Articles pour la catégorie : 'Doxographies'

Une sociologie foucaldienne est-elle possible ?

Choses dites, choses vues, Doxographies 4 commentaires »

Michel FoucaultLa vie intellectuelle lyonnaise – il y en a une – est très foucaldienne ces derniers temps. Après la faculté de philosophie de Lyon III qui a consacré une curieuse journée d’étude dont nous aurons à reparler intitulée « Du Gestell (M. Heidegger) au dispositif (M. Foucault) » destinée à montrer les convergences entre les travaux des deux philosophes, la Bibliothèque de la Part Dieu accueille en ses murs une exposition baptisée « Archives de l’infamie » autour du texte de Foucault « La vie des hommes infâmes », dont Deleuze jugeait que c’était l’un de ses écrits les plus aboutis.

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Les Socrate de Montaigne

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SocrateAinsi, il y a dans les Essais non pas un, mais des Socrate. Est-on alors condamnés à envisager le socratisme de Montaigne comme un concept vague et mal formé, sans cesse changeant ? Socrate est-il héraclitéen ? Ou est-il au contraire possible de discerner dans le texte montaignien des figures socratiques bien marquées et définies ? Pour le dire avec le vocabulaire wébérien, est-il possible de dessiner des « idéal-types » des Socrate qui jouent dans les Essais ? Il serait alors possible de définir le socratisme de Montaigne comme à la croisée de toutes ces figures.
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Introduction. Socrate et Montaigne, philosophes aux mille visages

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MontaigneIl devient banal de souligner la multiplicité de Montaigne. Il n’y a en effet pas un, mais une infinité de Montaigne dans les Essais. Un passe-temps favori de l’auteur est de s’émerveiller dès qu’il le peut de cette différence, de souligner qu’il est comme un flux héraclitéen qui sans cesse change. « Distinguo est le plus universel membre de ma logique » nous dit-il, maxime qu’il s’efforce d’appliquer à chaque sujet, trouvant, dans ce qui semble a priori le plus simple et le plus convenu, la complexité la plus inattendue. De son dessein de se peindre « tout entier et tout nu », il en ressort le tableau d’un homme qui est différent à chaque page, car à chaque fois envisagé selon un autre point de vue. Montaigne use en effet souvent de ce verbe « peindre ». Comme le remarque Philippe Desan [1], il est un inventeur de l’impressionnisme avant l’heure, se plaisant à ne donner du réel que ce que sa conscience en remarque sur l’instant, pouvant dresser ainsi des images presque opposées d’un même objet à quelques moments d’intervalle, tout comme Monet rendait vingt toiles de la cathédrale de Rouen en une seule journée. Ainsi les commentateurs se perdent-ils dans les chemins ouverts par Montaigne : certains le disent athée, d’autres fidéiste ; certains le dépeignent hédoniste, d’autres ascète ; certains le catapultent réformateur, voire révolutionnaire, d’autres conservateur.

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Fichte, Sur le concept de la Doctrine de la Science ou de ce que l’on appelle philosophie

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Johann Gottlieb FichteFichte, qui se qualifie lui-même d’admirateur de Kant, a toutefois pour ambition de dépasser certaines antinomies du kantisme. La Critique de la raison pure laissa en effet à l’état d’aporie trois problèmes fondamentaux : la question du fondement, l’exigence de systématicité, et le statut de la chose en soi. La lecture de la Critique de la faculté de juger laissa penser à Fichte qu’il pourrait y avoir une voie permettant de réconcilier, notamment, raison théorique et raison pratique, mais il jugea que Kant n’avait fait qu’effleurer cette solution dans cet écrit. Tout le travail de la Doctrine de la Science consistera à montrer en quoi il peut y avoir unité, totalisation absolue du savoir. L’extrait ici étudié cherchera à répondre aux questions suivantes, posées par Fichte lui-même : « Dans quelle mesure la Doctrine de la Science peut-elle être certaine d’avoir épuisé le savoir humain en général ? Quelle est la limite qui sépare la Doctrine générale de la Science et la science particulière qui est fondée par elle ? Comment la Doctrine générale de la Science se rapporte-t-elle en particulier à la logique ? Comment la Doctrine de la Science se rapporte-t-elle, en tant que science, à son objet ? » Lire la suite »

Rions un peu avec Kant

Doxographies, Modes d'emploi 3 commentaires »

Groucho MarxKant, ou tout du moins son œuvre, a la réputation d’être austère. Son refus de tout style ampoulé pour son aride philosophie se fonde sur le motif que Lire la suite »

