui se passe dans les contes de Grimm ? Que non. Toutes les jeunes filles charmées par les princes charmants y sont en effet élevées à un statut social supérieur. Mais ce que l’on a oublié, c’est que celles-ci étaient déjà à ce statut avant. Elles étaient filles de roi ou de l’aristocratie, de la grande noblesse (il me semble que seule Cendrillon-Aschenputtel n’est pas issue d’une lignée royale) et subissent un grave revers qui les fait endosser le rôle de la plèbe de manière temporelle.
Le prince charmant ne crée rien, il vient simplement rééquilibrer la situation. Il vient redonner à la princesse ce qu’elle avait perdu. Il n’y a donc pas de promotion sociale en tant que telle et nos jeunes filles d’aujourd’hui se fourvoient quand elles s’identifient à ces personnages. Le conte de fée tel que la gente féminine – et parfois masculine – se représente n’a jamais existé, ou du moins, il n’a jamais existé chez les frères Grimm : il faudrait voir ce que vaut cette analyse chez leurs homologues européens.
Pour approfondir, ce produit disponible chez un libraire de proximité, éthique, responsable, durable et équitable : |
3 mars 2009 à 15:25 Luccio[Citer] [Répondre]
Et on oublie Perrault ?
D’après Wikipedia, il prit la défense des Modernes et de leur droit aux génie, face aux Anciens (ceux de l’Antiquité, pas cex qui géraient le rap).
Mais surtout, dans Les Fées et dans le Chat Botté, y’a du gens du peuple qui devient princesse ou prince. Nous pourrions aussi parler de l’ascension sociale du Petit Poucet, véritable Kirikou des temps passés (à cela près qu’il ne couche pas avec l’ogre).
Après il faudrait plus se renseigner sur Perrault et ses oeuvresavant d’en faire un pourfendeur des normes morales (et faire attention par exemple à Les Souhaits ridicules, qu’en ce qui me concerne, je n’ai pas lu).
Mais pour en revenir au principal, ce n’est pas parce qu’on peut s’amuser à lire en allemand des contes pour enfants qu’il faut oublier les contes écrits en français que moi je lis depuis que je suis enfant.
ps: a priori, si un Italien était dans le coin, il nous parlerait de Giambattista Basile
3 mars 2009 à 19:44 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Cette analyse se limitait au recueil des frères Grimm présenté à la fin de cette page. Il est possible que chez Perrault, ce soit différent, d’où l’appel à « voir ce que vaut cette analyse chez leurs homologues européens. »
Cependant, si les frères Grimm se sont intéressés aux contes, c’est précisément pour y chercher des invariants. L’heure était celle des études indo-européennes (on disait évidement indo-germaniques) qui tendaient à chercher les racines de l’Europe. On cherchait les similarités dans les langues ; les Grimm les ont cherché dans les contes.
La théorie généralement admise était que les contes enseignaient une morale aux enfants en utilisant les peurs et les rêves – un peu comme la Bible, le Coran, l’Illiade, les Travaux et les Jours, et autres charlataneries de ce genre, quoi.
Ainsi, dire que Peyrault ne dit pas la même chose que Grimm reviendrait à dire qu’il n’y aurait pas une morale commune sous-jacente à ces contes. Deux hypothèses : soit l’arrière-fond culturel de ces deux nations est différent et a élu une morale différente ; soit les rapporteurs des contes (Grimm, Peyraud) ont pris leurs libertés en les retranscrivant en y émoussant ce qu’ils pensaient condamnable (il ne me semble pas que les Grimm se soient livrés à ce genre de choses). D’autres théories ?
3 mars 2009 à 20:00 Luccio[Citer] [Répondre]
Première théorie, c’est Charles PERRAULT.
Seconde théorie, Perrault a pu s’amuser à faire ce qu’il voulait des contes. Dirait-on que Lafontaine ne fut que le transcripteur de l’arrière fond greco-gaullois déjà présent chez Esope ou lui accordera-t-on un peu de crédit ?
Pkoi émousser du condamnable quand on peut simplement s’amuser.
Peut-être arrive-t-il à Oscar Gnouros d’écrire trop clairement et d’oublier le plaisir de l’ambigüité.
7 mars 2009 à 12:51 Oscar Gnouros[Citer] [Répondre]
Il est vrai qu’il y a une chose que je ne m’explique pas quant à tout ça, c’est pourquoi j’ai utilisé trois orthographes différentes pour Perrault. S’il y a une ambiguïté, elle se cache peut-être ici.