L’université postmoderne

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Jean-Francois LyotardEn ces temps où l’université française se plaît à manifester presque quotidiennement, il m’est apparu comme un devoir de faire connaître au monde, à commencer par l’élite du lectorat de Morbleu !, ce texte de Jean-François Lyotard tiré de La condition postmoderne, ouvrage paru en 1979. C’est un peu long, mais nécessaire. 1979, 2009 : 30 ans. Autodécrétons ce Lundi de Pâques journée mondiale de commémoration de Lyotard.
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Alexis de Tocqueville, Sur le paupérisme

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Alexis de TocquevilleLa réflexion qu’Alexis de Tocqueville conduit dans Sur le paupérisme est pertinente à plus d’un titre. Notamment, elle constitue une réflexion prémarxiste puisque exposée en 1835 dans les Mémoires de la Société Académique de Cherbourg. Son texte et ses hypothèses font ainsi l’économie de la grille de lecture marxiste qui allait influencer si profondément toute réflexion postérieure sur la question, de la même manière qu’après Freud, il ne sera plus possible de parler de sexualité sans se référer aux schèmes de la psychanalyse.

Tocqueville consacra à cette question du paupérisme deux mémoires, dont seul le premier fut publié de son vivant, le second étant demeuré inachevé. Le premier s’attachait à cerner les causes du paupérisme ; le second en cherchait des remèdes. Peut-être ce deuxième point soulevait-il plus de difficultés ?
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Dans le Toi vers Dieu

Doxographies, Sexus Empiricus 7 commentaires »

Martin HeideggerL’état de fait a été brisé par le fait d’origine – non pas de manière telle qu’une irruption du fait d’origine eût jamais été possible au sein de l’état de fait dominant. L’état de fait a été pour ainsi dire contourné quasiment comme s’il n’existait pas et l’ipséité rencontrée de manière élémentaire par le biais d’un chemin originaire nouveau. Le « Toi » de ton âme aimante m’a rencontré.

L’expérience de cette rencontre a été le commencement de l’irruption de mon ipséité la plus propre. Le fait de t’appartenir, à « toi », de manière immédiate, sans pont aucun, m’a mis en possession de moi-même.

Être nouveau, vivant, et ancien état de fait ont, dans un premier temps cherché à se compenser, la strate de l’état de fait, qui pesait de toute sa pesanteur propre, ne pouvait être mise d’un coup à l’écart. Des influences cachées de son type singulier continuaient à proliférer, et ce n’est que lentement que ses morceaux réduits en miettes en tombaient. – À ce moment-là l’expérience fondamentale du « Toi » est devenue une totalité dont les flots traversaient l’être-là… L’expérience fondamentale d’un amour vivant et d’une confiance véritable a conduit mon Être à se déployer et à croître. Elle a eu un effet créateur au sens que les types de comportement du travail intérieur, qui ne souhaitaient rien d’autre au départ que retourner vers le fait d’origine spirituel – ont fait irruption en partant de l’origine.

Heidegger, « Ma chère petite âme », Lettres à sa femme Elfride (1915-1970), Seuil, p. 406-407.

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Noam Chomsky, La capacité cognitive

Doxographies, Sciences & techniques 8 commentaires »

Noam ChomskyChomsky souhaite « construire une théorie de la nature humaine » à partir du modèle théorique de la linguistique. Ceci est justifié par la conviction qu’a Chomsky qu’il existe « des principes abstraits qui gouvernent sa structure et son emploi [du langage]. Ces principes sont universels selon une nécessité biologique et pas simplement par accident historique. » En somme, l’évolution de l’espèce contribua à fixer dans « l’essence » de l’homme une grammaire universelle que l’on aurait tort de considérer comme n’étant que la résultante bienvenue de l’évolution historique et culturelle des civilisations. Que l’on considère le langage comme un « miroir de l’esprit » justifie pleinement l’étude de celui-ci comme propédeutique à l’étude de la cognition.

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Heidegger, Être et Temps, « La tâche d’une désobstruction de l’histoire de l’ontologie »

Doxographies 17 commentaires »

Martin HeideggerToute investigation qui prétend en être une doit préalablement reconnaître la condition historiale du Dasein signifiant qu’il est avant tout « aventure ». Le Dasein est son passé, non pas en tant qu’il en est une réactualisation, mais dans le sens où celui-ci détermine sa présentéité. L’historialité du Dasein fait que celui-ci est comme aspiré par l’avenir.

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